Une langue limpide, des images évocatrices et fortes : à travers l'enseignement d'Al-Mustafa se dessinent quelques-uns des trésors de l'expérience humaine. Rien n'échappe à la leçon du Sage : amour, joie, liberté, douleur, connaissance de soi, beauté, couple, passion, mort... La vie la plus intime, comme les problèmes les plus quotidiens.
Hymne à la vie et à l'épanouissement de soi, Le Prophète s'impose désormais comme l'un des textes cultes du xxe siècle.
Une famille de vieux-croyants démunis à l'extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis... 1938 : telle est l'incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l'aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d'entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde. Nouvelle version du mythe de Robinson, manuel de survie dans la taïga, histoire de femme aussi, ce livre riche et multiple a rencontré lors de sa parution chez Actes Sud en 1992 un succès qui ne s'est jamais démenti. Et Agafia, sa magnifique héroïne, vit toujours, loin du " siècle ", dans la sauvage solitude de la taïga.
«La Ville est par excellence le monde de l'homme, créée par lui pour lui, mesure de sa grandeur, expression de toute civilisation, mais en même temps elle est le témoin de la démesure humaine, oeuvre de l'avidité d'argent et d'ambition, dont les hommes deviennent esclaves.» Ainsi s'exprime Jacques Ellul dans cet ouvrage qui a connu un succès considérable aux États-Unis. À travers la Bible, l'auteur découvre une surréalité de la ville. À l'origine, elle est dressée contre Dieu. Caïn, condamné à l'errance éternelle, se fait bâtisseur avec toute sa postérité : il s'agit de créer le nouveau Paradis de l'absence de Dieu. C'est pourquoi toutes les villes sont maudites : Babel, Babylone, Ninive... La cité qui était recherche de l'unité perdue, liée à la puissance et à la guerre, devient le lieu de la non-communication et cause sa propre perte... Mais au cours de l'histoire biblique, en Jérusalem, Dieu ratifie le projet humain de la ville. Jérusalem, sans cesse détruite et rebâtie, devient signe et prophétie de la Cité sainte. La dialectique de l'auteur culmine dans son interprétation à travers la destruction et l'anéantissement, du jardin à la ville...
Georges Bataille (1897-1962) est une figure singulière dans la philosophie et l'anthropologie contemporaines. Son itinéraire - profondément désordonné et tout à la fois spirituel, politique et littéraire - répond, par-delà les limites du convenu, à la volonté de révéler une vue souveraine, dégagée des servitudes qu'impose la vie. L'expérience intérieure en fournit une belle illustration, qui s'interroge sur la souffrance s'avouant du désintoxiqué, une fois que l'homme se convainc de ses deux seules certitudes : qu'il n'est pas tout et qu'il est mortel. Alors l'esprit se meut dans un monde étrange où l'angoisse et l'extase se composent. Bataille en décrit ainsi le mouvement : «C'est jouer l'homme ivre, titubant, qui, de fil en aiguille, prend sa bougie pour lui-même, la souffle, et criant de peur, à la fin, se prend pour la nuit».
Un style qui a la volupté d'une caresse et l'onction d'une prière.
Émile Zola Vie de Jésus est le premier livre, et le plus romantique, de la grande oeuvre de Renan, celle qui l'occupera toute sa vie: l'histoire des origines du christianisme.
En se proposant de tout nous raconter sans miracles, Ernest Renan livre dans ces pages la toute première « biographie » de Jésus. Loin de la sécheresse de l'érudit, l'auteur y fait de la figure de Jésus un héros extraordinaire de la condition humaine.
Succès de librairie traduit dans toute l'Europe, Vie de Jésus a déchaîné les passions à sa sortie.
À l'occasion du bicentenaire de la naissance d'Ernest Renan, Calmann-Lévy, 160 ans après sa première édition, publie cette oeuvre aujourd'hui oubliée pour faire redécouvrir l'un des plus grands livres du XIXème siècle.
