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Henri Meschonnic
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Ce livre est une théorie d'ensemble de la traduction.
Par son point de vue et son ampleur, il n'a pas d'équivalent parmi les ouvrages qui traitent du traduire. Il propose une critique, c'est-à-dire une fondation, des principes qui relient l'acte de traduire à la littérature. Il commence par l'examen des idées reçues, et l'histoire de la traduction en Europe, continent culturel bâti sur des traductions. L'objet est de fonder la nécessité de tenir l'acte de traduire, et ses résultats, par le fonctionnement des oeuvres littéraires.
D'où une critique de l'étude des traductions comme discipline autonome, qui revient à la remettre aux seules questions de sens, en méconnaissant que le langage fait autant et plus qu'il ne dit. La question de la poétique est comment. Seule une théorie d'ensemble du langage et de la littérature peut situer la spécificité du traduire. Car on ne traduit pas seulement des langues, mais des textes. Si on l'oublie, cet oubli se voit.
La théorie et la pratique sont inséparables. Les textes traduits vont du sacré à la poésie, au roman, au théâtre et à la philosophie. Ils passent par l'hébreu biblique, le grec ancien, le chinois classique, l'italien, l'anglais, l'allemand et le russe.
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Mallarmé au-delà du silence
Henri Meschonnic
- Éditions de l'éclat
- L'eclat Poche
- 31 Août 2023
- 9782841626618
Mallarmé au-delà du silence est la première confrontation d'Henri Meschonnic avec le mythe de Mallarmé et la lecture qui en avait été faite par une génération de poètes nourris, jusqu'à la nausée, des vers du 'prince des poètes', et qui, emboîtant le pas à Jean-Paul Sartre, avait transformé «l'échec de la poésie en poésie de l'échec». Ce qui a empêché, écrit ici Meschonnic, «d'entendre un Mallarmé réellement en train de parler». Ainsi, c'est le «travailleur de l'idée», le poète de «l'affirmation d'une oralité» oubliée par la poésie du second vingtième siècle, que met en lumière cet essai reproposé aujourd'hui, trente sept ans après sa première publication en préface aux Écrits sur le livre de Mallarmé parus aux Éditions de l'éclat en 1986.
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Il s'agit de montrer que la poésie, contrairement à l'idée reçue qu'elle n'intéresse que les poètes ou très peu de lecteurs, concerne chacun, même s'il ne le sait pas, parce qu'elle met en jeu tout ce qu'on fait et tout ce qu'on sait du langage, donc tout ce que la société fait de chacun de nous, et que chacun fait des autres. Et il faut voir comment. C'est pourquoi la poésie est un poste d'observation privilégié sur le langage en général, sur la pensée et sur la société, et d'autant plus qu'on n'en a pas conscience. Il s'agit de réfléchir sur les choses très différentes qu'on met indistinctement dans le mot poésie.
Cette réflexion mène à une critique généralisée de ce qu'on fait et de ce qu'on dit de la poésie. Cette critique de la poésie mène à son tour à une critique de la philosophie, ou d'une certaine philosophie : réfléchir sur ce qu'est un problème poétique, et montrer que ce n'est plus une affaire d'esthétique, seulement pour amateurs de poèmes, mais une affaire d'éthique et de politique. À travers ce qu'on dit et ce qu'on fait de la poésie en France au XXe siècle, spécialement dans les quarante dernières années.
Il ne s'agit pas de faire aimer la poésie, mais de cesser d'être dupe des clichés et des falsifications qui se font passer pour de la poésie. C'est par là peut-être que la poésie retrouvera en France une place qu'elle n'a plus. Contribution au feu de joie qu'il y a à faire avec les langues de bois.
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Le rythme est l'utopie du sens.
