L'humilité est tendance. La voici devenue élément de langage dautres, tels qu'ils sont choisis, codifiés, recommandés par des communicateurs avertis. D'humilité, vous entendez parler tous les jours les puissants s'en délectent, elle est une autorisation de visibilité, un droit de parole, l'adoucissant de la notoriété et un gage de confiance mutuelle. Comme si elle était de nature à « passer la pilule ». Elle sert dans les négociations difficiles, utile aux directions qui se heurtent aux oppositions syndicales, elle précède les concertations socialeselle accompagne les luttes politique et les campagnes électorales, brandies par les plus fanfarons et les plus fiers candidats, décidés à tout pour être élus. Qui se hausse pour que sa tête dépasse ne manquera pas le marchepied de l'humilité. On pourrait multiplier les exemples. Mais personne n'est dupe, et l'on est accablé de voir la diaphane humilité enrôlée au service des cyniques. Le rire qui accueille ces propos est désabusé. C'est le rire triste de la désillusion. Ce peut devenir et cela devient, de fait, une colère juste. Le mot d'humilité est usé et trompeur. Dévalorisé, annexé par la langue de bois. Il est vrai que la langue de bois est comme une deuxième nature pour ceux qui, à tout bout de champ, hissent comme une bannière la pudique et discrète humilité. Mais alors, comment la trouver sans l'aide des mots, sans l'appui des images. Que chacun essaie de tendre l'oreille sous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, qu'il retrouve le murmure de sa mémoire. Qu'à la source de son expérience personnelle, il écoute encore... Peut-être (sans doute dans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho. Mais alors, comment la trouver sans l'aide des mots, sans l'appui des images. Que chacun essaie de tendre l'oreille sous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, qu'il retrouve le murmure de sa mémoire. Qu'à la source de son expérience personnelle, il écoute encore... Peut-être (sans doute dans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho).
Il y a toujours un moment où nos yeux s'ouvrent sur l'arbre : il est là, au milieu du jardin, du paysage, de nos vies.
Et si cet arbre est l'olivier s'ouvre alors une méditation infinie. Arbre de vie, de lumière et d'huile, il est source inépuisable d'espérance, véritable trait d'union des pays méditerranéens, car indifférent aux frontières et aux conflits humains. Il transcende tout, les peuples comme les lieux.
Les religions monothéistes l'ont en partage. Dans la tradition chrétienne, il dit le mystère du Christ, le tronc travaillé de douleurs, mais toujours jeune en ses rameaux. Puissamment résilient, il incarne le miracle de la vie qui resurgit, contre toute espérance.
Une méditation biblique et poétique par l'un des exégètes les plus inventifs de notre temps.
L'auteur pose clairement la question : quelle place accorder dans l'Église aux pratiquants occasionnels ?
Lorsque de sa publication en 2017, l'ouvrage a reçu un accueil inattendu, rejoignant les préoccupations d'un grand nombre. Cette 2e édition revue et amplifiée tient compte de tous les dialogues qu'il a suscités.
En Jésus de Nazareth, Dieu lui-même se dépouille à nos yeux. Ce dépouillement radical dénude absolument notre Dieu et notre foi. Jésus lui-même s'est employé, de différentes manières, à dépouiller Dieu de toute image. Jamais, il ne parle de Dieu. Il nous Le montre dans sa relation permanente avec le Père, dans ses gestes et la parabole de sa vie.Jésus s'est employé, de différentes manières, à dépouiller Dieu de toute image. Nous devrions en reprendre conscience dans notre dialogue avec l'Islam ou le Judaïsme. Jamais, d'ailleurs, il ne parle de Dieu. Il nous Le montre dans sa relation permanente avec le Père, dans ses gestes et la parabole de sa vie. Oui, le Dieu de Jésus est relation. C'est là le sens ultime de notre foi trinitaire. Et ce qu'il nous montre, dans cette relation, c'est le passage du Dieu tout puissant au Dieu fragile, de l'autosuffisant à celui qui exprime son besoin de nous à Gethsémani. Au lavement des pieds, le maître et Seigneur s'est fait esclave pour que les victimes d'un système qui fabrique des esclaves puissent devenir les amis de Dieu.