Consumérisme, matérialisme, esprit de compétition, logiques du rendement et du « toujours plus »... Depuis 40 ans, l'explosion urbaine, la globalisation et la mondialisation ont bouleversé nos modes de vie. En proie à l'ivresse mercantile, l'individu est ballotté entre convoitise et peur, et finit par céder au découragement. Pourtant, d'autres voies existent. Même si elle est un objectif qui ne sera probablement jamais atteint, la guérison du monde n'est pas irréaliste. Elle est « un processus dans lequel il faut résolument s'engager ». L'homme sait mettre en place des dynamiques de solidarité, fondées sur le respect de ses semblables et de la planète, et les grandes valeurs universelles (la justice, la liberté, l'amour...) sont plus que jamais d'actualité. La solution peut venir de chacun de nous, par un travail sur soi, une conversion du regard, un changement d'attitude. Il suffit de le savoir, et de le vouloir.
Au coeur du mystère du mal qui traverse notre monde, comment envisager la beauté ? Et, allant plus loin, comment la dévisager en vérité, sans fuite ni artifice ?
À travers une méditation aux confins de l'Occident et de la grande tradition chinoise, François Cheng invite à cette authentique contemplation. Car par-delà la création artistique, la sainteté révèle la beauté de l'âme et se découvre l'autre mystère, celui du Beau qui justifie notre existence terrestre. Alors, nous ne pouvons entrer que pas à pas dans ce qui nous dépasse et nous transfigure. L'oeil ouvert et le coeur battant.
Acheter un dieu en Inde, concevoir une église dans la Silicon Valley et lancer une religion mondiale à New York. Entrez dans la conjuration !
Peut-on tout acheter, même ce qui n'a pas de prix, à savoir la foi ? Voilà la question qui assaille Juan Pablo Meneses sans cesse pris dans le tourbillon d'une société de consommation où tout est possible tant qu'il y a de l'argent sur la table. Pour y répondre, le journaliste décide de fonder sa propre religion. Première étape : acheter un dieu. Direction l'Inde, le pays qui compte le plus de religions au monde.
Une épopée à la rencontre de gourous (fortunés) et d'adeptes (en tout genre) qui permet à Pablo Meneses de mener avec humour une subtile critique du capitalisme.
Pour me ramener sur la grand-route de Dieu Cette correspondance magnifique réunit d'un côté la poétesse Marie Noël (1883-1967), qui n'a cessé, dans toute son oeuvre, d'exprimer la peine d'une âme troublée par le tragique de l'existence et, de l'autre, l'abbé Mugnier (1853-1944), qui fut le confesseur du Tout-Paris.
D'une Guerre mondiale à l'autre, ces quelque 200 lettres commentent vingt-cinq ans de vie culturelle, dans un style remarquable dont la verve passe aussi par l'humour. Elles forment surtout un document majeur sur le parcours spirituel d'une artiste profondément croyante et hantée par le doute, et pour laquelle la Conférence des évêques de France a sollicité en 2017 l'ouverture d'une cause de béatification.
Une passionnante correspondance, où se mêlent direction de conscience, réflexions sur la littérature et anecdotes mondaines.
Le Monde Un authentique événement littéraire, spirituel et intellectuel.
La Vie Texte établi par XAVIER GALMICHE
Marcher ! Apparemment, l'acte le plus naturel et le plus quotidien qui soit pour l'homme. Et pourtant, qu'y a-t-il de commun entre le moine qui déambule dans son cloître et l'explorateur qui arpente la planète, le piéton qui se déplace en ville et le pèlerin qui chemine en pleine nature ? Pas grand-chose, sans doute, sauf le fait de mettre un pied devant l'autre et, comme le dit la chanson, de recommencer. Écrivain et elle-même randonneuse, Gaële de La Brosse a rencontré quinze témoins, aux parcours très différents, mais qui ont tous un point commun : vivre la marche non pas comme un acte banal, mais comme une expérience essentielle. Ceux-ci nous invitent à sonder, à notre tour, le sens profond de notre cheminement. Avec la participation de : Olivier Lemire, Jean-Louis Étienne, Claire Colette, Édouard Cortès, Sylvain Tesson, frère Gilles Baudry, Bernard Ollivier, Thich Nhat Hanh, Olivier Bleys, David Le Breton, Frédéric Gros, Céline Anaya Gautier, Michel Gallet, frère François Cassingena-Trévedy et André Weill. AUTEUR Journaliste et éditrice, Gaële de La Brosse est cofondatrice de la revue et du réseau Chemins d'étoiles et collabore à l'hebdomadaire Le Pèlerin. Elle est notamment l'auteur de Tro Breiz, les chemins du Paradis (Presses de la Renaissance, 2006) et d'Éloge du pèlerinage (Salvator, 2021).