C'est à partir de l'absence du rythme dans le sens et du sens dans le rythme, dans notre culture du langage, que ce livre essaie de fonder une théorie nouvelle du rythme. l'enjeu dépasse de beaucoup l'histoire et la théorie des pratiques littéraires, oú la poésie reste le lieu le plus vulnérable et le plus révélateur de ce qu'une société fait de l'individu. dans la mesure oú cet enjeu engage tout le langage, il engage tout le sujet, tous les sujets, et c'est pourquoi, à travers les problèmes traversés, comme celui du rapport entre le langage et la musique, celui de la voix et de la diction ou de la typographie, à travers les stratégies analysées, de la métrique à la psychanalyse, de la linguistique à la philosophie, jusque dans ses aspects techniques, la théorie du rythme est, au sens le plus large, politique.
C'est un parcours critique des sciences humaines. traversant leurs lacunes, ce livre esquisse une nouvelle manière de travailler leurs rapports. dans un aller-retour constant entre l'analyse des textes et la recherche des concepts, il confronte principalement les domaines français, anglais, allemand, russe, espagnol, hébreu, arabe. il s'adresse à tous ceux qui s'intéressent au langage. car il déborde l'érudition pour montrer l'aventure.
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éthique et politique du traduire
Henri Meschonnic
- Verdier
- Sciences Humaines
- 26 Octobre 2007
- 9782864325161
Ce livre prend la suite de Poétique du traduire. Traduire est un acte de langage, et tout acte de langage implique une éthique de langage.
Ainsi la poétique du traduire ne saurait être comprise comme une réflexion régionale et autonome sur ce que c'est que traduire, et même spécialement ce qu'on appelle la littérature.
Au contraire, la poétique du traduire montre que chaque traduire expose sa théorie du langage, et que le langage implique un continu et une interaction avec l'art, l'éthique et le politique, la politique.
Traduire en est le laboratoire expérimental, le terrain majeur d'une critique des idées reçues concernant le langage, où la critique du rythme fonde une éthique et une politique du traduire.
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Ce livre est l'exercice d'une écoute du langage et, à travers de nombreux exemples, d'une écoute de la modernité. En effet, contre le dualisme de l'écrit et de l'oral, l'oralité est redéfinie comme le primat du rythme et de la prosodie dans le mode de signifier ; ainsi, elle ouvre à une critique de la littérature et des sciences humaines. Critique du signe, critique du sens, la poétique est nécessairement une critique de la philosophie - du langage de la philosophie et de la philosophie du langage. La mise en rapport des deux termes, la rime, la vie, montre dans les représentations communes du langage un modèle culturel poétiquement et politiquement néfaste, celui qui dissocie l'esthétique, l'éthique et le politique - cette rationalité des Lumières dont toute la modernité a été la critique. Restituer l'historicité radicale du langage fait plus que reconnaître ce qu'il y a de vie dans la rime, et de rime dans la vie ; cela montre, par leur mutuelle nécessité, ce qu'il en coûte d'oublier l'un des deux termes, non pas aux poètes seulement, mais à la collectivité. L'écoute du langage a l'oreille sur l'avenir.
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Assez de clichés qui sortent l'un après l'autre dès qu'on parle de modernité. Des contemporains ont la bouche pleine de la rupture, du nouveau, de la vangarde, du «il-faut-être-résolument-moderne» de Rimbaud. Mais Rimbaud n'a pas dit ce qu'on croit. Baudelaire est travesti. On entasse toutes les fins : du sacré, de l'homme, du siècle, de l'art et de la modernité. Schémas, et dans les schémas il ya du maintien de l'ordre. L'ordre des relations entre l'art, la littérature, la société. L'épuisement supposé du sens y sert les pouvoirs des conceptions installées. Leur avenir est dans le passé. D'où cette critique de la modernité et du post-moderne. La critique est du parti du rythme. Pour elle, la modernité est un combat, dont l'enjeu est le sujet. C'est pourquoi la modernité ne cesse de déborder les modernes. Elle est l'infini du sens. Le présent qui reste présent.
