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Arfuyen
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Ainsi parlait : Etty Hillesum ; dits et maximes de vie
Etty Hillesum
- Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 9 Janvier 2020
- 9782845902923
L'édition intégrale des Écrits d'Etty Hillesum (De nagelaten geschriften van Etty Hillesum 1941-1943) a paru en néerlandais en 1986 et a été traduite dans de très nombreuses langues. Sa traduction française par Philippe Noble a paru en 2008 (Seuil, plus de 1000 pages). Hors de toute église et de toute confession, la voix de cette jeune femme est devenue pour nos contemporains une référence et un soutien essentiels.
La collection Ainsi parlait permet cette fois encore d'offrir une approche très nouvelle de l'oeuvre d'Etty en allant directement à l'essentiel de son message spirituel et en revenant au plus près du texte original. Etty y apparaît dans toute l'urgence et la spontanéité de son écriture, écrivaine toute débutante rassemblant dans des notes improvisées le matériau de ses futurs livres, quand la guerre serait finie.
On trouve dans les 228 fragments ici recueillis dans l'ensemble de ses écrits et présentés en édition bilingue néerlandais-français toute la force et la liberté de pensée de cette jeune femme exceptionnelle, affrontée à l'extermination méthodique des siens. De nombreuses réflexions qui passent souvent inaperçues dans la masse des Journaux et des Lettres sont ici mises en relief dans un phrasé qui s'efforce de retrouver un peu la spontanéité et la flamme de cette voix passionnée.
Ce qui frappe, c'est l'importance et la permanence de Rilke dans la méditation quotidienne d'Etty. Lorsqu'elle est à son tour internée au camp de Westerbork, c'est encore un livre de Rilke qu'elle emporte, avec la Bible et son dictionnaire de russe. Rilke est maître à écrire, autant que son maître de vie. C'est sur la place de Rilke dans la pensée d'Etty que se concentre ici la préface de Gérard Pfister, dans la droite ligne de celle qu'il a donnée en octobre dernier à sa traduction du Livre de la vie monastique, le livre de Rilke que cite le plus abondamment Etty.
Rappelons que, dès 2007, les Éditions Arfuyen ont publié un ouvrage intitulé Etty Hillesum, «histoire de la fille qui ne savait pas s'agenouiller », présentant trois lectures parallèles de cette oeuvre : juive (Claude Vigée), chrétienne (Dominique Sterckx) et laïque (Charles Juliet).
Cet ouvrage donnait aussi pour la première fois la parole à la famille d'Etty,?à travers le témoignage de notre cousine Liliane Hillesum, seule survivante de la famille de l'écrivaine. C'est à elle qu'est dédié le présent ouvrage.
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Ainsi parlait Tome 36 : Jean de Ruysbroeck ; dits et maximes de vie
Jean De Ruysbroeck
- Arfuyen
- Ainsi Parlait
- 13 Octobre 2022
- 9782845903364
Les Éditions Arfuyen ont publié de nombreux ouvrages liés à la mystique rhéno-flamande : à coté des grands Rhénans Eckhart (1260-1328), Tauler (1300-1361) et Suso (1296-1366), la figure majeure des Flamands est Ruysbroeck (1293-1381). Bien que très audacieux dans sa pensée de l'union à Dieu, « l'ermite de la Vallée Verte » (Groenendael), surnommé par la postérité « l'Admirable », n'a pas été condamné comme Eckhart, mais au contraire béatifié.
Ruysbroeck n'a pas suivi d'études théologiques, n'a pas pris de grades universitaires, comme Eckhart ou Tauler. Dans son « ignorance merveilleuse », il a médité l'Écriture et surtout vécu une expérience intérieure commencée jeune qu'il a décrite, dans son premier ouvrage : Le Royaume des Amants.
Dès ce livre, il a défini son idéal de vie chrétienne, « la vie commune » (ghemeine leven). L'homme qui s'y adonne doit se placer « au sommet de son esprit », écrit-il, entre « la jouissance mystique et l'action ».
Telle fut la vie au sein du monastère de Groenendael dont Ruysbroeck fut le premier prieur en 1349. A sa mort, en 1381, le monastère de Groenendael est prospère et d'un grand rayonnement.