Ces cent cinquante contes soufis sont tirés du Mesnevi, oeuvre essentielle de Rûmî, fondateur de l'ordre des derviches tourneurs, poète, mystique et sage du Xllle siècle.
Considéré comme un commentaire du Coran, le Mesnevi ne fut pas seulement étudié dans le cadre des confréries, mais aussi dans les mosquées. Des commentaires et des traductions du persan virent le jour et le Mesnevi devint l'une des sources reconnues de l'enseignements traditionnel. Versets du Coran, Hadiths, légendes bibliques, contes hindous ou bouddhistes, péripéties de la vie quotidienne provoquent l'inspiration de Rûmî et illustrent l'enseignement soufi, à la fois tradition vivante, simple et accessible par tous, et sagesse universelle.
La Kabbale (ou "transmission") permet de comprendre la "psychologie historique" du monde juif. C'est là, pour Gershom Scholem, sa grande importance. Dans ce livre majeur, le grand historien du judaïsme évalue le rôle des courants mystiques comme ressort de la pérennité du judaïsme et définit une nouvelle approche des rapports entre mysticisme et société. Il met en valeur l'originalité d'une réflexion et la puissance d'une oeuvre, référence obligée pour qui veut rendre raison de l'efficacité continue du religieux.
Yaïr Mozes, célèbre réalisateur israélien au crépuscule de sa vie, est convié à une rétrospective en son honneur à Saint-Jacques-de-Compostelle. En compagnie de Ruth, l'actrice qui fut jadis sa muse, il revoit ses oeuvres de jeunesse. L'épreuve est troublante pour le vieil homme qui croyait avoir fait le deuil paisible de ses émotions. Au coeur de ce voyage dans le passé, un énigmatique tableau, accroché au-dessus du lit que Mozes et Ruth partageront chastement : une Charité romaine, où l'on voit une jeune femme allaiter un vieillard emprisonné.
Qui écrit le scénario de nos existences ? Et si la vie n'est qu'un songe, peut-on in extremis en corriger les faux raccords, tel un film sur une table de montage ? Dans ce roman pétillant d'intelligence, l'un des plus grands écrivains israéliens scrute l'âme d'un homme qui se demande "comment ne pas renoncer au désir pendant le peu de temps qui nous reste".
Une femme s'exprime, de manière non dogmatique, et son approche du monde s'ancre dans des lieux quotidiens : une cuisine, un train, un balcon, voire un itinéraire maternel.
À la croisée de l'essai, du journal intime, du grenre épistolaire, du récit poétique, cette suite de textes brefs saisit les instants de manière sensible et subjective, afin de célébrer « la braise du quotidien ». À l'instar de Saint-John Perse, il s'agit de « célébrer l'honneur de vivre et l'horreur de vivre ». L'exaltation de la vie ne se sépare pas de la considération et de l'accompagnement de la mort.
Dans ce livre tout à la fois personnel et universel, fondé sur un émerveillement contagieux, le lecteur pourrait bien puiser la conviction qu'envers et contre tout, comme le disait Rilke, « Être ici est une splendeur ».
Henry Mottu fut objecteur de conscience dans les années 1960. Il fit six mois de prison ferme dans l'ancienne prison de Saint-Antoine à Genève. En effet, les objecteurs en Suisse à cette époque étaient présentés aux tribunaux militaires qui décidaient d'une peine allant jusqu'à la prison. Le service civil n'existait pas encore et ne sera introduit qu'en 1996. Dans cet essai très personnel, il rend compte de son engagement pacifiste, mais il défend maintenant une position plus nuancée, incluant si les circonstances le demandent la résistance armée contre les tyrans. Il s'inspire alors, dans son cheminement biblique et réflexif, de la pensée de Karl Barth et de Dietrich Bonhoeffer, qui furent ses maîtres en théologie.
Si Guy de Larigaudie a « mené l'aventure d'un bord à l'autre des cinq continents », porté par une vitalité hors du commun autant que par sa sensibilité à la beauté du monde, il avait conscience qu'il ne faisait là que reculer les murs de son jardin d'enfance, et que son âme, elle, était toujours en prison. Ce recueil de pensées pudiques et vibrantes, écrites dans les quelques semaines précédant la Seconde Guerre mondiale dans la perspective d'un « vrai livre d'homme », témoigne ainsi d'une quête spirituelle intense et exigeante. Comme si elle entraînait derrière elle l'existence tout entière du jeune homme.
