Dans une relecture de la parabole du fils prodigue, Marion Muller-Colard explore, plus que son retour, le départ du fils cadet. Non seulement son départ, mais encore la nécessité de cette rupture qui le met au monde plus radicalement qu'une naissance.
De la confrontation entre le texte biblique et une analyse subversive de l'âge qualifié d'ingrat jaillissent des voies inédites de souveraineté. Un éloge de toutes nos adolescences, car il n'y a pas d'âge pour « ratifier sa naissance ».
« Cette existence qui a commencé par une vie reçue, qui se finira par une vie reprise, doit bien, un jour ou l'autre, être conquise. Ils fomentent une façon d'être autre chose qu'un débit. Ils fomentent un début. ».
Dans ce texte mêlant le récit personnel, la méditation et une relecture spirituelle du livre de Job, Marion Muller-Colard donne à entendre la foi comme une audace. De son expérience de pasteur en milieu hospitalier, elle retient la plainte existentielle de patients soudain privés des repères d'un Dieu avec lequel ils croyaient pourtant avoir passé un contrat. Relisant sa propre expérience de la menace au chevet d'un de ses fils gravement malade, elle part en quête d'une foi qui ne soit plus l'assurance illusoire d'être mis à l'abri du sort et des aléas. En cheminant avec Job, dont elle est spécialiste, l'auteur interroge la possibilité de se délester de la culpabilité et de la pensée magique pour se risquer à une confiance sans filet : celle en l'Autre Dieu. Au-delà de la plainte et de la menace, Marion Muller-Colard fait miroiter la grâce dans ce texte très incarné, composé pour tout lecteur en recherche d'une pensée théologique originale, accessible et exigeante.
Pasteur récemment retraité, Antoine Nouis propose dans ce texte un « bilan d'étape » à l'adresse de ses enfants. Ému de les voir devenus adultes, confrontés à des défis bien connus comme la parentalité ou inédits comme la crise écologique, le pasteur récapitule ses propres ressources dans l'espoir qu'elles puissent leur servir d'appui. Puisant dans l'Évangile avant tout, mais aussi dans l'alliance au long cours avec son épouse, c'est à la fois une parole pastorale et personnelle qui se déploie dans cette lettre, traçant sur la carte de la vie un chemin d'espérance, jalonnés de beaux points de vue sur la liberté, l'amour, la grâce... et la mort.
Partant sur les traces d'un vieux berger dont la rencontre, à l'adolescence, a marqué sa vie, l'auteur nous engage à danser par-dessus la faille qui nous sépare du monde depuis que le langage, l'école et les groupes humains nous ont laissé entendre que nous n'en faisions pas tout à fait partie. En quête d'un état d'enfance où l'on ne se pose pas la question de soi et où l'être est parfaitement continu d'avec tout ce qu'il perçoit, Jean Prod'hom, en poète et en philosophe, revisite les âges de la vie et suture cette césure au fil d'une grande randonnée initiatique. On en ressort comme au sommet de sa vie : réconcilié avec soi-même, remis au monde par le souffle poétique d'un homme nomade et enraciné.
Dans ce beau texte sous forme d'adresse à sa belle-fille, Antoine Nouis propose de dévoiler les spécificités de la foi protestante, et ce qui la différencie du catholicisme. Il retrace à la fois les principes, l'implantation puis l'histoire du protestantisme en France et son importance, souvent méconnue. Il montre également l'actualité et la pertinence de la foi protestante, ses points de convergence et parfois de divergence avec la foi catholique, et comment les deux traditions peuvent se nourrir l'une de l'autre.Après le succès du livre Lettre à mon gendre agnostique pour lui expliquer la foi chrétienne, Antoine Nouis propose un texte clair et brillant, qui donne un éclairage inédit sur le protestantisme contemporain.
Henry Mottu fut objecteur de conscience dans les années 1960. Il fit six mois de prison ferme dans l'ancienne prison de Saint-Antoine à Genève. En effet, les objecteurs en Suisse à cette époque étaient présentés aux tribunaux militaires qui décidaient d'une peine allant jusqu'à la prison. Le service civil n'existait pas encore et ne sera introduit qu'en 1996. Dans cet essai très personnel, il rend compte de son engagement pacifiste, mais il défend maintenant une position plus nuancée, incluant si les circonstances le demandent la résistance armée contre les tyrans. Il s'inspire alors, dans son cheminement biblique et réflexif, de la pensée de Karl Barth et de Dietrich Bonhoeffer, qui furent ses maîtres en théologie.