Personnalité fascinante que celle de Ruysbroeck :
« Au fond de cette obscure forêt brabançonne, écrit Maeterlinck, son âme, ignorante et simple, reçoit, sans qu'elle le sache, les aveuglants reflets de tous les sommets solitaires et mystérieux de la pensée humaine. Il sait, à son insu, le platonisme de la Grèce ;
Il sait le soufisme de la Perse, le brahmanisme de l'Inde et le bouddhisme du Tibet. » -
Remédier aux grands désordres : prêtres, religieux, laïcs
Marie de la trinité
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 8 Septembre 2022
- 9782845903418
Prenant la suite des 7 volumes parus chez Arfuyen, les Éditions du Cerf ont sous la direction d'Éric de Clermont- Tonnerre ont publié 11 gros volumes consacrés à Marie de la Trinité : l'intégralité des Carnets (5 vol.) ; la Correspondance avec Mère Saint-Jean (3 vol.) ; la biographie écrite par Christiane Sanson ; enfin deux volumes d'études.
Un aspect essentiel de la pensée de Marie de la Trinité restait aujourd'hui à aborder : sa réflexion très stimulante et novatrice sur le rôle des laïcs dans l'Église.
Réflexion qui se fonde sur une expérience personnelle très douloureuse : « Je voudrais, écrit-elle, réunir tous les prêtres du monde et leur montrer en exemple vivant ce que c'est que de faire pression sur les consciences, de se substituer à elle ; de développer, pour obtenir plus de soumission, la défiance de soi-même. » Ce sont précisément de tels abus de pouvoir qui sont à l'origine du vaste scandale dénoncé en France par le rapport du CIASE sur la pédophilie dans l'Église.
Réflexion qui se fonde aussi sur la mission que Marie de la Trinité a reçue pour « remédier aux grands désordres ». Ces désordres, autant spirituels que psychiques, viennent de conceptions erronées de la Filiation, et en particulier de l'usurpation par les clercs d'une fausse paternité, entraînant « l'exaltation, transférée au plan religieux - mais souvent non purifiée - de leur sexualité masculine ».
« N'appelez personne sur la terre votre père », prescrit l'Évangile (Matthieu 23, 9). Pour Marie de la Trinité, le sacerdoce appartient à tous. Prêtres et religieux n'ont qu'un ministère pour le service des laïcs. C'est toute une fausse conception qu'il faut donc renverser.
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Goûter Dieu ; méditations choisies
Thomas Traherne
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 6 Février 2020
- 9782845902947
Publiées seulement en 1997, les Select Meditations ont été écrites avant les Centuries et sur une longue période, sans doute de 1664 à 1667.
Tout autant que la beauté de leur écriture, ce qui frappe dans ces textes, c'est la force de l'expérience qui les inspire. En bien des pages, ils témoignent d'un détachement et d'une lucidité qui évoquent l'Advaïta Vedanta : « Dans mes plus Intimes Retraites, certaines années, c'était comme si Personne d'autre que moi n'avait été dans le monde. Tous les Cieux étaient à moi, rien qu'à moi. Et je n'avais rien à faire d'autre qu'à cheminer avec Dieu, comme s'il n'y avait personne d'autre que Lui et Moi. Quand je vins parmi les hommes, je découvris qu'ils étaient des Trésors Surnuméraires. Et Seul je Demeure : le Goûteur de tout. » C'est une vision du monde dynamique et étonnamment moderne que Traherne nous apporte : « C'est nous qui sommes de nature Successive, l'Éternité ne l'est pas. Nous dépassons les arbres lors d'une promenade Bien qu'eux-Mêmes se tiennent immobiles. Les moments se Tiennent là, nous nous déplaçons, nous les dépassons et nous nous écrions que le Temps s'enfuit. [...] Mais il ne peut se déplacer ni même Bouger. Quelle infinie liberté dans Son Royaume ! » Toujours sa méditation de Traherne débouche sur l'émerveillement et la gratitude d'être un témoin de cette Vie et de pouvoir y participer.