Que connaît-on vraiment d'Ignace de Loyola ? Comme tout un chacun, l'homme a eu sa part d'ombre et de lumière, et c'est ce que ce livre entend révéler, sans tabou, en dix-neuf courts tableaux. La tâche n'est pas aisée quand il s'agit d'un homme comme Loyola. Sur son compte, se sont forgées bien des légendes, dorées ou noires, cautionnées par des compagnons, des hommes de pouvoir, des philosophes, des grands penseurs et des auteurs au-dessus de tout soupçon. Les uns voient en lui l'homme providentiel qui a introduit l'Église dans la modernité, les autres l'accusent d'y avoir introduit le ferment des hérésies modernes qui menacent ou du moins affaiblissent la foi catholique. Pour passer au-delà de ces miroirs déformants, un retour aux sources s'impose : recueillir les témoignages de ses contemporains, écouter ses confidences orales et scruter les pages sorties de sa plume. Il s'en dégage une personnalité complexe, impressionnante, et très attachante.
Les Exercices spirituels d'Ignace de Loyola, selon l'auteur, semblent appelés à entrer dans une nouvelle ère. Ils peuvent se réinventer au service d'une spiritualité pensée par et pour le peuple de Dieu.
La pratique des Exercices en groupe dans la vie courante, sous l'impulsion d'une interprétation renouvelée de l'élection, serait un chemin privilégié pour entrer dans cette « révolution » spirituelle et ecclésiale. Le souffle de la Parole en conduira la marche.
Voilà l'immense chantier auquel veut humblement contribuer ce petit livre.
Comment présenter aujourd'hui le pentateuque, alors que le modèle explicatif - l'hypothèse documentaire - qui en a assuré l'intelligibilité critique pendant près d'un siècle semble avoir vécu ? dans l'ouvrage que voici, j.
-l. ska propose les éléments d'une synthèse nouvelle.
Dans un préalable, l'auteur prend la mesure du pentateuque dans sa forme actuelle et canonique. cet état des lieux permet de faire ressortir le " relief " des textes législatifs et narratifs. des fractures significatives et des techniques rédactionnelles déterminées se laissent repérer, que l'auteur interroge de manière renouvelée. sur ces bases, en s'appuyant sur l'histoire de la recherche, j.
-l. ska propose sa propre synthèse. s'il fait le deuil d'un document complet pré-exilique, il met en lumière les tenants et aboutissants de la création du pentateuque à l'époque perse.
à la manière de jacob qui demeure blessé après la lutte avec l'ange, le pentateuque porte en lui les cicatrices de son histoire tourmentée. l'histoire de sa formation, montre j. -l. ska, se confond avec son message, parce que cette histoire est une histoire de mort et de résurrection, celle du peuple d'israël ressuscité après l'expérience mortifère de l'exil.
Depuis leur fondation, les jésuites entretiennent des rapports privilégiés avec la Chine. Unique en son genre, cet ouvrage offre une vue d'ensemble de cette longue histoire. Il met en évidence le choc identitaire et culturel que les jésuites furent les premiers à vivre en terre chinoise. En présence d'une civilisation raffinée, ils ont été amenés à inventer des nouvelles méthodes d'apostolat : s'adapter aux coutumes locales, maîtriser la langue, gagner les élites par leurs compétences scientifiques. Ces méthodes d'apostolat indirect, qui firent des jésuites les premiers diffuseurs de la culture chinoise en Europe, restent d'actualité. Sans faire l'impasse sur les événements tragiques vécus au XXe siècle par les chrétiens chinois, l'auteur souligne la chance que constitue le dialogue inévitable entre l'empire du Milieu et l'Occident.
" nous nourrir de la parole, pour que nous soyons des "serviteurs de la parole" dans notre mission d'évangélisation, c'est assurément une priorité pour l'église au début du nouveau millénaire " (jean-paul ii).
tel est, montre enzo bianchi, l'enjeu de la lectio divina aujourd'hui. trente ans après prier la parole (1974), le prieur de bose revient sur la centralité du rapport à la parole scripturaire dans l'église d'aujourd'hui car, écrit-il, " parmi tous les fruits du concile vatican 11, le plus évident fut la restitution de la parole de dieu au peuple de dieu ". les croyants qui écoutent la parole en s'exposant aux lectures du texte sacré des pères de l'église et des mystiques médiévaux lectures avérées par certaines formes de l'herméneutique contemporaine voient émerger de la bible une parole plus vive que jamais.
elle devient d'ailleurs la vie de leur vie : au creuset de la lectio - cette lecture dans la douceur et la force de l'esprit, l'existence des chrétiens devient une exégèse vivante de l'écriture, de la parole faite chair. " priez, afin que la parole du seigneur accomplisse sa course " (2 th 3,1).
