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Emile Poulat
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Notre laïcité ou les religions dans l'espace public
Emile Poulat, Olivier Bobineau, Bernadette Sauvaget
- Desclée de Brouwer
- 2 Octobre 2014
- 9782220066332
Quiconque s'intéresse à l'actualité peut faire ce simple constat : la laïcité ne cesse de défrayer la chronique.
En mars 2013, une crèche privée pouvait-elle licencier une salariée en raison de son refus d'enlever son voile au travail ? L'affaire « Baby Loup » est lancée. Le 8 avril, lors de l'installation d'un Observatoire de la laïcité présidé par Jean-Louis Bianco, François Hollande lui-même demande à cette nouvelle structure de formuler des propositions relatives à « la question de la définition et de l'encadrement de la laïcité ». A la rentrée scolaire suivante, la Charte de la laïcité à l'École élaborée à l'intention des personnels, des élèves et de l'ensemble de la communauté éducative est présentée par le ministre de l'éducation nationale. Elle fait débat durant quelques jours pour tomber ensuite' dans l'oubli.
Oubli ? Loin de là. Janvier 2014, dans le cadre des enseignements en maternelle de « la » théorie du gender ' mise au singulier par ses détracteurs pour la dénaturer ', des parents sur fond de convictions religieuses et effrayés par des rumeurs diffusées sur la toile retirent leurs enfants de l'école. Le ministre répond en arguant « l'obligation scolaire »' Mais pourquoi donc la laïcité fait-elle toujours débat ? Quels en sont précisément les principes ? Connaît-on vraiment ses origines ? Pourquoi est-ce l'islam et l'école, parfois les deux conjugués, qui déclenchent si souvent la polémique ? Mais finalement, peut-on définir la laïcité ?
Qui mieux qu'Emile Poulat pouvait donner de meilleures réponses à ces questions, qui ne finiront pas de nous tarauder tant que nous ne prendrons pas le temps de s'y arrêter ?
Dans cet ouvrage de maturité, le savant s'intéresse aux conflits entre culture religieuse et culture moderne dans l'histoire de la France contemporaine. A ce titre, la laïcité y joue le premier rôle. Sociologue, historien et juriste, il nous répond en refusant l'enfermement des catégories grâce à sa curiosité interdisciplinaire et en dehors des modes de l'instant. Il sait au fil des entretiens nous faire partager les fruits de son considérable et incessant travail, attestant d'une sagacité intemporelle sur' la laïcité.
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Scruter la loi de 1905 ; la République française et la religion
Emile Poulat, Maurice Gelbrard
- Fayard
- Les Quarante Piliers
- 17 Mars 2010
- 9782213654607
Lorsqu'on évoque la loi de 1905, les idées qui lui sont immédiatement associés affluent : c'est la loi de la laïcité, c'est la loi qui interdit à la République de financer la religion et de s'immiscer dans les questions religieuses. Or les choses sont bien plus compliquées. D'ailleurs, cette fameuse loi dont tout le monde parle, invoquée par les uns et par les autres, qui l'a lue ? Et ceux qui l'ont lue, à quel texte, si souvent modifié, se réfèrent-ils ? En réalité, nul n'était plus capable de dire quel était l'état présent de la loi.Depuis plusieurs décennies, je scrute la loi promulguée le 9 décembre 1905, dite loi de séparation des Églises et de l'État. Avec cette étude fondée sur l'abondante documentation réunie avec mon ami Maurice Gelbard, instituteur retraité, j'entraine le lecteur dans une analyse littérale des textes, à travers le dédale de la cinquantaine de modifications réalisées au fil du siècle. Il en ressort une certitude : cette loi que nous mythifions a non seulement institué un nouveau régime fait de grands principes et de particularités (songeons à l'outre-mer), mais aussi elle a créée une « liberté moderne », dont ni l'État, ni l'Église, ni personne n'avait l'expérience.Émile Poulat
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Princesse, carmélite, égérie de la IIIe République, Jeanne Bibesco (1864-1944) eut un destin aussi inattendu qu'exceptionnel. Dès l'âge de vingt et un ans elle choisit la vie religieuse. Elle entre au carmel d'Alger, à Bab-el-Oued, en octobre 1889. Le cardinal Lavigerie reconnaît en soeur Marie Bénie de Jésus une personnalité susceptible de servir sa politique et une femme d'une intelligence hors pair. Nommée supérieure en mai 1890, elle devient la fondatrice et la « prieure à vie » d'un des plus beaux carmels de la Méditerranée, qu'elle édifie grâce à sa fortune sur les hauteurs d'Alger.