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Dits de maitre eckhart (les)
Gérard Pfister
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 20 Février 2003
- 9782845900196
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Aujourd'hui conservé à la Bibliothèque Nationale et Universitaire de Strasbourg (BNU), le corpus manuscrit des oeuvres de l'Ami de Dieu de l'Oberland (XIVe siècle) et de Rulman Merswin (1307-1382) est l'un des ensembles les plus importants de cette époque en Europe. L'histoire en est extraordinaire puisqu'il provient directement des archives des Johannites de l'Île-Verte, créée par Merswin à Strasbourg (à l'emplacement de l'actuelle ENA).
Ce précieux corpus a fait l'objet au XIXe siècle de nombreux travaux universitaires en langue allemande, mais reste aujourd'hui totalement inédit en français. Seuls ont paru chez Arfuyen en 2011 Le Livre des neuf rochers de Rulman Merswin et Le Livre des cinq hommes de l'Ami de Dieu de l'Oberland.
Le présent volume réunit l'ensemble des écrits non autobiographiques de l'Ami de Dieu de l'Oberland : « Le Sage et l'Ermite » (1338) ; « L'Enseignement donné à un jeune frère » (1345) ; « Dialogue entre un moine et un jeune prêtre » (1347) ; « Les Sept oeuvres de miséricorde » (1347) ; « Épître à la Chrétienté » (1357) ; « Histoire de deux recluses » (1377) ; « Histoire de deux religieuses bavaroises » (1378) ; « L'Enseignement donné à une jeune fille » (sans date) ;
« L'Étincelle de l'âme » (1378).
Un deuxième volume sera consacré aux lettres et récits autobiographiques de et retracera l'aventure de la mystérieuse communauté qui exista autour de l'Ami de Dieu de l'Oberland et qui pourrait avoir eu pour siège les Hautes-Vosges.
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Entre dans ma gloire - carnets 1942-1946
Marie de la trinité
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 13 Mars 2003
- 9782845900202
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L'amour simplifie tout ; lettres à une carmelite
Dite Cons. Geuser
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 3 Mai 2018
- 9782845902701
En février 1910, le Carmel du Havre refuse à M.- A. de Geuser l'entrée au postulat en raison de sa santé trop fragile. Qu'importe, la jeune fille écrit à la prieure du Carmel de Pontoise, Mère Marie-Thérèse du Sacré-Coeur : « Je viens vous demander si je peux espérer être reçue un jour à Pontoise. » En mai 1911, elle reçoit son nom de carmélite :
Marie de la Trinité. Son entrée au postulat est prévue pour l'automne 1911, mais reportée du fait de l'état de santé de sa mère. La jeune fille le pressent, ce report sera définitif. Ne pouvant vivre dans le cloître du Carmel, elle en vit l'esprit. Depuis son « Carmel du Divin Bon Plaisir », elle poursuit jusqu'à sa mort sa corres-pondance avec Marie- Thérèse du Sacré-Coeur, confidente privilégiée d'une vie spirituelle d'une exceptionnelle intensité.
En 1930, cette dernière publie cette correspondance, bientôt traduite en allemand et préfacée par Gertrud von Le Fort (qui sera l'inspiratrice du fameux Dialogue des Carmélites).
Edith Stein écrit alors : « L'âme perçoit une indicible et sainte fascination à la lecture de ces lettres. » Ce qui fait l'extraordinaire de ces lettres, c'est le témoignage qu'elles donnent de l'union à Dieu dans la simplicité du quotidien, nous rendant ainsi accessible la « mystique » - c'est-à-dire la vie divine en nous - accessible. Elles manifestent que vivre cette union est possible au milieu du monde.
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Après une longue formation chez les Jésuites, avec Jean Mambrino, Roger Munier a renoncé à entrer dans la Compagnie de Jésus pour se consacrer à des études philosophiques. Aujourd'hui âgé de 84 ans, il est l'un des écrivains les plus admirés et les plus secrets de notre époque. Un film vient de lui être consacré par Patrick Zeyen, « Roger Munier, le Visiteur », qui sera présenté le 21 octobre 2008 à la Maison de la Poésie à Paris.
À travers ses nombreux livres, Roger Munier a poursuivi une méditation permanente sur notre rapport à Dieu et au Divin. Des ouvrages comme Exode, Dieu d'ombre ou Adam, tous trois parus aux Éditions Arfuyen, ont été des éléments de cette recherche. Il ressent aujourd'hui le besoin de témoigner de son expérience spirituelle sous une forme plus personnelle et plus directe. C'est pourquoi ce livre paraît dans la collection des Carnets spirituels, comme un témoignage profondément contemporain sur la foi d'un homme qui a vécu en étroit compagnonnage avec les Écritures et manifeste aujourd'hui sa manière, profonde et paradoxale, de les vivre.
