Sciences humaines & sociales
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Le penseur des prochains jours : Raymond Aron, ce que nous lui devons
Alexis Lacroix
- Les Presses de la Cité
- La Cite
- 18 Janvier 2024
- 9782258207790
Cet essai brillant fait ressortir l'actualité brûlante de Raymond Aron à un moment historique où, pour bien des Français, les repères se brouillent : la clairvoyance, la modération et le courage sont plus que jamais nécessaires. L'engagement d'Aron tout au long d'une vie bouleversée par les tempêtes politiques du siècle - son opposition résolue au nazisme, sa condamnation du communisme, sa critique de la colonisation de l'Algérie et sa nourrissante analyse de l'antisémitisme et d'Israël - sert ici de guide. Sa réflexion nous prémunit contre les écueils de la pensée politique (historicisme, " politique de puissance ", ultralibéralisme) ; elle a valeur, aussi, d'avertissement contre les compromissions passées et présentes des intellectuels, particulièrement éreintés quand ils cèdent à la tentation du conformisme.
Alexis Lacroix, dont le parcours intellectuel doit tant à Raymond Aron, invite à sortir des lectures trop souvent partielles de l'oeuvre du célèbre sociologue pour apprécier son approche interdisciplinaire qui se révèle féconde et, au bon sens du terme,
holistique. -
Le 24 juin 1922, il y a cent ans, le ministre libéral et pacifiste Walter Rathenau était assassiné par un groupuscule d'extrême droite. Son meurtre, en pleine rue, dans Berlin, annonçait l'ascension future et inexorable de la révolution conservatrice et de Hitler.
Dix années terribles vont alors s'écouler. Dix années de malheur et de renoncement, pendant lesquelles la République démocratique de Weimar devra faire face à des attaques sans précédent de la part des extrémistes ; des attaques qui vont d'ailleurs grandissant, et qui restent impunies. Dix années encore au cours desquelles, malgré la clairvoyance de quelques-uns, la masse des Allemands préfère rejeter la liberté, mépriser l'État de droit, et appelle de ses voeux la dictature.
Alexis Lacroix nous raconte cette montée des périls et cette marche à l'abîme. En convoquant le regard des philosophes et des écrivains de l'époque, de Thomas Mann à Raymond Aron en passant par Stefan Zweig ou encore Joseph Roth, il nous montre comment s'est opéré le grand basculement de la civilisation européenne et son effondrement dans la barbarie. -
Etat ou société civile ? République ou Empire ? Le progrès par le social ou par le droit ? Les droits de l'Homme ou la loi des Etats ? « Nature est un doux guide » ou « Devenir maître et possesseur de la nature » ? Les querelles françaises les plus actuelles sont aussi les plus anciennes, et elles n'ont pas fini d'animer notre opinion publique. En répondant aux interrogations sans concession du journaliste Alexis Lacroix, la philosophe Blandine Kriegel, faisant retour sur son propre parcours, tâche d'éclairer la généalogie de ces querelles et de clarifier ses principales réponses. Au début des temps modernes, émerge dans la construction de l'Etat souverain, l'idée de République. Pourtant, malgré ses triomphes déjà anciens, la République connaît plusieurs dérives impériales et semble incertaine de sa durée et de ses concepts. N'existe-t-il pas « un reste impérial » au coeur de la souveraineté ? Comment interpréter les conflits de l'histoire du droit qui rappochent ou écartent la République moderne du droit ancien ? Comment expliquer que le droit soit devenu le parent pauvre du social, alors que la recherche de la justice est une grande cause nationale, sinon par un approfondissement des conflits philosophiques qui séparent les deux grandes voies de la modernité dans leur rapport à la Révolution ? Les idées peuvent avoir un droit de suite en politique. Blandine Kriegel les associe librement à l'histoire récente, en montrant comment sa génération s'est efforcée, dans l'immédiate après-guerre, jusqu'en 1968, de procéder à ses risques et périls, à une nouvelle invention de la liberté.
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Cent vingt ans après qu'elle a éclaté et divisé la France, l'affaire Dreyfus a encore beaucoup à nous apprendre.
De 1898 à 2018, les leçons de l'histoire n'ont pas été tirées. Alors que le camp des ennemis de Dreyfus est paresseusement réduit à celui des nostalgiques de l'ordre ancien et d'une France révolue, beaucoup passent à côté de l'essentiel : l'inquiétante modernité des idées dont se sont réclamés les antidreyfusards, Édouard Drumont et Charles Maurras en tête.
La portée et l'influence de leurs positions ont en effet marqué durablement notre vie politique et idéologique?: une judéophobie viscérale, l'antiélitisme et une défiance envers le cosmopolitisme.
Bien sûr, la mobilisation de Zola avec son célèbre « J'accuse... ! », l'engagement de Clemenceau, directeur de L'Aurore, et la détermination de tous les dreyfusards, ont permis, in extremis, de réhabiliter le capitaine. Mais cette « gigantesque répétition générale du XXe siècle » a signé la naissance d'un monstre français : l'antisémitisme populiste, foudroyant le partage entre gauche et droite. Un monstre dont Alexis Lacroix pointe la prospérité, les mutations et les résurgences, jusqu'aux fièvres actuelles de l'islamo-gauchisme.