Mais la loi du 1er juillet 1901 met en péril le monde congréganiste. Mère Bénie de Jésus se rend à Paris pour défendre elle-même son dossier auprès du président du Conseil. Au terme de cet entretien de mai 1903, Émile Combes aura ces mots : « Princesse, vous m'avez vaincu », à quoi Mère Bénie de Jésus rétorquera : « Monsieur le Président, j'étais venue pour faire votre conquête, et c'est moi qui pars conquise. » S'amorce alors une complicité affective qui ne se démentira jamais.
Or, en octobre 1911, le pape Pie X fait fermer le carmel. Relevée de ses voeux, la princesse revient dans le siècle, à quarante-sept ans, en femme libre et conquérante. Elle renoue avec le monde des salons, côtoie les politiques, devient une proche du cardinal Baudrillart. Son audace la pousse, à la veille de la Seconde Guerre mondiale et alors qu'elle est fort âgée, à travailler pour le renseignement français.
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Début janvier 1950, Émile Poulat, lecteur à l'université de Fribourg-en-Brisgau, soutient une thèse de théologie sur le désir naturel de voir Dieu. Cinq ans après, il quitte la prêtrise et entreprend une carrière de chercheur, historien et sociologue du catholicisme, expert de la laïcité.Quel lien entre l'activité scientifique qu'il a menée pendant plus de soixante ans (755 références ici rassemblées dans une bibliographie exhaustive) et ce travail de jeunesse, longtemps occulté, consacré à d'obscures controverses d'exégèse thomiste? «On n'a pu se défendre, avait-il conclu, d'une impression de malaise en suivant les discussions sur les notions d'appétit, de désir, de puissance, fleurs séchées d'un vieil herbier, qui furent autrefois vivantes et parfumées mais dont nous avons peine aujourd'hui à retrouver la présence familière.» Il en appelait à une philosophie de «l'expérience vécue», qu'il semblait alors bien près de trouver dans l'oeuvre de Maurice Blondel.Controverses pourtant décisives au moment où il écrit quasi contemporain de Surnaturel du P. de Lubac et qui prennent sens comme révélatrices d'une pensée chrétienne en crise, mise au défi du «naturalisme» moderne.L'auteur, disparu en novembre 2014, avait souhaité cette publication et s'en est expliqué dans un entretien en postface.
Émile Poulat (1920-2014) a été directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Il est notamment l'auteur de Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste (1962), Naissance des prêtres ouvriers (1965).
Parmi ses publications récentes, L'histoire savante devant le fait chrétien (2014) et, à nos éditions, France chrétienne, France laïque (2008).
Introduction et édition du texte par François Trémolières, maître de conférences au pôle Métiers du livre de l'université Paris Ouest Nanterre la Défense.
Bibliographie par Yvon Tranvouez, professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Brest. -
France chrétienne, France laïque
Emile Poulat, Danielle Masson
- Desclée de Brouwer
- Ddb Histoire
- 16 Octobre 2008
- 9782220060125
Une catholique de sensibilité traditionnelle, professeur de lettres qui fit toute sa carrière dans les lycées d'État, rencontre un universitaire sociologue, historien laïquement catholique, spécialiste de l'entrechoc des deux cultures, catholique et laïque. Elle l'interroge sur l'avenir de la foi catholique dans notre société postchrétienne. Sans se reprocher mutuellement leurs positions, ils ont réussi à parler de tout, sans artifice et sans esquive, en se plaçant au coeur des grands débats qui ont déchiré les catholiques français depuis les Lumières et la Révolution française, en passant par la crise moderniste et Vatican II, le concile diviseur selon certains, pour aller jusqu'à l'essentiel. Émile Poulat a-t-il été convaincant ? Danièle Masson a-t-elle été ébranlée ? Quoi qu'il en soit, l'ample panorama des questions abordées dans cette rencontre insolite permet de sortir des chemins battus et d'ouvrir des perspectives neuves.
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Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste
Emile Poulat
- Albin Michel
- Bibliotheque L'evolution De L'humanite
- 15 Février 1996
- 9782226084644
La tradition catholique, fondée sur l'Écriture sainte, pouvait-elle se rallier sans reniement à l'esprit critique de l'université et à sa lecture de la Bible ? Quelles seraient les conséquences de "la soumission des religions de l'Histoire à l'histoire des religions" ?
Inauguré par Renan avec sa Vie de Jésus (1863), le débat qui s'étend jusqu'à Jacques Duquesne et son Jésus (1994), a culminé dans la crise moderniste (1902-1907) autour d'Alfred Loisy, prêtre, puis professeur au Collège de France.