Pour un psaume : le titre choisi par Roger Munier signifie bien son propos. Il s'agit, modestement, de rassembler des éléments pour une louange, une célébration. En épigraphes deux citations très significatives. La première, de Maître Eckhart : « Tant que l'âme a un Dieu, connaît un Dieu, sait un Dieu elle est loin de Dieu. C'est pourquoi c'est le désir de Dieu de s'anéantir Lui-même dans l'âme, afin que l'âme se perde elle-même. » La seconde, de Mère Teresa : « On me dit que Dieu m'aime - et pourtant la réalité des ténèbres, du froid et du vide est si grande que rien ne touche mon âme. » Dans un bref avant-propos, Munier présente ainsi son ouvrage : « Chacun des fragments ici réunis peut être entendu comme l'ébauche ou la forme en creux d'un verset d'une autre louange. Issue de nos ténèbres, cette louange peut se laisser aisément pressentir. Elle partira d'un constat : celui de la ''mort'' annoncée de Dieu. Mais de quel ''Dieu'' s'agit-il en l'occurrence, sinon d'un Dieu fait de nos désirs et de nos seuls élans, d'un Dieu qu'on pourrait qualifier de ''Dieu des hommes''. Sur cette base reconnue, la louange à venir n'aura d'autre horizon que l'absence amère, mais irradiée en elle-même, du Dieu divin. » La « mort de Dieu » annoncée par les penseurs de la modernité n'était que celle du « Dieu des hommes ». Le « Dieu divin » est bien vivant et proche de nous. C'est précisément à cause de cette extrême proximité que nous ne le voyons pas. Nous voulons le saisir par la pensée, et c'est absolument impossible : « Dieu est si inconcevable que par instants je cesse de croire en Lui. Pourquoi, touchant Dieu, la pensée du monde est-elle à ce point dans l'écart, pourquoi a-t-elle, quand elle s'exerce, un tel pouvoir de dérive ? » L'orgueil des modernes a été de prétendre tout réduire à la raison. Mais, note Munier : « À partir du moment où l'on reconnaît, qu'il y a de l'inconnaissable, quelle objection peut-on faire à Dieu ? Qu'on l'avoue, il n'y a plus qu'un léger pas vers l'adoration. » De ce point de départ Roger Munier pousse sa méditation vers une approche intime et adorante de Dieu qui trouve dans l'expérience même de son ignorance et son indignité le fondement d'une relation forte et vraie.
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Libre avec Marie de la Trinité
Frank E
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 11 Septembre 2008
- 9782845901254
Le présent ouvrage est le premier essai consacré à la spiritualité de Marie de la Trinité. Cette oeuvre est, on le sait, très abondante, d'une écriture souvent difficile et d'une originalité qui peut au premier abord déconcerter. Le présent ouvrage a pour but d'offrir tout à la fois une introduction simple à ceux qui ne connaissent pas encore la spiritualité de Marie de la Trinité, une approche éclairante à ceux qui ont de la peine à y entrer et une possibilité d'approfondissement à ceux qui souhaitent enrichir leur lecture.
«C'était un dimanche de janvier, en 2003, le soir, en la crypte romane de la cathédrale de Strabourg. Venue écouter une lecture de fragments de l'oeuvre de Silesius, je restai pour la suite de la soirée, qui proposait une approche de Marie de la Trinité. (...) Ce nom, ''Marie de la Trinité'', éveillait en moi, je ne sais pourquoi, une vague réticence : j'imaginais une figure de mystique comme statufiée, tête penchée et regard chrétien.» Ainsi commence l'essai d'Évelyne Frank, par le récit d'une découverte qui la frappe au plus intime, de la manière la plus personnelle. C'est l'actrice du Théâtre National de Strasbourg (TNS) Claire Aveline qui fait entendre ce soir-là les textes de Marie de la Trinité. Évelyne Frank est immédiatement séduite. Elle lit De l'angoisse à la paix, « Je te veux auprès de Moi », puis « Entre dans ma Gloire ». « Ma décision était prise : je travaillerais sur Marie de la Trinité. Autrement dit, non seulement je passerais des heures et des heures avec ses écrits, mais je ferais du chemin avec eux et par eux dans mon existence. » Avant d'inviter à « entrer dans la rencontre » de la Dominicaine de Flavigny, Évelyne Frank fait aussi cette constatation : « Il y a eu le grand silence de Marie de la Trinité, silence que nous essaierons de comprendre plus loin. » Pourquoi ce silence de Marie de la Trinité ? Pourquoi aussi ce long silence autour d'elle ? Car entre sa mort en 1980 et Le Petit Livre des Grâces en 2002, un seul livre a paru en français, Filiation et sacerdoce des chrétiens.
