En un temps où les relations entre prêtres et laïcs sont fortement interrogées, il est intéressant de voir comment Madeleine Delbrêl (1904-1964), assistante sociale et mystique, a elle-même inscrit ses contacts avec de nombreux prêtres. On la voit s'exprimer avec respect mais liberté et souvent aussi avec aplomb, en une période où les rôles étaient pourtant assez figés. Édifiantes notamment ses relations avec l'abbé Lorenzo, son confesseur, et le père Jacques Loew, à l'origine de l'intuition des prêtres-ouvriers. Sa vision est réaliste aussi, elle sait les pièges qui peuvent se glisser dans les relations homme-femme, où l'on tombe ou fait tomber, et elle ose les dévoiler.
Madeleine est avant tout une disciple du Christ, une femme à l'écoute de la Parole et des autres. Ses écrits sont inspirants, par sa fidélité à l'Église et sa liberté d'enfant de Dieu.
L'ouvrage s'ouvre sur le sens du silence, signe du lien important que Madeleine Delbrêl (1904-1964) fait entre prière et silence. Á ses yeux, deux grands obstacles s'opposent à la prière dans la vie des gens ordinaires : le fait d'avoir à faire face à beaucoup d'occupations et le fait de vivre dans le bruit. Pour prier, il faut un minimum de silence.
Chez Madeleine, rien ne reste seulement au stade de l'intelligence , quand elle parle d'« explosion » de l'Évangile, cela signifie qu'il se répand partout en elle, qu'elle en est habitée, qu'elle devient elle-même Évangile vivant. La lecture de la Parole prend alors en elle toute sa dimension spirituelle et missionnaire. Comme elle le dira sans craindre le paradoxe : l'Évangile n'est pas fait pour être lu, il est fait pour être reçu en nous.
Madeleine Delbrêl (1904-19064) a écrit toute sa vie sur la souffrance et la joie. L'Église a beaucoup de choses à se faire pardonner en ce domaine : un dolorisme, une forme de justification de la souffrance par l'espérance de la vie éternelle, aujourd'hui inaudible. Madeleine elle-même trompe son monde car elle était toujours gaie, au témoignage de ceux qui l'ont connue. L'histoire de sa vie montre que la souffrance l'a assez intimement touchée : séparation d'avec celui qu'elle aimait, mésentente puis séparation de ses parents et maladie psychique de son père, ses propres problèmes de santé, les crises de l'Église en France, avec en particulier la question des href=https://fr.wikipedia.org/wiki/Pr%C3%AAtre_ouvrier>prêtres-ouvriers, la crise des Équipes entre 1956 et 1958, et ce n'est là qu'une énumération sommaire et extérieure. Mais il faut aussi aller à la source de sa gaieté qui n'est pas seulement son amour naturel de la vie, mais aussi et surtout la joie de la Résurrection.
Dans Joie et souffrance chez Madeleine Delbrêl on parcours sa vie entière à travers ses textes donc certains d'entre eux sont inédits, comme plusieurs de ses poèmes, encore inconnus du grand public.
Ce livre est le fruit de la recherche opiniâtre de deux hommes passionnés. Mettant en contact avec les écrits et avec de nombreux témoignages, il renouvelle en profondeur la connaissance que l'on avait de Madeleine Delbrêl. Son itinéraire, de l'athéisme à l'éblouissement de la foi et à l'engagement, se dessine avec netteté au fil d'un récit qui parcourt ses soixante années de vie, dont plus de la moitié à Ivry-sur-Seine, près de Paris, là où, dit-elle, se trouvait une population « incroyante et pauvre ».
Tour à tour poète, assistante sociale et mystique, femme de prière et d'action, Madeleine Delbrêl (1904-1964) offre à notre société sécularisée et à l'Eglise un beau visage, riche d'inspiration pour une vie chrétienne en dialogue avec l'athéisme et la misère sous toutes ses formes. Son procès en béatification est engagé et sa réputation de sainteté ne cesse de croître.
Ce livre propose quatre études qui continuent l'ébauche biographique amorcée dans : Madeleine Delbrêl connue et inconnue, livre du centenaire paru en 2004. Le lecteur trouvera ici : Les années 1924 à 1933 révèlent la très grande profondeur de son union mystique au Christ qui la conduit d'un projet de carrière littéraire à un engagement social. De 1933 à 1940, totalement donnée au Christ et à l'Église, Madeleine mène une vie de laïque engagée. Assistante sociale professionnelle, elle découvre avec ses premières compagnes le communisme et la pauvreté ouvrière en banlieue industrielle. L'abbé J. Lorenzo était une voix qui criait l'Évangile . Pour lui, l'Évangile était d'abord fait pour être vécu . Son double rôle d'accompagnateur des Equipes et de directeur spirituel de Madeleine pendant 30 ans fait de lui une figure sacerdotale incontournable dans la compréhension de la spiritualité de Madeleine Delbrêl.Comment être missionnaire ? C'est l'invention d'une réponse adaptée à l'incroyance de leur temps qui a réuni le père Jacques Loew et Madeleine. La crise autour des prêtres ouvriers les a obligés à aller au bout de leur engagement à la suite du Christ.
Madeleine Delbrêl apparaît de plus en plus comme une des plus belles figures apostoliques du XX ? siècle, dans la ligne de Charles de Foucauld et de Thérèse de Lisieux auxquels elle s'est référée dans son dernier écrit quelques jours avant sa mort. Ce petit livre veut être une initiation à la manière dont elle a vécu dans « un coude à coude fraternel avec les incroyants et les pauvres », à Ivry-sur-Seine, de 1933 jusqu'à sa mort en 1964, en plein Concile. Il est aussi une introduction à l'ensemble de sa pensée spirituelle, rendue aujourd'hui plus accessible par la publication des oeuvres Complètes. Divisé en deux parties, la première plus biographique, la seconde plus théologique, il essaie de montrer au lecteur comment Madeleine Delbrêl est pour les chrétiens un modèle d'évangélisation, fait à la fois d'un dialogue sans concession avec l'athéisme marxiste, d'une proposition claire de la foi, d'une prière contemplative intense et de l'exercice d'une charité inconditionnelle envers tous.
Madeleine Delbrêl avait l'art de bousculer les bonnes manières et ne craignait pas de provoquer « un beau scandale de charité ». Et, au fond d'elle-même, elle était très convaincue que « de seule pitié nous pouvons être aimés », si bien que la miséricorde est une clé de compréhension de sa vie et de son oeuvre. Cette approche de la vie lui permit d'aller très loin dans la confiance et la tendresse, avec un sens aigu de la vérité. Elle savait que l'homme peut être dégoûté « de toucher de si près cette pâte à misère dont il ne sait jamais si elle est lui-même ou autrui ». Après une introduction biographique, quatre de ses textes sont ici présentés et médités, appuyés de nombreuses citations. Ils forment un parcours, car la miséricorde, venant de Dieu dont elle est l'attribut principal, fait son chemin en l'homme. Madeleine gardait de nombreuses situations concrètes comme des prières dans son missel quotidien, son « Herbier » comme elle disait, tant il est rempli d'images, de photos, d'articles de journaux et de lettres mais aussi de fleurs séchées en hommage à la Création. Un outil pour méditer et vivre la Miséricorde accompagnés par une personne qui l'a placée au coeur de sa vie. Un hommage à la création et à l'homme qui, malgré sa misère, en est le sommet. Loin des convenances, Madeleine Delbrel nous montre comment aimer chacun d'un amour « de miséricorde » sans peur du scandale et dans la vérité.