Le testament spirituel d'un routier légendaire, aventurier possédé par la joie de vivre et le désir de Dieu. Un livre culte.
Etre Clown en 99 leçons de Fabrice Hadjadj 160 pages, poche Illustrations de Philippe Fretz Voici un ovni, un objet rare, une espèce M. Teste de 2017, une parabole burlesque, d'où l'on sort aussi étonné que cabossé, quand les signes obligés de la réussite nous privent de la simplicité des choses. Fabrice Hadjadj renouvelle dans Etre clown en 99 leçons le conte philosophique, il y a du burlesque, du Chaplin dans cette petite odyssée qui est aussi une dénonciation par l'échec de nos illusions et de ce qui nous empêche d'avoir accès au monde.
Moraliste, Fabrice Hadjadj, certainement, mais aussi drôle, surprenant, nous livrant ici un livre qui pourrait être culte.
L'actualité de Maurice Zundel, la pertinence, la force et la justesse de ses propos forcent le respect et fournissent des fondements pour une vie spirituelle authentique.
Manquent des livres simples, accessibles à toute personne désireuse d'entrer en des chemins renouvelés de l'Esprit, à travers son oeuvre.
C'est l'objectif de cette anthologie de textes autour d'un thème central chez Zundel: l'émerveillement.
En effet c'est par l'émerveillement, l'étonnement que commence, puis se nourrit le cheminement spirituel.
Au cours de ces pages choisies et commentées par Virgile Rochat et Marc Donzé, on entrera peu à peu dans cette réalité spirituelle. On cherchera à en trouver les occasions, les effets et les moyens d'y parvenir.
Soyez tranquille ! Ce livre ne traite pas de ce que vous devez ou ne devez pas faire en tant que femme. Nous sommes lasses de ces ouvrages... Leurs messages semblent dire : « Tu n'es pas la femme que tu devrais être, mais si tu suis les dix étapes proposées, tu peux encore réussir ta vie. » Dans leur grande majorité, ces livres assassinent l'âme. Car la féminité ne se réduit pas à une formule.
Qui représente la vraie femme : Cendrillon, Jeanne d'Arc ou Marie-Madeleine ? Comment assumer sa vraie féminité sans tomber dans des stéréotypes ? C'est bien la dernière chose qu'il nous faut ! Il existe pourtant une essence caractéristique que Dieu a conférée à chaque femme. Nous avons toutes en commun au fond de notre coeur une même réalité profonde et vraie. C'est pourquoi nous allons nous engager dans l'exploration de la féminité par le coeur. Qu'y a-t-il au plus profond du coeur féminin ? Quels sont les désirs de la femme ? Après quoi soupirions-nous lorsque nous étions petites filles ? Comment une femme envisage-t-elle la guérison des blessures et des tragédies de sa vie ?
Entre les rêves de jeunesse et aujourd'hui, il se perd parfois quelque chose de précieux. Ce trésor, c'est le coeur, le précieux coeur féminin.
C'est un fait, les religions ont aujourd'hui mauvaise réputation. Depuis les Pères de l'Église, beaucoup d'illustres auteurs se sont livrés à l'apologétique, défendre de nos jours le catholicisme incite à prendre en compte certaines questions. La religion est-elle essentielle à l'humanité ou appartient-elle à une phase « dépassée » de celle-ci ? Est-elle une façon de se rapporter au réel et de vivre qui fortifie le sens de l'existence et alimente le goût de la vie ?
Pour le père Valadier, il s'agit de montrer que si une foi ne s'appuie pas sur une religion, elle risque de se dissoudre et de verser dans un subjectivisme qui peut conduire à nombre de violences et manipulations.
D'où la démarche de ce livre : examiner les critiques adressées aux religions instituées, s'interroger sur la pertinence de l'athéisme, réfléchir sur l'opposition foi et religion et ses enjeux, préciser ce que signifie le catholicisme comme religion, ne pas oublier certaines questions essentielles comme le silence de Dieu ou la nécessité de se réformer.