Dans ce texte éminemment intime et poétique, Marion Muller-Colard nous narre, avec une plume tour à tour espiègle et poignante, sa retraite de huit jours dans un centre jésuite, au pied de la Chartreuse. C'est alors l'expérience du jeûne, du silence, un retour sur soi, et surtout : la confrontation avec Dieu. Ce Dieu que l'auteure concevait enfant comme « un gros oeil noir », voilà qu'elle le découvre maître d'art martial, enseignant la souplesse, le relâchement, et l'humilité. Au bout de huit jours de combat spirituel et physique, Marion Muller-Colard redécouvre le coeur de sa foi, empreint de relâchement, et de gratitude.
Le texte est accompagné d'aquarelles de Francine Carrillo.
Un coeur sans rempart est une invitation poétique à vivre l'expérience quotidienne de la méditation chrétienne. A tous petits pas sont abordées les principales étapes que traverse habituellement celui qui désire donner ainsi corps à sa vie spirituelle. En proposant de courts textes magnifiquement écrits et délaissant volontairement le vocabulaire religieux « traditionnel », Marie-Laure Choplin nous offre un splendide voyage spirituel qui atteint le lecteur au coeur
Les premiers missionnaires débarqués au Brésil sont confrontés à un curieux paradoxe : alors que les Tupimamba acceptent volontiers la doctrine chrétienne et se convertissent, ils ne renoncent pas pour autant à leurs coutumes féroces, au cycle infernal des guerres intertribales, au cannibalisme et à la polygamie. Cette apparente inconstance, cette oscillation entre respect de la nouvelle religion et oubli de sa doctrine, entraîne finalement les Européens à déclarer que les Tupinamba sont fondamentalement sans religion, incapables de croire sérieusement en une quelconque doctrine. Dans cet essai, le célèbre anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro, figure tutélaire des études actuelles en ethnologie amazonienne, revisite les sources du XVIe siècle pour restituer les enjeux de cette « inconstance de l'âme sauvage », en laquelle se disputeraient deux manières fondamentalement différentes de penser le monde et la société. Il nous invite à remettre en cause, dans une perspective à la fois historique et anthropologique, le rapport entre culture et religion.
Où se situe ce Royaume de Dieu dont Jésus a tant parlé ? Est-il réservé à la fin des temps, ou au contraire peut-il être saisi, ici et maintenant ? C'est en méditant sur la vie, sur l'amour, sur son travail d'aumônier, sur les textes bibliques que Marie-Laure Choplin explore et révèle, d'une plume pleine de force et de grâce, ces instants où le Royaume prend place en chacun de nous.
Dans ce recueil de courts textes, denses et poétiques, Marie-Laure Choplin égrène des situations quotidiennes, des rencontres anodines, des moments en apparence banals ; elle laisse affleurer ses impressions, ses douleurs, ses doutes, ses révoltes, ses joies aussi. Le lecteur parcourt, comme autant d'étapes sur un seul chemin, ce qui fait une vie et ses petits riens. Mais par-delà ces riens, l'auteure nous plonge en réalité dans ce qui constitue le coeur des évangiles : une attention aiguë portée aux choses et aux êtres, un regard sans cesse renouvelé sur le monde, une capacité à se décaler, se mettre en retrait, s'interroger, bref donner à la vie une autre chance, et surtout : s'adosser au message de ce Jésus, à la fois si frêle et si puissant.
Une lecture qui remet la foi déliée de ses artifices au coeur de nos vies.
Comment lier Evangile et engagement politique, deux domaines a priori difficilement conciliables ? Est-il possible de redonner aux citoyens une responsabilité individuelle forte au sein de la Cité ?
Dans un essai empreint de poésie et de spiritualité, Marion Muller-Colard, l'auteure de L'Autre Dieu, nous emmène sur les traces de Jo, maire d'une grande ville française ayant quitté toute attache partisane et fervent défenseur d'une véritable démocratie participative ; elle nous plonge au coeur de la réflexion politique d'Hannah Arendt ; revient sur les prophètes bibliques, Elie en tête, dont le complexe s'articule autour du refus de s'engager pour leur communauté ; propose une interprétation novatrice de l'Amour des évangiles comme engagement social ; enfin, Marion Muller- Colard nous fait voir ce qui constitue le coeur de son monde intime, rempli de doutes, de fragilités et d'espérance.
Ce livre est né d'un étonnement surgi à la lecture d'un magnifique sermon de Maître Eckhart (l'un des prestigieux représentants de la mystique rhénane, XIIIe-XIVe siècle), qui offre pour l'époque une lecture totalement inédite du rapport entre l'action et la contemplation. La question vaut toujours, à l'heure où de multiples voies s'offrent à nous, cherchant à réconcilier spiritualité et militantisme. Méditant le célèbre épisode relaté dans l'évangile de Luc où les soeurs Marthe et Marie accueillent Jésus chez elles, le théologien rhénan suggère que c'est Marthe, la très entreprenante, qui enseigne à Marie, perdue dans son assise, la vérité du chemin spirituel.