Émile Poulat, sociologue et directeur d'études à l'EHESS, s'est fait l'historien de ce grave moment qui ne concerne pas seulement 1'Église mais l'histoire de la raison moderne et, en particulier, celle de la raison historique.
Cette troisième édition du livre désormais classique est augmentée d'une nouvelle préface d'Émile Poulat et enrichie de la réflexion du grand historien Alphonse Dupront.
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Aux sources de la culture française
Dominique Lecourt, Claude Nicolet, Michelle Perrot, Emile Poulat, Paul Ricoeur
- La découverte
- Cahiers Libres
- 14 Novembre 1997
- 9782707127785
La Ligue de l'enseignement a demandé à des intellectuels éminents de présenter, à l'intention d'un large public, les grands héritages historiques qui ont contribué à forger l'imaginaire républicain. Aux réponses apportées par ces historiens et philosophes, Paul Ricoeur apporte un utile complément en s'interrogeant sur la diversité constitutive de la France et sur le dialogue entre les cultures.
Sur la scène politique, la nation est devenue à nouveau un enjeu politique majeur. Pour les uns, et pas seulement à l'extrême droite, celle-ci serait gravement menacée par le rôle croissant des ensembles supranationaux et le " multiculturalisme ". Pour d'autres, face à cette vision " nationaliste " de la nation, il importe d'en restaurer une vision " humaniste ", soucieuse de concilier ouverture et culture. Pour cela, quelle meilleure voie que de revisiter les multiples apports qui, au fil de l'histoire, ont peu à peu constitué et enrichi le patrimoine commun des Français ? C'est dans cette perspective que la Ligue de l'enseignement a demandé à des intellectuels éminents de présenter, à l'intention d'un large public, les grands héritages historiques qui ont contribué à forger l'imaginaire républicain. Que nous reste-t-il de la culture gréco-latine, si présente aux siècles classiques de notre histoire (Claude Nicolet) ? Quel a été l'apport des religions, notamment chrétienne, et qu'en subsiste-t-il dans la culture de la plupart des Français (Émile Poulat) ? Quelle est aujourd'hui la trace laissée par le mouvement des sciences, si important depuis deux siècles (Dominique Lecourt) ? Et que retrouve-t-on, dans la vie des Français actuels, des deux siècles de combats culturels, politiques et sociaux qui viennent de s'écouler (Michelle Perrot) ? Aux réponses apportées par ces historiens et philosophes, Paul Ricoeur apporte un utile complément en s'interrogeant sur la diversité constitutive de la France et sur le dialogue entre les cultures. Ce bref essai propose ainsi de précieux axes de réflexion à tous ceux qui ont le souci, en interrogeant l'histoire de la culture politique française, de maintenir une certaine idée de la nation contre le nationalisme. -
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L'histoire savante devant le fait chrétien
Emile Poulat
- Parole et Silence
- College Des Bernardins
- 13 Mars 2014
- 9782889182220
Si l'histoire savante s'est imposée comme une exigence de la culture contemporaine, elle a cessé d'être une évidence. La situation du fait religieux, et plus particulièrement chrétien, est analysée à la lumière de sa place au sein de la culture laïque. Si le fait historique doit être vérifié et établi, il s'agit d'interroger le fait religieux, fondé non sur l'observation, mais sur la révélation.
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1943-1947 : en ces cinq années, si chargées d'événements historiques -; la Deuxième Guerre mondiale, la Libération -;, si riches pour le catholicisme français, s'opère véritablement la naissance des prêtres-ouvriers : une figure inédite dans l'histoire de l'Église catholique, une expérience à laquelle Rome mettra fin dramatiquement en 1954. Les prêtres-ouvriers ont occupé le devant de la scène publique et produit sur l'opinion un choc profond et durable. Qui étaient-ils, combien étaient-ils (une centaine), que voulaient-ils ? Le travail d'Émile Poulat (historien et sociologue) retrace leur histoire grâce à sa connaissance personnelle des protagonistes (deux tours de France et de Belgique à dix ans de distance) et à la compilation des archives (imprimés, fonds, manuscrits, polytypés) ainsi sauvées de la disparition. Cet ouvrage reprend un texte de 1965 édité chez Casterman, " Naissance des prêtres-ouvriers ", augmenté, en quatrième partie, des chapitres V et VII de " Une Église ébranlée " (Casterman, 1980). L'édition est enrichie d'une bibliographie complémentaire et d'un index des personnes citées.