«Toute société est traversée par des caprices, ces passions furieuses qui l'entraînent dans des aventures parfois tragiques, parfois grandioses. Les caprices qui saisissent aujourd'hui notre pays sont, en un sens, des péchés capitaux:mortifères, ils nous incitent au repli sur la mémoire d'un passé dont nous savons très bien qu'il ne peut, à lui seul, être notre futur.La vraie fidélité à son histoire, pourtant, est ailleurs. Elle consiste à avancer sur un chemin, conscient de porter en soi-même tout ce qu'il faut pour explorer, découvrir, traverser les inattendus qui surgiront.Il est possible, j'en suis convaincu, de dépasser nos clivages pour y insuffler la puissance de la vie. Cette vie est celle de l'Évangile, que je découvre chaque jour un peu plus bouleversante, et qui nous rappelle l'essentiel:ce ne sont pas les frontières qui nous font hommes, mais notre commune fraternité.»Benoist de Sinety
Arrivé au terme de sa vie, Pierre Teilhard de Chardin éprouve le besoin de revenir sur la profonde unité de son itinéraire, en deux lignes convergentes, celle de la science et celle de la foi. Le Coeur de la Matière, autobiographie intellectuelle et spirituelle, affirme sa foi en une évolution cosmique, biologique et humaine dont le sens s'accomplit en un point de convergence spirituelle de la Terre, qui pour lui est le Christ. Celui-ci unifie et intériorise, en effet, dans l'Amour le mouvement d'évolution qu'il achève. C'est pourquoi Teilhard complète sa méditation par ce qu'il nomme « l'essence de son message » : Le Christique, testament spirituel qui évoque l'amorisation de l'Univers.
Ces textes ultimes ouvrent des voies encore partiellement inexplorées à la théologie comme à la spiritualité.
Nous avions publié, en 2009, la première des biographies écrites par Chesterton, celle du poète Robert Browning. Celle qu'il écrit en 1923 sursaint François, peu après sa conversion au catholicisme, est plus tardive mais tout aussi éblouissante de fraîcheur et d'intelligence. Il ne serait d'ailleurs pas impossible de tracer une liation entre les deux livres. L'admiration de Chesterton allait au Browning « démocratique », qui, dans L'Anneau et le Livre, donnait la parole à tous, du criminel au pape, car «nul n'a jamais vécu sur terre sans avoir un point de vue propre». L'homme qui parlait aux oiseaux n'était déjà pas si loin.
D'ailleurs Chesterton voit d'abord dans saint François «un poète dont l'existence entière fut un poème».
Certes, il existe beaucoup de livres sur saint François d'Assise, et beaucoup d'un abord plus savant. Mais personne n'a jamais mieux saisi l'esprit de saint François que Chesterton. C'est ce que montre avec brio Anne Weber dans sa préface: «À chaque idée toute faite, à chacune de nos représentations à la fois vagues et stéréotypées, le Saint François de Chesterton oppose une tout autre vision correspondant à une tout autre réalité.» Du coup : «Nul besoin d'être soi-même «catholique orthodoxe», comme Chesterton, ni catholique tout court, ni même d'être croyant. Du moment qu'on est un être humain, comment ne pas être ébloui face au merveilleux personnage que l'on découvre et qui ressemble si peu à l'idée que l'on se fait communément d'un saint, ni d'ailleurs à rien de ce qu'on a jamais connu.»
C'est toujours pour de « bonnes raisons » que nous jugeons autrui, au nom d'une prétendue morale chrétienne, ou de valeurs laïques qui en dérivent peu ou prou, oubliant l'affirmation de Jésus : « Moi, je ne juge personne. » Lytta Basset analyse ici notre besoin de juger l'autre, symptôme d'une peur fondamentale. En entrant dans le récit évangélique de « la femme adultère », nous devenons acteurs de ce drame dans lequel on voit les défenseurs de la morale religieuse présenter à Jésus une misérable « traînée », pour qu'il la juge. Au fil de cette lecture de l'Évangile de Jean, alors que sont convoquées quelques autres figures bibliques comme celle de Judas, nous sommes peu à peu transformés de manière subtile, renvoyés à nos angoisses personnelles, confrontés à notre être profond. Et là, guéris de toute peur par Celui qui ne juge personne, nous Le suivons enfin dans ce pays où il n'est plus question de jeter la pierre à autrui.