Pour rencontrer Marie de la Trinité, Évelyne Frank, lectrice attentive et subtile, adopte successivement sept angles d'approche : L'audace chez Marie de la Trinité ; Des paroles pour s'aimer ; Des paroles pour la rencontre avec le Vivant ; « J'ai gardé le silence » ; « Travaille en ma mine » ; La meilleure part ; La gloire de Dieu et notre gloire.
Angles inattendus, mais étonnamment efficaces pour dresser, par petites touches, un portrait vivant, vigoureux et moderne. Une mystique qui trouve dans le rapport au Père une source de joie et de liberté. Devenir « libre » : c'est à cela, en effet, que nous invite Marie de la Trinité. Et c'est ce qui nous est le plus difficile, surtout en cette époque d'asservissement insidieux des âmes. « Agis dans ma liberté, entend Marie de la Trinité // Et consens à recevoir » ; « En toi, tu ne peux rien, / mais en Moi, tu peux tout » ; et : « Ose tout ».
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Max de Carvalho a rencontré Soeur Catherine-Marie de la Trinité pour la première fois le jour de l'Ascension 2001 au monastère Sainte-Marie-de-Prouilhe, fondé par saint Dominique il y a huit siècles. Dans de modestes brochures vendues à la porterie, il vient de découvrir ses poèmes et a souhaité la connaître. Il lui a demandé la permission d'en faire un livre. La moniale lui a confié ses manuscrits, le laissant libre d'en composer un recueil.
Un premier ensemble de ces textes a paru en 2003 aux Éditions L'Arrière-Pays sous le titre Le Mendiant d'infini et le sous-titre Poèmes extraits des carnets d'une moniale. Au bout de quelques mois ce volume était épuisé. Depuis de longues années déjà, Max de Carvalho avait proposé à Soeur Catherine-Marie de reprendre ces textes en un volume plus complet. Le présent recueil présente l'ensemble des textes qui figuraient déjà dans le Mendiant d'infini auxquels en ont été ajoutés tout autant. L'ensemble a été entièrement révisé et refondu.
« Tandis que le monastère sommeille encore, / avant que le premier oiseau ne chante, / dans le silence veille ta servante. » Celle qui parle ainsi, d'une voix si pure qu'elle semble sans âge, est une femme de cette aube du XXI° siècle, qui fit le choix voici cinquante ans d'entrer chez les dominicaines de Sainte Marie de Prouilhe, dans la maison même que fonda saint Dominique. Elle y vit aujourd'hui encore. Lorsque Max de Carvalho la revoit pour préparer le présent recueil et lui demande de ses nouvelles : « Je suis comblée dans la Pâque du Seigneur », lui répond-elle simplement, évoquant en peu de mots son expérience quotidienne du « vide » et du « rien » dans la vie d'oraison.