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Linguiste, essayiste, traducteur, poète, Henri Meschonnic (1932-2009) est toujours au plus près de la langue. Ses traductions de livres bibliques ont marqué et sont caractéristiques de son approche.
C'est la langue de Spinoza, le latin de l'Éthique, qui est ici au centre de cet ouvrage. Contre la surdité des philosophes au langage, Meschonnic fait entendre le texte de Spinoza, confrontant les traductions (Appuhn, Misrahi, Pautrat), et révélant les limites des commentaires philosophiques, d'Alquié à Deleuze.
Lire l'invention de la pensée dans un continuum avec la vie, donner au livre toute sa dynamique, et comme le titre la conclusion, « Spinoza gagne, la vie gagne ».
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Dans la continuité des Cinq Rouleaux, Henri Meschonnic traduit Jona dans le rythme de l'original, avec la prosodie et la concordance de son discours, ses effets spécifiques. Cette traduction, dont la typographie transpose les accents de l'hébreu, travaille à décaper le texte de son hellénisation et de sa christianisation habituelles. Elle est suivie de deux essais:«Traduire la Bible, de Jonas à Jona» analyse les stratégies et les enjeux de la traduction biblique, ceux du discours contre le dualisme du signe; «Le signifiant errant» part des paraboles de Jona pour y fonder aujourd'hui non plus une recherche illusoire de l'identité, mais une critique du signifiant juif.
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On va lire, en français, les poèmes de ce recueil fameux comme des poèmes. Parce que les traduire a été avant tout un problème poétique. D'où des transformations en chaîne, qui pourront surprendre, pour le vocabulaire, décapé de son académisme pieux; pour la syntaxe, souvent d'une grande violence, et qui n'était jamais passée en traduction; pour ses rythmes et ses jeux de prosodie. Tout ce qui fait la force du texte, et qui disparaît dans les traductions qui ne se posent que des problèmes de sens. C'est cette force qui est à traduire. Pas seulement ce que disent les textes, mais ce qu'ils font : une poétique du divin. On n'en a aucune idée dans les traductions des spécialistes. Ce n'est pas qu'ils n'ont pas tout le savoir des spécialistes. Mais c'est le savoir des langues, ignorant tout de l'écoute du poème, de la physique du discours. C'est toujours le conflit du signe et du poème. Le paradoxe du religieux, c'est que sa vérité sépare le langage, qui est continu, en deux : elle en fait du discontinu, elle produit un résidu, la forme, et détruit ainsi sans le savoir l'objet même de son adoration. Ce malheur touche toutes les traductions confessionnelles. Quant aux aventures individuelles, ce sont des poétisations, toujours dans une pensée de la langue. Ici, au contraire, ce qui domine, c'est le rythme comme organisation du mouvement dans la parole. D'où le plaisir, et la surprise. Comme si le rythme de la Bible entrait enfin dans notre culture. Des notes, pour chaque texte, ne visent qu'à faire partager l'atelier du poème, et du traduire. HENRI MESCHONNIC a déjà traduit Les Cinq Rouleaux : Le Chant des chants, Ruth, Comme ou les Lamentations, Paroles du Sage, Esther (Gallimard, 1970), et Jona, dans Jona et le signifiant errant (Gallimard, 1981). Il est, entre autres, l'auteur de Critique du rythme (Verdier, 1982), de Poétique du traduire (Verdier, 1999), et poète - ses deux derniers livres de poèmes : Combien de noms (L'improviste, 1999), Je n'ai pas tout entendu (Bernard Dumerchez, 2000). Son dernier essai, L'Utopie du Juif est publié aux éditions Desclée de Brouwer (2001).
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Au commencement : Traduction de la Genèse
Henri Meschonnic
- Desclée de Brouwer
- 7 Mai 2002
- 9782220050928
On est au commencement de la création du monde, et c'est la lumière qui est créée d'abord. Tout ce récit est mené dans le climat du fabuleux, de l'intimité entre le sacré et le divin, où il n'y a pas encore le religieux, mais le pacte de la vie entre le principe de la vie et les créatures. Où commence le jeu des meurtres et des tromperies qui fait que cette histoire humaine semble tout sauf sainte, à voir les trafics de certains, d'où ressortent des personnages qui demeurent des paraboles vivantes.