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L'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933, sur fond de crise européenne, a donné une nouvelle figure et un nouvel élan à un antisémitisme qui avait puisé des racines profondes et anciennes dans la chrétienté occidentale. Désormais sont associés racisme et nazisme, formant une doctrine que le christianisme considère comme un retour au paganisme. De là pour l'Eglise catholique une situation difficile à la fois sur le plan politique et sur le plan intellectuel.
Devait-elle condamner haut et fort cette haine d'État qui débouchait sur la "solution finale" - l'extermination d'un peuple -, et comment le pouvait-elle sans contredire son histoire ? Le recul historique a modifié notre regard sur cette période tragique. Tout ce qui avait été plus ou moins confusément accepté a été remis en question. On a découvert avec étonnement un silence à double face : silence réprobateur des autorités qui auraient dû condamner ces mesures ; silence protecteur de tous ceux qui ont contribué à sauver des juifs.
Ce double silence a particulièrement affecté l'Eglise catholique en France et à Rome. Depuis les années 60, venue d'Allemagne, la dénonciation du silence du Vicaire - Pie XII - a beaucoup occupé les médias, simplifiant à outrance une affaire plus complexe et nuancée, mais aussi évolutive. Le paradoxe qu'explore cet ouvrage, c'est qu'on reporte toute la responsabilité de ce silence sur une Église que, par ailleurs, on voudrait cantonnée dans la vie privée.
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Aux carrefours strategiques de l'eglise de france - xxe siecle.
Poulat Emile
- Berg International
- 1 Juin 2009
- 9782917191200
En 1925, les évêques de France appelaient à la résistance civile aux lois laïques ; en 2005, ils se sont déclarés globalement satisfaits du régime de laïcité issu de ces lois. Dira-t-on que l'Église catholique, particulièrement à Rome et en France, se trouve au milieu du gué, dans une situation composite qui n'en facilite pas l'intelligence ?
Néanmoins, elle demeure entièrement présente - quand elles le veut - aux grands et petits problèmes que pose à l'humanité une société sécularisée qui escomptait bien les avoir résolus par la seule vertu du déni religieux.
Ce que l'Église doit aujourd'hui affronter, ce n'est plus la révolte de notre société contre un ordre désormais périmé, mais sa créativité qui fonce dans l'inconnu les yeux fermés, sans même se soucier des problèmes qu'elle multiplie sous ses pas. La question pour l'Église est désormais de mettre en oeuvre sa capacité à entrer dans les problèmes de toute nature posés à l'humanité souffrante par une humanité conquérante peu portée à la compassion, à la réflexion, à la communion.
Entre religieux et sécularisation, il n'y a pas incompatibilité par exclusion mutuelle, mais plutôt division du travail, partage des rôles. À chacun pleine liberté de croire ce qu'il veut, même si cette liberté est conditionnée par la marche de la société ; à cette dernière de frayer sa voie propre, de s'inventer sans s'encombrer de convictions en tous sens et d'agitations désordonnées, même si le désordre en vient à nuire à son ordre et à le menacer. Notre société a voulu se délier des contraintes religieuses qui l'étouffaient : elle se découvre affrontée à la fois au vide religieux, porteur de nihilisme, et à la violence religieuse, où le fondamentalisme débouche sur le terrorisme.
Ce sont autant de carrefours pour l'Église de France au cours du siècle écoulé.
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Hier on ne parlait que de la mort de Dieu.
Aujourd'hui c'est, paraît-il, le retour du religieux avec une force déjà capable d'inquiéter et la crainte de la résurgence d'un vieux conflit : l'hostilité aux idéaux modernes qui ont produit la démocratie. Cette inquiétude est dans l'air, largement répandue. Seule peut y répondre la solution laïque. Contrairement à des idées entretenues, la laïcité n'est pas une simple neutralité de l'Etat et de l'école, mais leur engagement à assurer et à garantir l'exercice de toutes nos libertés.
Elle ne se résume pas non plus à l'idée de séparation d'avec le religieux, qui couperait court à toute relation. Elle résout, avec élégance, le problème d'une société divisée de croyances et de convictions en la fondant sur les grandes libertés reconnues aux hommes qui la composent. Elle ne résout pas, et n'y prétend pas, les problèmes de société nés et à naître de l'emploi qu'ils font de leur liberté et de la manière dont ils en usent.
Il n'y a pas d'en deçà de la laïcité. L'au-delà de notre laïcité, c'est, en son sein, l'attention et la réflexion que les hommes donneront à la découverte étonnée de tout ce dont ils sont capables.