Plus qu'il n'y paraît, la cosmologie porte en elle des enjeux profonds sur notre perception du monde, et encore maintenant elle continue d'être le théâtre de débats passionnés entre différentes écoles de pensée. La constellation matérialiste se défie de l'idée d'un commencement ou d'une fin de l'univers et lui préfère une immanence qui ne doit rien à personne. En face, les partisans d'une forme de transcendance préfèrent un modèle contingent inexplicable par lui-même et ouvert sur une possible altérité. Cet ouvrage suit l'ordre chronologique de la recherche sur 2 500 ans d'histoire environ, des Mésopotamiens au pape François.
Des perspectives théologiques (science et foi) sont proposées pour conclure.
Une question traverse l'ouvrage : que fait-on quand on fait de la théologie du cinéma ? Comment envisager sous l'angle théologique les films, l'esthétique, la pensée du cinéma ? Et d'abord, qu'entendre des rapports entre l'art et la théologie ?
Une question traverse l'ouvrage : que fait-on quand on fait de la théologie du cinéma ? Comment envisager sous l'angle théologique les films, l'esthétique, la pensée du cinéma ? Et d'abord, qu'entendre des rapports entre l'art et la théologie ? Il me semble que la théologie est appelée à produire un discours sur le sens des choses. Que ce sens soit « donné », comme dans la Révélation, ou qu'il s'agisse de le « découvrir » dans la réalité, l'histoire, les arts, voire de le « créer », en corrélant ensemble des univers de pensée et d'action qui ne dialoguent pas, ou même de « l'imaginer », là où l'expérience et la pensée font défaut, la théologie ne peut se contenter de l'analyse des faits, des dispositifs, des structures, des signes, des stratégies, c'est-à-dire en rester au registre phénoménal. Son « monde » est inconfortable, toujours en déplacement entre la grâce qui se donne et la nature humaine qui la reçoit, entre le visible et l'invisible de l'image, entre le « champ » et le « hors champ » qui, par leur dispositif même, posent la question du spirituel.
En 1956, G. Fessard publia le premier tome de La Dialectique des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola.Trois ans plus tard, parut le premier volume de L'Exégèse médiévale d'H. de Lubac. Le concile Vatican II reconnut l'Écriture sainte comme «l'âme de la théologie». C'est cette triple inspiration qui poussa A. Chapelle, avec l'aide de G. Chantraine et de J. Radermakers, à fonder en 1968 une nouvelle école de théologie, l'«Institut d'études théologiques» de Bruxelles. Dans ce précis méthodologique, A. Chapelle montre comment les grandes disciplines de la théologie (exégèse, dogmatique, morale et théologie fondamentale) s'abreuvent aux sources de l'Écriture relue selon les quatre sens : littéral, allégorique, moral et mystique. Après une étude sur Hegel, l'auteur se confronte à Kant, Husserl, Nietzsche, Feuerbach et Marx, et, à cette occasion, il expose clairement et vigoureusement ses options intellectuelles. Il décrit ensuite les diverses formes de conversion qu'exige l'entrée en théologie, selon la formation préalable des étudiants : tout acquis antérieur est à la fois une aide et un obstacle. Enfin, il présente le fonctionnement de l'Institut qui, depuis 45 ans, relève le défi de la crise post-conciliaire et de l'athéisme croissant en Occident.
Écrit entre 1944 et 1967, Les déserts de Dieu est inédit. Exploration des sources, de l'intériorité, de la mémoire, ce livre débute à l'enfance et aux premières rencontres, et narre la solitude de l'âme entraînée au désert par son Créateur. C'est l'histoire d'une fidélité, d'un retour constant vers la source. Mais ce huis-clos est ce qui permet à qui le vit d'élargir ensuite l'espace de la tente à l'ensemble des rencontres humaines, culturelles et spirituelles, cet «abîme» des peuples et traditions qu'Yves Raguin voulait aussi explorer. Inédit également, Dans l'attente de la vision est une méditation (terminée de même en 1967) sur l'expérience de purification que connaîtrait l'âme après la mort. Il s'agit d'appliquer aux représentations traditionnelles du Purgatoire le filtre décapant formé par ce que Les déserts suggère de l'expérience mystique.
Pour en savoir plus :
Christus n° 249 - Janvier 2016, « Yves Raguin. L'oasis de l'immanence chinoise », Claude Tuduri.