Ce texte est une marche dans une forêt enchantée, où rien ni personne n'est ordinaire. Donc le langage non plus n'est pas ce qu'on appelle ordinaire. On y constatera quelques changements par rapport aux autres traductions, qui suivent un autre principe. Des notes cherchent à faire partager l'atelier du poème, et du traduire. Ce ne sont pas ici les faits divers de votre journal quotidien, c'est pourquoi ce n'est pas davantage du langage courant.
Ce texte fait entendre le légendaire, le poème dont nous sommes faits. Dans la prose de notre monde. Il y résonne une sorte de continu du rythme, syntaxe, prosodie qui transcende toutes les exégèses, ces réductions à du sens, ou à des origines. C'est cette rumeur, le goût en bouche du texte que j'ai voulu rendre à l'écoute. Décapée de toutes les couches qui recouvraient son hébraïsme, son ta'am, mot hébreu qui dit son goût et son rythme. Et ce n'est qu'un commencement. -
Infiniment à venir ; pour le poème et par le poème
Henri Meschonnic
- Éditions Arfuyen
- Les Cahiers D'arfuyen
- 17 Février 2017
- 9782845902466
Arfuyen a publié récemment l'essai lumineux de Meschonnic sur Le sacré, le divin, le religieux. Un texte qui touche au noeud des problèmes actuels. Mais la pensée de Meschonnic sait relier les choses qui sembleraient le plus éloi- gnées : « C'est le rythme qui mène le langage, le continu de tous les rythmes [...] Le rôle de la poétique est de le montrer, n'en déplaise aux dévots qui ne mesurent pas leur propre idolâtrie, à sacraliser ces textes ou la langue, ce qui ne montre rien d'autre que la confusion intéressée du sacré, du divin et du reli- gieux au profit du religieux. » Ne pas sacraliser les textes : s'engager « pour le poème », c'est s'engager pour un langage du corps : « Le poème est ce qu'un corps fait au langage. » C'est donc un engagement éthique : « La notion même de poème se transforme, elle passe d'une notion traditionnelle, esthétique, formelle à une notion éthique, celle d'une éthique et d'une poétique de la pensée. » Pour le poème est le discours qu'Henri Meschonnic a écrit pour recevoir, en mars 2006, le prix Jean Arp à l'université de Strasbourg. Il y donne une syn- thèse éblouissante de sa pensée du langage et de la société. Écrits au même moment que le discours, les poèmes d'Infiniment à venir (Dumerchez, 2004, très peu diffusé du fait d'un accident) l'illustrent parfaitement. Meschonnic visite l'Historial de la Grande Guerre de Péronne (Somme). Dans la salle cen- trale, il y voit des visages : « On marche sur des mots morts / de terre en terre il y en a / qui affleurent / on leur élève / un monument / on se serre / pour y tenir / ce qui reste / de la parole » Donner vie aux mots, donner rythme à la pensée, tel est le rôle du poème : « C'est nous / que nous venons / voir au musée / sous toutes ces apparences / des parts / de nous / l'absent c'est nous / nous le monstre ».
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Langage, histoire, une même théorie
Henri Meschonnic
- Verdier
- Sciences Humaines
- 13 Avril 2012
- 9782864326762
Toujours annoncé, jamais terminé, pendant plus de trente ans ce livre est passé, aux dires mêmes de son auteur, pour un livre "infaisable".