Dans cette relecture admirative du grand mystique rhénan, Francine Carrillo souligne toute l'actualité de ces pages et relève qu'en nous ouvrant à la liberté d'être « avec le souci, non dans le souci », les deux soeurs nous convient en définitive à cultiver la fécondité de ce que François Cassingena-Trévedy rassemble sous une appellation inédite : la « contempl-action » !
L'enjeu principal du « Courage d'être », sauver l'être humain du désespoir, explique la portée considérable de cet ouvrage, l'un des dix livres les plus marquants du e siècle en ce qui concerne la reformulation contemporaine du christianisme. L'expérience de guérison et de libération qui en constitue la ligne directrice ne se laisse enfermer dans aucune description exhaustive. Le courage de la foi ou le courage comme acceptation paradoxale de soi n'est rien d'autre qu'une expression moderne du principe luthérien de la justification. Etre accepté signifie cesser d'être superflu, cesser d'« être de trop » (Sartre), être voulu par ce qui est la source et le fondement ultime du courage d'être: le Dieu au-dessus de Dieu.
En 1951, Eberhard Bethge réunit les lettres que Dietrich Bonhoeffer a rédigées durant sa captivité entre 1943 et 1945. Elles seront par la suite connues sous le titre de Résistance et soumission. Ces lettres constituent un témoignage de premier plan pour comprendre la pensée théologique de Bonhoeffer, ses interrogations, ses doutes et ses certitudes. Les lettres écrites à sa famille ainsi que ses poèmes nous révèlent également Dietrich Bonhoeffer sous un angle plus intime et plus personnel. Cette nouvelle édition de Résistance et soumission présente l'intégralité de ces lettres et de ces notes. La traduction a été entièrement revue et un appareil critique rigoureux (index, chronologie, bibliographie) permet d'avoir une vision complète de la pensée de ce théologien luthérien incontournable du XXe siècle.
A 97 ans, la mère de l'auteur annonce qu'elle va mettre fin à ses jours. La date et l'heure sont fixées. Pendant les quinze jours qui précèdent cette mort programmée, l'auteur adresse une lettre quotidienne à son père, pasteur décédé six ans plus tôt. Né à Genève et de tradition calviniste, ce père admet volontiers qu'on peut perdre la foi, mais moins volontiers qu'on manque de réponse face au scandale de la mort.
Dans l'abondante littérature pastorale depuis Gide, la figure du pasteur est celle d'un être tourmenté et peu sympathique. L'auteur rend hommage à son père pour avoir su exercer un ministère si différent. Ainsi, la culture calviniste qu'il lui a transmise apparaît pour le fils comme l'apprentissage en douceur d'un monde sans Dieu ni Maître.
« Fruit d'un chemin intérieur, c'est dans le silence et la solitude d'un ermitage que ces mots m'ont fait la grâce de venir au jour.Me dévoilant, comme une échographie, ce que je vivais au profond de moi - là où nul mot, nulle image n'existe plus. Là où l'on pourrait facilement conclure qu'il ne se passe rien, qu'il n'y a plus rien. Là où seul demeure le silence. ».
Retirée loin des hommes et du tumulte du monde, Marie Tresca a ressenti le besoin d'écrire. Des textes brefs, très profonds, qui engagent le corps et l'âme. Un véritable chant mystique contemporain par une auteure entièrement habitée par son amour pour Dieu.
A l'âge de 27 ans, Dietrich Bonhoeffer donna un cours sur Jésus-Christ à la Faculté de théologie de Berlin qui rassembla plus de deux cents auditeurs alors qu'au départ seize étudiants seulement s'y étaient inscrits. Reconstitué notamment par son ami Eberhard Bethge, ce cours reproduit ici représente une introduction magistrale du futur grand théologien à une christologie radicale. Tout au long des thèses théologiques qui la construisent, Dietrich Bonhoeffer traque les innombrables compromissions qui tentent de chercher l'être divin ou la substance transcendante de Jésus-Christ ailleurs que dans sa relation à l'être humain. Il ne s'agit pas de savoir comment était et est Jésus-Christ, mais qui il est pour moi. Formé à l'école de Harnack, converti par Barth, le Bonhoeffer de cette christologie est peu connu du lecteur francophone de " Résistance et soumission " ou " De la vie communautaire ". Ce livre permet de rencontrer ainsi un penseur dans les premières phases d'un parcours qui fera de lui une figure marquante de la théologie allemande et de la résistance jusqu'à la mort au nazisme.