« Deux ouvrages publiés en janvier 2015 permettent de mieux connaître l'originalité et l'ampleur de l'itinéraire d'Yves Raguin. Un livre de spiritualité, édité à titre posthume, et une biographie d'Isabelle Pommel soulignent la cohérence entre les écrits spirituels et l'action missionnaire de ce jésuite mort en 1998, à 86 ans. Il a consacré sa vie à chercher et trouver Dieu dans une rencontre approfondie et créative avec l'Extrême-Orient, « vingt ans en Chine, à Taïwan et au Viêt Nam » [1]. Les déserts de Dieu « à 95 % autobiographiques » [2] ont été commencés dès 1944, puis mis en forme entre 1960 et 1967 ; ils sont suivis d'un complément au ton très eschatologique intitulé Dans l'attente de la vision. Les déserts de Dieu racontent les différentes saisons d'un cheminement de foi à la fois linéaire et cyclique ; il est linéaire en ce qu'il évoque les différentes étapes d'une expérience spirituelle bien incarnée dans une histoire et des lieux circonscrits avec clarté (...) »
Voici la première étude d'ensemble, à la fois historique et systématique, du magistère du cardinal Carlo Maria Martini (1927-2012), archevêque de Milan de 1980 à 2002. Ces pages sont le fruit d'une recherche approfondie puisée aux sources les meilleures. Après en avoir retracé le parcours intellectuel, l'auteur examine les sources de l'enseignement épiscopal de Martini, distinguant opportunément les approches biblique, patristique, spirituelle et théologique, avec une attention spéciale au langage. Le magistère lui-même est exposé ensuite en quatre chapitres : Dieu et la Trinité; l'Église; l'anthropologie et enfin la doctrine eschatologique. Damiano Modena nous brosse le tableau d'une pensée théologique, pastorale et spirituelle exemplaire, profondément ancrée dans l'Écriture sainte, où la foi et la culture, l'écoute de la Parole et celle du monde contemporain, l'attention à Dieu et le souci de l'homme s'harmonisent heureusement chez une personnalité hors du commun qui marqua la vie de l'Église et la culture européenne à la fin du XXe siècle.
Dans nos pays d'europe et de vieille chrétienté, la question de l'étranger, de l'immigré et du réfugié se fait chaque jour plus pressante.
Ainsi que le souligne enzo bianchi, elle ne peut se satisfaire de réponses convenues, qu'elles soient politiques ou autres. aux chrétiens d'europe, le prieur de bose rappelle avec force que les chrétiens se sont toujours compris eux-mêmes comme " pèlerins et étrangers " dans l'histoire, et jusque dans leurs patries. cette dimension d'" extranéité " est ce qui devrait prédisposer les croyants d'aujourd'hui à aborder autrement l'étranger.
Aux textes de la grande tradition patristique et du nouveau testament, l'auteur joint la voix de l'ancien testament, qui engage le peuple d'israël à ne jamais oublier qu'il fut lui-même un étranger. l'épisode de l'accueil par abraham des trois visiteurs aux chênes de mambré est ainsi la parabole de ce qui se joue dans toute hospitalité - et notamment chrétienne, car même dans la proximité de son christ, dieu se révèle comme étranger.
L'" extranéité ", poursuit enzo bianchi, est également, et de manière non moins radicale, une dimension constitutive de tout homme : l'étranger est en effet toujours aussi en nous. s'il y a, dès lors, à rencontrer celui qui vient d'ailleurs, c'est parce que les hommes sont tous étrangers, à eux-mêmes et aux autres, et appelés à s'accueillir.
L'éthique a-t-elle quelque chose à voir avec la spiritualité, et réciproquement ? Témoin et accompagnateur d'équipes soignantes et de groupes d'éthique clinique, l'auteur est convaincu que les acteurs du soin engagent bien plus que leur seule rationalité dans les processus de décision éthique. Il y va également de leurs convictions les plus intimes. En ce sens, la spiritualité ne devrait-elle pas être pensée comme un " en-deçà " de l'éthique ? Les soins palliatifs ne sont-ils pas le lieu privilégié où se nouent l'éthique et la spiritualité, tant pour les professionnels de la santé que pour les patients ? Face au destin personnel du malade en sa globalité, chacun est invité à s'interroger sur le sens ultime de cette souffrance. Articulant les approches éthique et spirituelle pour que toutes deux puissent être rencontrées dans le soin, l'ouvrage vise surtout à rendre crédible le terme même de spiritualité. Celui-ci est de plus en plus présent dans la littérature soignante, sans toutefois être précisé, si ce n'est en termes de nécessité, d'obligation ; ce qui n'aide ni à penser, ni à accompagner...