Pourtant, en décembre 2008, Henri Meschonnic mettait un point final à sa longue entreprise. Cette étude sur le rapport de l'histoire et du langage montre exemplairement que tous les mots sont des phrases, tous les mots sont des discours. L'histoire est le devenir collectif de chaque parole. La question que pose Henri Meschonnic à propos du travail de Sartre sur Flaubert : "Qu'est-ce qu'être son propre contemporain?" contient l'enjeu majeur de Langage, histoire, une même théorie, puisqu'elle interroge chacun sur le sens de son propre statut d'individu dans le rapport à la société.
Car l'histoire est bien autre chose que le temps: elle est le social, le rapport signifiant de l'individu à la collectivité. De sorte que tout ce qui arrive me situe nécessairement et m'identifie.
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Dans le désert ; traduction du livre des nombres
Henri Meschonnic
- Desclée de Brouwer
- 30 Octobre 2008
- 9782220060156
Ce livre est le quatrième de ce qu'on appelle le pentateuque - c'est-à-dire les cinq livres de moïse.
Le titre courant, les nombres, dit bien tous les dénombrements, de noms et de nombres, qui remplissent ce livre. mais il ne dit pas ce que dit le titre hébreu, dans le désert. le titre hébreu ne fait pas qu'évoquer le cheminement dans le désert. il implique les découragements, les révoltes, et le châtiment qui en est la conséquence. lu comme une suite de dénombrements, ce livre est réduit à des listes.
Lu par ses péripéties, il s'entend comme un récitatif, avec ses douleurs, et ses listes deviennent des incantations. c'est ce que cette nouvelle traduction tente de donner à entendre, et c'est non seulement toute sa justification, sans laquelle il ne servirait à rien de retraduire, mais aussi, on espère, la jouissance de ce langage, à donner en partage. ce livre prend la suite du projet de traduction de la bible par henri meschonnic.
Il a commencé avec les cinq rouleaux (gallimard, 1970). il y a eu le livre de jona dans jona et le signifiant errant (gallimard, 1981). le projet a repris avec gloires, traduction des psaumes (desclée de brouwer, 2001), au commencement, traduction de la genèse (desclée de brouwer, 2002), les noms, traduction de l'exode (desclée de brouwer 2003, édition accompagnée d'un cd oú henri meschonnic lit en hébreu et en français des extraits de gloires, au commencement et les noms), et il a appelé, traduction du lévitique (desclée de brouwer, 2005).
Ce projet de traduction n'est pas séparable des poèmes ni du travail de réflexion. derniers poèmes parus: tout entier visage (arfuyen, 2005), et la terre coule (arfuyen, 2006), parole rencontre (l'atelier du grand tétras, 2008); essais: un coup de bible dans la philosophie (bayard, 2004), vivre poème (dumerchez, 2006), le nom de notre ignorance, la dame d'auxerre (laurence teper, 2006), heidegger ou le national-essentialisme (laurence teper, 2007), ethique et politique du traduire (verdier, 2007), dans le bois de la langue (laurence teper, 2008).
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Henri Meschonnic a fait oeuvre de poète dans ce recueil. Il lui a fallu vivre certaines expériences pour créer de nouveaux proverbes et trouver un langage qui unisse agir et parler en une seule expérience. Dans sa préface-manifeste l'auteur s'est attaché à définir une forme nouvelle de poésie.