La vie vaut-elle vraiment la peine d'être vécue ? Oui ! répond Lytta Basset dans ce nouveau livre composé d'articles parus d'abord dans la revue La Chair et le Souffle. Mais faire le choix de la vie implique une capacité sincère à s'ouvrir à l'altérité. En puisant dans les textes bibliques ou philosophiques autant que dans son expérience personnelle, l'auteure propose ici une réflexion qui nous relie sans cesse à l'Autre : l'autre comme proche, l'homme ou la femme aimée, l'entourage que l'on se choisit ; mais aussi l'Autre comme transcendance qui nous porte, nous élève et nous accompagne tout au long de l'existence.
Faire le choix de la vie c'est donc ne pas nier les hypocrisie et les blessures, mais plutôt parvenir à s'en servir pour exercer l'autorité sur son existence, et ainsi nous relier à l'essentiel : la foi, l'espérance et l'amour tels que l'Evangile nous y invite.
65 méditations inspirées du Nouveau Testament offrent dans ce livre de faire entendre la dimension " plus que vivante " du Christ.
Organisée en trois parties - La question, L'abandon à plus grand, La traversée de l'opacité -, cette intense méditation décline une spiritualité qui dit avec sa propre inspiration ce qu'annonce l'Evangile. Elle laisse entendre qu'il y a en Christ une vie portée à sa plus haute densité, à sa plus féconde intensité, dont la promesse est pour chacun. C'est pourquoi on lira ce qui est dit de lui non comme un en-face exemplaire, mais comme un ailleurs du-dedans qui fait rougeoyer notre braise d'humanité.
Il ne s'agit pas d'une vie en plus de la vie, mais de la vie - dans sa largeur, sa hauteur et sa profondeur - quand elle coule d'être ajustée à sa Source.
Une méditation spirituelle sur le livre de Jonas. Francine Carillo débute par une réécriture toute personnelle de la célèbre histoire du prophète avalé par une baleine, puis développe un commentaire très attaché au texte hébraïque qui lui redonne ainsi toute sa dimension existentielle et spirituelle. Beauté de la langue alliée à une subtile méditation.
Dire quelque chose de cette advenue divine au coeur de l'humain, mais hors de la précipitation d'un langage convenu qui brandirait la foi comme une évidence.
Se tenir plutôt dans la longue patience du veilleur. raconter l'énigme de la présence, dans l'humilité d'une parole qui consent d'abord à rejoindre le silence pour écouter ce dont elle est la trace. vivre est une traversée vers l'inépuisable, une sortie - hors de la petitesse oú confine la souffrance - vers l'incandescence d'un amour venu trembler un jour, dans le visage du galiléen.
Ces pages se voudraient de simples compagnes de traversée.
De semaine en semaine. pas loin d'un viatique au sens premier de " provisions pour le voyage ".
De la vie communautaire est un joyau de la littérature spirituelle.
Cet écrit se présente comme un témoignage de ce que Dietrich Bonhoeffer a vécu avec les jeunes candidats au ministère pastoral du séminaire de Finkenwalde entre 1935 et 1937. A l'automne 1938, une année après la fermeture du Séminaire par la Gestapo, le grand théologien écrit ainsi cette sorte de compte rendu spirituel, pour que la mémoire de cette expérience de "vie commune", assez singulière dans le protestantisme allemand, ne se perde pas et puisse servir la réflexion de l'Église.
Ce texte fait l'objet d'une traduction nouvelle. S'y trouve développée la distinction entre une communauté dite "psychique", marquée par la fascination à l'égard d'un chef, et une communauté spirituelle, fondée sur les liens de l'Esprit Saint qui impliquent la distance et le respect. Nulle part sans doute on n'avait mis en évidence de manière aussi concrète la médiation nécessaire du tiers, ici le Christ, entre le moi subjectif et autrui.
Quant au Livre de prières de la Bible, datant de 1940, il appartient à cette même période au cours de laquelle Bonhoeffer s'efforce, malgré l'interdiction des autorités, de regrouper ses derniers séminaristes. Il s'agit d'une introduction à la pratique de la prière des psaumes. Deux autres petits textes ont été intégrés à cet ensemble : "Le Christ dans les psaumes", datant de 1935, consacré à l'interprétation christocentrique des psaumes, dans le respect de la pleine historicité de la révélation ; et le commentaire du psaume 119, méditation émouvante, tendue, presque mystique, très proche d'une interprétation juive de la Torah.