"Les humains sont inconsolables, affirme Jacques Attali, et tous les actes qu'ils posent essayent d'y remédier". Nous retrouvons cette désolation fondamentale dans le message biblique, spécialement dans le cri de celui qui, dans l'épreuve, reproche à Dieu son silence. C'est lors de la déportation à Babylone que le mot "consolation" va apparaître. Un groupe de croyants autour du prophète Isaïe perçoit un nouveau souffle créateur donné à celui dont le coeur reste ouvert, même au creux de la nuit.
De ce groupe va naître un courant spirituel se centrant sur l'accueil de ce mouvement intérieur où Dieu vient revivifier le dynamisme d'une personne ou d'une communauté, celle-ci éprouvant que sa solitude sera désormais habitée, quoiqu'il arrive, même dans la désolation. Ce courant culminera dans l'Evangile de Jean, où Jésus, avant de quitter ses disciples, leur fait la promesse d'un Consolateur qui sera auprès d'eux pour toujours, et dans la théologie de Paul où la consolation, depuis la résurrection du Christ, précède désormais toute désolation et se manifeste comme une confirmation concrète du salut en chaque existence individuelle.
Au XVIe siècle, Ignace de Loyola reprend le mot pour nommer l'expérience de ce mouvement affectif à la fois positif et durable, qui a guidé sa conversion et qu'il souhaite ensuite communiquer comme une bonne nouvelle à ses contemporains. Nous pouvons voir dans la naissance de la Compagnie de Jésus, l'aboutissement de ce mouvement intérieur personnel. Ignace reprend les règles antiques de discernement des Pères du désert mais il fait oeuvre novatrice puisqu'il comprend l'événement éminemment personnel de la consolation dans une visée résolument apostolique, tournée vers les autres, le contraire d'un retour sur soi et d'une fuite des responsabilités.
Cette foi en la connaissance immédiate de Dieu, fut à l'origine d'un bouleversement que l'Eglise accueillit avec autant de méfiance que d'enthousiasme. Dans cette "manière de procéder", beaucoup de points névralgiques furent touchés : la façon de penser la relation d'alliance entre Dieu et l'homme, l'éducation à la liberté, l'intériorité et à la responsabilité ; la manière d'effectuer les ministères traditionnels de l'Eglise (parole, sacrements, oeuvres de miséricorde, mission), d'honorer la gratuité inhérente à chaque culture, tout en cherchant les moyens les plus efficaces.
L'histoire de la Compagnie de Jésus pourrait être relue sous l'angle de la fidélité à cette intuition originelle.
Le cinquantième anniversaire de la mort du p.
Teilhard de chardin est l'occasion de faire valoir la profondeur de sa pensée et de son inspiration authentiquement chrétienne. imprégnée de culture scientifique, son oeuvre l'est non moins de fidélité paulinienne au mystère du christ dans la création. cette fidélité implique, pour teilhard, que le christ soit présenté dans toute sa primauté et que l'homme soit défini selon sa transcendance et son indéniable originalité dans nature.
" prophète en procès ", a-t-on dit de teilhard. ce procès, dans qu'il a d'injuste, doit pouvoir cesser, non par apologie - ce qu'il eût récusé -, mais par compréhension résolue et lucide, en tout cas toujours grande ouverte à la richesse chrétienne d'un héritage une telle importance. en un temps oú l'identité de l'homme et la pertinence de la révélation sont largement remises en question, une nouvelle évangélisation peut découvrir un véritable stimulant et un sérieux appui dans la pensée d'un p.
Teilhard de chardin. on y trouve en effet un condensé du message chrétien autour du " christ toujours plus grand " et d'une vision de l'homme conforme aux exigences conjuguées de la culture et de l'intelligence de la foi.
La polémique lancée par Blaise Pascal contre les jésuites dans ses Provinciales demeure le paradigme de l'éternel combat entre le rigorisme et la liberté morale, entre jansénisme et casuistique. Le livre tente de montrer que le 'laxisme' des casuistes, condamné par Pascal, recouvre en fait une attitude cohérente avec la vie de l'esprit (et de l'Esprit). Quant au rigorisme pascalien, il illustre les impasses d'une lecture rigide du message chrétien. Et le trahit sans doute par là même. Pascal est ensuite confronté à un génie de la casuistique : Baltasar Gracián. Les maximes de ce jésuite sont fondées sur le discernement des choix à faire en fidélité à ses raisons de vivre. Pour conclure, l'auteur montre, par de nombreux exemples, combien cette attitude réaliste peut aider à mieux appréhender notre actualité sociale et politique.