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Le projet de cette étude est de montrer que, si l'écriture est une tension vers l'unité du livre et du vivre, le discours sur l'écriture, lui, pour rendre compte de ce qui se passe en elle, doit lui être homogène, tirer de l'écriture ses critères et ses concepts, tourner le dos à la pensée dualiste qui règne encore dans l'enseignement de la littérature. Ainsi cette recherche ne peut pas ne pas être polémique. Ce projet, qui n'est pas seulement d'hygiène mais de construction, implique une linguistique qui ne disjoint pas le signifiant du signifié, ni l'oral de l'écrit. Une théorie de la littérature, formée par la linguistique, remet à son tour la linguistique en question, si celle-ci, qui réussit devant les énoncés courants, échoue devant tout ce qui est texte ne pouvant y voir enfin que de la langue plus du «style». Les écrivains, laboratoires de la modernité, en même temps qu'ils ont miné la pensée de la littérature par genres ou par formes («prose» ou «poésie») ont effacé pour eux-mêmes la distinction entre texte et discours sur le texte. Ce sont les données de départ pour définir les conditions d'un langage critique. Intégrer la linguistique à l'écriture est une des nécessités alors impliquées. Poser les questions : qu'est-ce qu'un mot poétique, qu'est-ce qu'un texte, qu'est-ce qu'une oeuvre, qu'est-ce que la valeur ? mène à renvoyer dos à dos scientisme et subjectivisme, formalisme et thématique, tous également inopérants, pour instaurer des concepts qui découvrent l'unité de fonctionnement et de sens dans un texte (et non dans des structures abstraites ou dans une rhétorique) d'une forme et d'une histoire. C'est cette recherche d'un langage textuel qui n'est pas seulement pris comme un tissu complexe, mais présence et action de l'inconscient autant que de l'histoire (texte quand il nous fonde dans le fabuleux) qu'on appelle ici la poétique.
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Et il a appelé ; traduction du Lévitique
Henri Meschonnic
- Desclée de Brouwer
- 20 Janvier 2005
- 9782220054452
Le titre usuel, Le Lévitique, ne dit pas la même chose que le titre hébreu qui est l'incipit du livre, Et il a appelé. Le titre hébreu dit la continuité avec ce qui précède, et il dit que c'est le livre de l'appel. Une convocation en même temps qu'une interpellation. Le titre grec généralisé dit que les fils de Lévi vont organiser le religieux. Et ce troisième livre de Moïse est le livre de l'invention et de l'organisation du religieux : le calendrier des fêtes, les prescriptions, les interdits. Le rituel, le cérémonial. D'où la lecture courante n'y voit que ce que la traduction courante laisse voir : du formalisme, un ritualisme, des répétitions lassantes. De quoi dégouter le lecteur. Mais l'écoute de ce cérémonial du langage change tout. Cette traduction vise à faire entendre le poème effacé par les traductions qui ne laissent que le sens des mots. Le langage lui-même fait une incantation. Avec sa tonalité spécifique : c'est l'entrée de la sainteté, la naissance du bouc émissaire, la couverture des fautes, l'Enseignement, le pur et l'impur jusqu'à l'horreur. Dans un récitatif qui s'enchante de son propre dire. C'en est ici l'écoute.
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Le projet de cette étude est de montrer que, si l'écriture est une tension vers l'unité du livre et du vivre, le discours sur l'écriture, lui, pour rendre compte de ce qui se passe en elle, doit lui être homogène, tirer de l'écriture ses critères et ses concepts, tourner le dos à la pensée dualiste qui règne encore dans l'enseignement de la littérature. Ainsi cette recherche ne peut pas ne pas être polémique. Ce projet, qui n'est pas seulement d'hygiène mais de construction, implique une linguistique qui ne disjoint pas le signifiant du signifié, ni l'oral de l'écrit. Une théorie de la littérature, formée par la linguistique, remet à son tour la linguistique en question, si celle-ci, qui réussit devant les énoncés courants, échoue devant tout ce qui est texte ne pouvant y voir enfin que de la langue plus du «style». Les écrivains, laboratoires de la modernité, en même temps qu'ils ont miné la pensée de la littérature par genres ou par formes («prose» ou «poésie») ont effacé pour eux-mêmes la distinction entre texte et discours sur le texte. Ce sont les données de départ pour définir les conditions d'un langage critique. Intégrer la linguistique à l'écriture est une des nécessités alors impliquées. Poser les questions : qu'est-ce qu'un mot poétique, qu'est-ce qu'un texte, qu'est-ce qu'une oeuvre, qu'est-ce que la valeur ? mène à renvoyer dos à dos scientisme et subjectivisme, formalisme et thématique, tous également inopérants, pour instaurer des concepts qui découvrent l'unité de fonctionnement et de sens dans un texte (et non dans des structures abstraites ou dans une rhétorique) d'une forme et d'une histoire. C'est cette recherche d'un langage textuel qui n'est pas seulement pris comme un tissu complexe, mais présence et action de l'inconscient autant que de l'histoire (texte quand il nous fonde dans le fabuleux) qu'on appelle ici la poétique.