De quoi nous parle-t-elle ? Non de la fureur du monde, non de la splendeur des concepts. Ni plainte ni exaltation, mais la voix à peine perceptible d'un coeur qui veille : « Prière silencieuse, / mystérieuse, / tellement cachée / et enfouie en moi / que si Tu cessais / de me la donner / je crierais / que Tu m'arraches / le coeur. » Parole d'avant les mots, d'avant tout vouloir et tout savoir : « Être sans nul savoir, / et pauvre de cette / pauvreté nue qui / ignore son trésor. » Parole parfois si difficile à entendre que la longue veille, dans l'obscurité et le froid, demeure sans aucune consolation. Et pourtant, elle n'est pas vaine cette attente : « L'angoisse de la nuit / la première verra l'aurore. » Elle n'est pas solitaire cette écoute : « Tu as fait / de ma surdité / ton ermitage. » Il est là, Celui que nous cherchons, mais notre ouïe est trop grossière pour entendre son haleine : « Impossible prière / pure prière déjà. » Écoutons cette prière : « Dieu insondable, /Toi, l'au-delà de tout, // je vis d'espérer / Ta Nuit sans image, // elle est ma source /et mon Jourdain, // mon centre, / mon abîme. // Retire-moi de ce cachot : / ma propre connaissance. // Lorsque l'inconnaissable se dérobe, / toute science est vaine. // Par Toi ma nuit touche à Ta Nuit / dépossédée de tout savoir, // Ta claire Ténèbre est mon partage, / qui m'unit enfin à Toi. » Comment ne songerait-on ici à Maître Eckhart et à Angelus Silesius ? « Étang de montagne en été, / sais-tu ce qu'il te manque / pour devenir torrent ? // Une goutte de rosée. » Ou encore : « Heureux l'homme qui voit / en son néant une coupe : / il boit le Soleil. » Ou, plus eckhartien encore : « Jésus ressuscite / s'il naît / en toi. » En d'autres poèmes, ce sont les brusques lueurs du haïku qui surgissent à nos yeux : « Le soir / aussi referme ses pétales, / fleur de montagne. » Ou bien : « Une seule marguerite / dans la prairie,// une éclaircie / dans la forêt. » Mais de quelle autre lumière peuvent-ils avoir jailli, sinon d'une authentique vie contemplative, ces beaux textes brefs de la fin du recueil : « Lorsque / je mourrai, // je naîtrai Toi. » « Ma mort / sera Ton jour. »
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Le manuel du pèlerin
Jean geiler de Kaysersberg
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 9 Septembre 2010
- 9782845901513
Cette année 2010 marque le 5° centenaire de la mort d'une des hautes figures religieuses de la Renaissance : Jean Geiler de Kaysersberg, mort en 1510. Dans son avant-propos au présent ouvrage, Jean-Pierre Grallet, archevêque de Strasbourg marque l'urgence de redécouvrir cette oeuvre : «Parmi les prédicateurs dont la voix a résonné depuis sa construction sous les voûtes de la belle cathédrale de Strasbourg, Geiler de Kaysersberg occupe assurément la place la plus illustre. [...] Je me réjouis de tout ce qui contribue à faire connaître non seulement la vie de ce personnage, mais encore sa prédication [...] Ce prédicateur s'était en effet donné pour mission de dénoncer les errements de la société et de l'Église de son temps. En cela, il ne faisait que reprendre la mission d'un Jean-Baptiste, appelant les foules à la conversion. » L'oeuvre de Geiler était totalement indisponible en français jusqu'à ce que le Jury du Prix du Patrimoine Nathan Katz prenne l'initiative de la faire traduire. C'est ainsi qu'en 2008 la Bourse de Traduction du Prix a été remise à Christiane Koch pour ses traductions du grand prédicateur. Ces textes ont paru aux Éditions Arfuyen, partenaires du Prix : La Nef des sages et le Civet de lièvre, qui ont tous deux remporté pour leur saveur un vif succès.
Ces traductions ont donné lieu ces deux dernières années à une spectaculaire réappropriation par le public de cet extraordinaire personnage, prophète et imprécateur, précurseur de la Renaissance littéraire comme de la Réforme religieuse, mais surtout grand écrivain, savoureux et novateur. Cette redécouverte se manifeste fort heureusement de manière particulièrement solennelle à l'occasion de ce 5° centenaire : expositions, journées d'études, lectures, conférences. Plus que tout, il est cependant nécessaire que cet anniversaire soit l'occasion de nouvelles traductions. Tel est l'objet du présent volume publié en collaboration avec la Fondation David Parou Saint-Jacques et qui ravira tous ceux que passionne la fécondité spirituelle du pélerinage.