L'actualité est pleine de paroles menaçantes et de gestes violents. Que les livres saints des religions - la Torah, l'Évangile, le Coran - contiennent des appels à la violence ou soient invoqués pour justifier le mépris, voilà qui inquiète ou révolte tout être humain et davantage encore les croyants. Un juif, un chrétien et un musulman parcourent ici leurs Écritures respectives et les traditions qui s'en réclament. À bien les comprendre, contiennent-elles vraiment de tels " versets douloureux " ? Si oui, quelle attitude adopter ? Chaque communauté de croyants, instamment invitée au courage de l'autocritique, se doit d'abord de " balayer devant sa porte ", Si elle veut être fidèle au coeur du message qu'elle porte. Mais juifs, chrétiens et musulmans n'ont-ils pas en outre à découvrir les Écritures les uns des autres, à s'interroger ensemble sur la manière dont ils les lisent, à s'engager enfin pour passer du conflit et de la violence à la concertation, aux côtés de toute personne éprise de liberté et de respect ?
La ligature d'Isaac au chapitre XXII de la Genèse constitue sans doute le sommet de l'histoire d'Abraham.
Lu superficiellement, l'ordre initial de Dieu apparaît scandaleux, incohérent, inhumain. Mais est-ce bien la mort d'Isaac que Dieu réclame pour tester Abraham ? Et si la première épreuve d'Abraham consistait à devoir interpréter une parole ambiguë, et à dévoiler ainsi la vraie nature de sa relation à Dieu et à son fils ? L'approche narrative de cette page difficile et sublime permet d'apprécier à sa juste valeur l'art de la mise en scène dont font preuve les narrateurs bibliques.
Elle donne aussi d'entrer plus profondément dans l'épaisseur de la vérité du texte, une vérité qui se fait jour quand le lecteur se risque à lire lui-même, à l'aide d'une méthode à la fois souple et rigoureuse.
Il voulait être peintre, il est devenu prêtre jésuite, choisissant de "peindre avec les hommes". De sa naissance aux Pays-Bas à son apostolat (1974-1985) dans le nord de la plaine de la Békaa, au Liban, où il sera victime de la guerre qui ravage le pays, Nicolas Kluiters a suivi un chemin de pasteur. Raconter sa vie, c'est relater l'histoire d'un homme qui va à la rencontre d'hommes et de femmes d'une autre culture que la sienne, se fait accepter et devient l'un d'eux. Cette biographie nous emmène vers la paroisse étendue où le P Kluiters a oeuvré pour rapprocher toutes les communautés, réconcilier les villageois entre eux, leur insuffler de l'espoir, créer des opportunités de travail et d'éducation et de meilleures conditions de santé. Son ministère, Nicolas l'avait envisagé comme un don de soi au Christ sans limite ni condition. "Je dois être l'engrais de la terre délaissée du nord de la Békaa", avait-il écrit. Double passion qui le mènera à sa propre passion. Nicolas a semé beaucoup d'amour dans cette "bonne terre" assoiffée de reconnaissance, de foi et de développement avant de l'arroser et de l'irriguer de son sang. Le grain tombé en terre a donné beaucoup de beaux fruits.
Relation à la terre, relation au pouvoir : deux questions de toujours, mais aujourd'hui liées à l'incontournable réalité politique de l'État d'Israël. De nombreux livres traitent du conflit politique entre Israéliens et Palestiniens, mais aucun ouvrage ne présente, sur ces deux questions, les perspectives théologiques propres aux principaux acteurs du conflit : juifs, chrétiens, musulmans.Si vaste que soit la littérature sur la sainteté de la terre selon les textes bibliques et coraniques, rares sont les auteurs qui se sont aventurés dans une réflexion religieuse sur une situation politique bien réelle. Plus rares encore, ceux qui puisent aux sources de leur foi la sagesse et l'audace d'une véritable créativité théologique qui permette d'ébaucher des pistes politiques porteuses de paix et d'harmonie.Désormais, il n'est plus possible de se limiter aux dimensions éthiques d'un conflit entre deux peuples se réclamant d'une même terre. Face aux violences et à l'ébullition passionnelle, il est urgent que des croyants, revisitant leurs traditions, proposent des réflexions libres et courageuses.