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Le projet de cette étude est de montrer que, si l'écriture est une tension vers l'unité du livre et du vivre, le discours sur l'écriture, lui, pour rendre compte de ce qui se passe en elle, doit lui être homogène, tirer de l'écriture ses critères et ses concepts, tourner le dos à la pensée dualiste qui règne encore dans l'enseignement de la littérature. Ainsi cette recherche ne peut pas ne pas être polémique.
Ce projet, qui n'est pas seulement d'hygiène mais de construction, implique une linguistique qui ne disjoint pas le signifiant du signifié, ni l'oral de l'écrit. Une théorie de la littérature, formée par la linguistique, remet à son tour la linguistique en question, si celle-ci, qui réussit devant les énoncés courants, échoue devant tout ce qui est texte ne pouvant y voir enfin que de la langue plus du «style». Les écrivains, laboratoires de la modernité, en même temps qu'ils ont miné la pensée de la littérature par genres ou par formes («prose» ou «poésie») ont effacé pour eux-mêmes la distinction entre texte et discours sur le texte. Ce sont les données de départ pour définir les conditions d'un langage critique.
Intégrer la linguistique à l'écriture est une des nécessités alors impliquées. Poser les questions : qu'est-ce qu'un mot poétique, qu'est-ce qu'un texte, qu'est-ce qu'une oeuvre, qu'est-ce que la valeur? mène à renvoyer dos à dos scientisme et subjectivisme, formalisme et thématique, tous également inopérants, pour instaurer des concepts qui découvrent l'unité de fonctionnement et de sens dans un texte (et non dans des structures abstraites ou dans une rhétorique) d'une forme et d'une histoire. C'est cette recherche d'un langage textuel qui n'est pas seulement pris comme un tissu complexe, mais présence et action de l'inconscient autant que de l'histoire (texte quand il nous fonde dans le fabuleux) qu'on appelle ici la poétique.
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Le projet de cette étude est de montrer que, si l'écriture est une tension vers l'unité du livre et du vivre, le discours sur l'écriture, lui, pour rendre compte de ce qui se passe en elle, doit lui être homogène, tirer de l'écriture ses critères et ses concepts, tourner le dos à la pensée dualiste qui règne encore dans l'enseignement de la littérature. Ainsi cette recherche ne peut pas ne pas être polémique. Ce projet, qui n'est pas seulement d'hygiène mais de construction, implique une linguistique qui ne disjoint pas le signifiant du signifié, ni l'oral de l'écrit. Une théorie de la littérature, formée par la linguistique, remet à son tour la linguistique en question, si celle-ci, qui réussit devant les énoncés courants, échoue devant tout ce qui est texte ne pouvant y voir enfin que de la langue plus du «style». Les écrivains, laboratoires de la modernité, en même temps qu'ils ont miné la pensée de la littérature par genres ou par formes («prose» ou «poésie») ont effacé pour eux-mêmes la distinction entre texte et discours sur le texte. Ce sont les données de départ pour définir les conditions d'un langage critique. Intégrer la linguistique à l'écriture est une des nécessités alors impliquées. Poser les questions:qu'est-ce qu'un mot poétique, qu'est-ce qu'un texte, qu'est-ce qu'une oeuvre, qu'est-ce que la valeur? mène à renvoyer dos à dos scientisme et subjectivisme, formalisme et thématique, tous également inopérants, pour instaurer des concepts qui découvrent l'unité de fonctionnement et de sens dans un texte (et non dans des structures abstraites ou dans une rhétorique) d'une forme et d'une histoire. C'est cette recherche d'un langage textuel qui n'est pas seulement pris comme un tissu complexe, mais présence et action de l'inconscient autant que de l'histoire (texte quand il nous fonde dans le fabuleux) qu'on appelle ici la poétique.