Dès le XIV° siècle, le cistercien Guillaume de Digulleville décrit dans son Roman des trois pèlerinages le fidèle pèlerinant à la suite du Christ. Gerson reprend la même idée dans son Testament du Pèlerin. Que Geiler, fidèle disciple de Gerson, ait voulu écrire à sa suite ne surprendra pas. L'appel du pèlerinage demeurait très fort, même si pour beaucoup il était contrarié par les obligations du père de famille ou de la religieuse cloîtrée, obstacles d'autant plus vivement ressentis lors d'un pèlerinage de jubilé qui imposait de se rendre à Rome, déplacement très long et coûteux.
Le 22 décembre 1499 Alexandre VI publia la bulle annonçant l'ouverture de l'année jubilaire et les conditions dans lesquelles le grand pardon pourrait être obtenu en 1500. Dès le 1er mars 1500, Geiler commençait sa prédication de Carême, qui serait cette année-là entièrement consacrée au pèlerinage. Le cycle de textes qui en résulta reste l'une des oeuvres majeures de Geiler et l'une des très rares dont il veilla lui-même à la publication. Dès 1508 sortit un volume de sermons parmi lesquels figuraient les « 18 qualités du pèlerin ». En 1512 en paraît une nouvelle version allemande, le Christliche Pilgerschaft. Mais ce n'est qu'en 1513 que ce grand cycle trouva en latin sa forme complète et achevée sous le titre de Peregrinus. C'est sur cette édition qu'a été réalisée par le chanoine Jacques Robbe la présente traduction. Elle est précédés d'un avant-propos par Mgr Grallet, archevêque de Strasbourg, et d'une préface par le professeur Francis Rapp, membre de l'Institut.
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"Tout apparaissait Neuf et Etrange au début, ineffablement rare, et Délicieux, et Beau.
J'étais un petit Etranger et à mon Entrée dans le Monde j'étais Salué et Entouré de Joies innombrables. Ma Connaissance était Divine". Dans la campagne galloise, au milieu du XVIIe siècle anglais déchiré par les troubles politiques et religieux, s'élève une voix unique, souveraine, celle de Thomas Traherne. Sa prose rythmée rappelle Silesius par la fulgurance de l'aphorisme, Ruysbroeck par l'assurance de l'affirmation et Eckhart par la profondeur de l'expérience.
Traherne meurt à l'âge de trente-sept ans au terme d'une vie contemplative et solitaire. "C'était, écrit une des rares personnes qui l'ait bien connu, un homme d'un tempérament agréable et enjoué, dépourvu de ces formes d'aigreur ou de raideur, par lesquelles certains hommes prétendument pieux discréditent et dénaturent la vraie Religion davantage qu'ils ne la rendent recommandable". Il n'a cessé d'écrire, sans rien signer ni rien publier qu'un unique livre, un an avant sa mort.
Ses manuscrits sont recueillis par son frère, puis par une autre famille, pour être enfin dispersés deux siècles plus tard. En 1897, ils sont découverts chez un bouquiniste : d'abord attribués à Vaughan, puis rendus à leur véritable auteur. Les Poetical Works paraissent en 1903 suivis des Poems of Felicity, les Centuries of Meditations attendront 1908 et les Select Meditations 1997. Les découvertes continuent et l'oeuvre de Traherne apparaît aujourd'hui comme l'une des plus vastes et singulières de la littérature anglaise du XVIIe siècle.
En France, un seul volume a été publié, traduit par le philosophe Jean Wahl. Mais le chef-d'oeuvre de Traherne restait inaccessible en français : ces Centuries écrites à la fin de sa vie, "rayonnantes, écrit Jean Mambrino, d'une lumière, d'une musique presque issue d'un autre monde, à travers une prose où l'on entend comme un écho de l'innocence divine". Car Traherne ne cesse d'affirmer et de célébrer la possibilité pour l'homme de vivre dans l'éternité dès ici et maintenant : "Vous ne Goûtez pas le Monde comme il se doit tant que la Mer elle-même ne coule pas clans vos Veines, tant que vous n'êtes pas Vêtus des Cieux ni Couronnés des étoiles".
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Discours du discernement (les)
Johannes Eckhart
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 27 Novembre 2003
- 9782845900301
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Je te veux aupres de moi - agenda
Marie de la trinité
- Arfuyen
- Les Carnets Spirituels
- 3 Février 2005
- 9782845900592