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Notre laicite publique - la france est une republique laique
Poulat Emile
- Berg International
- 6 Novembre 2003
- 9782911289651
La laïcité est le fruit d'une longue histoire, passionnante et souvent conflictuelle, qui méritait la somme que lui a consacré Émile Poulat.
Aventure intellectuelle et politique dont l'avenir reste ouvert, la laïcité n'est pas seulement une conviction personnelle ou partagée, ni même un présupposé de notre culture contemporaine. Elle traduit une révolution de la pensée qui s'est inscrite dans nos institutions : le passage d'un régime où la vérité catholique faisait loi à un régime où la conscience libre affirme ses droits et les fait politiquement reconnaître.
Cette grande transformation a donné naissance à ce qu'il convient d'appeler Notre laïcité publique puisqu'elle est notre sort commun, quelles que soient nos dispositions privées. Comme toute vie sociale, elle repose sur un compromis qui permet à une société de durer et de se développer sans éclater.
Quand la laïcité se réalise, elle prend des formes qui déconcertent ses champions comme ses adversaires les plus résolus.
C'est la laïcité qui nous gouverne que l'on découvrira ici : non plus seulement les jeux du cléricalisme et de l'anticléricalisme, les prétentions rivales de l'Église et de l'État, mais les problèmes posés à l'État par 60 millions de consciences en liberté et décidées à user de toutes leurs libertés.
L'énigme de notre laïcité, c'est bien le secret de ces consciences innombrables qui en bénéficient et la mettent en oeuvre.
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Question religieuse et ses turbulences au xxe siecle - trois generations de catholiques en france
Poulat Emile
- Berg International
- 4 Mai 2005
- 9782911289736
Ce livre est né d'un étonnement persistant.
Les définitions de la religion sont innombrables, mais se ressemblent toutes : dogmes, rites, prescriptions, prière, sacrifice, sacré, culte, etc., elles puisent dans le même vivier. Les croyances y trouvent une place refusée aux croyants. La religion ainsi définie n'a pas besoin des hommes : elle n'attend que leur soumission à un ordre transcendant et à ses ministres sur terre. Or l'entrée dans la modernité signe le moment où tout a commencé de basculer, où le vécu l'a emporté sur le prescrit, où la religion est devenue pour chacun non plus affaire de société, mais affaire de conscience et aventure intérieure, soumise aux turbulences de l'histoire humaine, affrontée aux interrogations qui naissent du bouleversement de notre société.
L'Église catholique n'a pas échappé à ces turbulences tout au long du siècle écoulé : siècle d'immenses progrès et d'effroyables tragédies. Ce n'est pas l'histoire de son gouvernement confronté à ces situations qui retient ici l'attention, mais celle de personnalités plus ou moins connues qui ont eu à les assumer au fil de trois générations en France : la crise intellectuelle et religieuse du modernisme, le rêve généreux et démesuré d'une reconquête, l'épreuve de la guerre froide et des deux " blocs ".
De Léon Bloy à François Mitterrand, en passant par Alfred Loisy, Jean Baruzi, Jacques Maritain et d'autres encore, vingt-neuf itinéraires, autant de luttes de Jacob avec l'Ange, dont l'extrême diversité situe la question religieuse pour la tradition catholique dans son actualité.
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Eglise contre bourgeoisie - introduction au devenir du catholicisme actuel
Poulat Emile
- Berg International
- 2 Novembre 2005
- 9782911289835
si le titre de cet ouvrage, eglise contre bourgeoisie, peut sembler paradoxal, ou même provocateur, c'est que la vieille imagerie des " deux france " demeure tenace : celle lui oppose la gauche laïque à la droite cléricale, le mouvement à la réaction, les révolutionnaires aux conservateurs.
mais que ce soit en france, en allemagne, en italie ou ailleurs, la réalité est loin d'être aussi dualiste, et diffère bien souvent de l'histoire enseignée. l'eglise romaine a été antisocialiste, anticommuniste, c'est entendu, tout le monde le sait. pourtant, de plus longue date, et conjointement ensuite, elle n'a cessé de dénoncer l'idéologie libérale bourgeoise. on insiste depuis si longtemps sur l'alliance de l'eglise avec la bourgeoisie qu'on en est devenu incapable de voir leur conflit et d'en mesurer la profondeur.
ces deux aspects sont pourtant tout aussi réels. a se polariser sur l'un en ignorant l'autre, on déforme l'histoire et on s'engage dans une impasse, on s'enferme dans le cercle d'une logique qui se nourrit de ses convictions, on s'installe dans un système interprétatif inexpugnable.