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Légendaire chaque jour est le dixième ouvrage, depuis 1970, et le troisième livre de poèmes d'Henri Meschonnic, après Dédicaces proverbes et Dans nos recommencements. L'oeuvre poétique n'est pas séparable chez lui de l'oeuvre théorique. Mais celle-ci ne serait pas ce qu'elle est sans la pratique du poème, qui la fonde. Autant la poétique s'est élargie jusqu'à une théorie en cours du langage et de l'histoire, du sujet et de l'État, autant le poème s'est élargi. L'amplitude poétique de ce livre est celle d'une expérience qui annule l'opposition régnant ailleurs entre la poésie savante et la poésie populaire. Ce qui fait sa simplicité. Et aussi sa distance de la répétition mallarméenne-surréaliste. Légendaire chaque jour va vers une épopée du quotidien. À travers des poèmes du voyage, du souvenir, de l'oubli, du passé et de l'avenir, qui forment de tout le livre une seule longue phrase, le poème travaille le rythme, le récit vers ce qu'on pourrait appeler une prose du poème. Sa propre historicité fait sa matière, son enjeu, son aventure.
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Ce recueil de poèmes est composé de trois parties:Ce qui se dit avant, Dans nos recommencements, Je tourne vers notre année. Il est précédé d'une courte préface où l'auteur répond à ceux de ses lecteurs qui s'étonnent d'un apparent écart entre un art poétique savant qui est celui exprimé par Meschonnic dans ses essais, et la complète simplicité de ses poèmes. Le théoricien méticuleux qu'est Henri Meschonnic ne craint pas de montrer qu'il se soucie avant tout de la vie et qu'il veut s'adresser à tous.
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L'utopie du Juif ? Que voulez-vous dire par là ? Justement, par là, j'essaie de comprendre la logique qui relie certaines questions : que fait le théologico-politique à la pensée ? que fait l'absence du rythme à la pensée du langage ? que fait le divin au langage ? et le sacré au divin ? et l'éthique à l'histoire ? On dira : qu'y a-t-il de juif là-dedans ? Justement, c'est une question aussi. Peut-être une des questions que cache la question juive. J'en ajoute une autre, en forme de parabole, dans l'éternel tourniquet entre le particulier et l'universel : et si le rythme était le juif du signe ? le juif du juif ? Pour montrer l'impensé de l'herméneutique juive : son indifférence générale au rythme dans la Bible. À part Abraham Ibn Ezra et Juda Halévi. Parce qu'elle est une herméneutique, elle présuppose le dualisme du signe et ne voit pas que le rythme dans la Bible contient, c'est son utopie, de quoi déstabiliser toute la représentation commune du langage. Déstabiliser pour tenir d'une main forte ensemble le langage, le poème, le sujet, l'éthique et le politique. Dans leur historicisation. C'est la poétique du divin, l'utopie. D'où son regard sur les idolâtries. Son incongruité : et si nous n'étions pas vraiment encore sortis d'Égypte ? Une erreur parmi d'autres. Le lieu de cette utopie : le conflit du poème avec le théologico-poétique. Henri Meschonnic écrit des poèmes, réfléchit sur le langage, et traduit la Bible. Parmi ses essais : Critique du rythme Verdier 1995), Le langage Heidegger (PUF, 1990), Politique du rythme, politique du sujet (Verdier, 1995), Poétique du traduire (Verdier, 1999). Parmi les livres de poèmes, les deux derniers : Combien de noms (L'improviste, 1999), Je n'ai pas tout entendu(Bernard Dumerchez, 2 000). Parmi ses traductions : Les cinq rouleaux (Gallimard, 1970) et Gloires (traduction des psaumes, Desclée de Brouwer, 2001).