La Volte
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Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes?? Plutôt l'exact inverse?: des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.
Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l'éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka - volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l'armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d'une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.
Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d'IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d'écoute et d'échanges. Partout où cela s'avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez. La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d'auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif.
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Une Horde est formée pour remonter la Terre à contre-courant, dans l'espoir de découvrir l'origine du vent. 23 membres exceptionnels sélectionnés dès leur plus jeune âge, 23 fonctions précises au sein de cette 34e horde, sans doute la meilleure de tous les temps. Elle est baptisée la Horde du Contrevent.
Deuxième roman d'Alain Damasio, entre fantasy et science-fiction, emprunt de philosophie.
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2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. A la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement. Au coeur de cette glu, un mouvement, une force de frappe, des fous : la Volte. Le Dehors est leur pays, subvertir leur seule arme. Emmenés par Capt, philosophe et stratège, le peintre Kamio et le fulgurant Slift que rien ne bloque ni ne borne, ils iront au bout de leur volution - et même au delà, jusqu'à construire cette vie de partage, rouge, que personne ne pourra plus leur délaver. Premier roman de l'auteur de La Horde du Contrevent, la Zone est un livre de combat contre nos sociétés de contrôle (prix Utopiales européen 2007).
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En grande majorité, l'oeuvre de nouvelliste d'Alain Damasio est inconnue ou méconnue alors qu'on y retrouve la même puissance et le même souffle stylistique que dans ses romans, admirablement reçu par la critique et les lecteurs. Le florilège ici retenu comporte 10 nouvelles écrites entre 2000 et 2011, dont certaines inédites et d'autres déjà publiées, souvent à titre confidentiel, dans des magazines, revues ou anthologies. L'ensemble, original, cohérent et de grande qualité, comblera les passionnés de l'auteur (en attente d'un livre depuis sept ans) et amènera de nouveaux lecteurs à découvrir son univers.
Les thèmes de prédilections d'Alain Damasio y sont en effet omniprésents : le mouvement et le lien, la vitalité, l'autodépassement, le combat politique et philosophique.
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Religieuse, visionnaire, scientifique, poétesse et compositrice, l'abbesse Hildegarde de Bingen n'a cessé, depuis sa mort, d'inspirer femmes et hommes. Figure totale du Moyen-âge européen, elle déborde des limites du xii e siècle et de la vallée Rhin où elle vécut : depuis sa berge de fleuve, entre Mayence et Cologne, Hildegarde rayonne sur l'univers entier.
Née au moment où la première Croisade arrive à Jérusalem, elle meurt tandis que naissent les premiers chevaliers de romans. À son expérience de femme de pouvoir, son oeuvre mêle observations et visions, unissant sous une même énergie vitale les mondes réels, imaginaires et divins. Léo Henry crée, autour de Hildegarde, un livre-monde qui emprunte ses formes autant au récit épique, qu'à l'hagiographie ou au roman picaresque. Une fresque, qui court de la création du monde à l'Apocalypse, et explore l'intrication du temps qui passe et des histoires que nous nous racontons.
Inclassable et foisonnant, Hildegarde est un roman merveilleux, un roman de l'émerveillement.
1098 Naissance de Hildegarde à Bermersheim, dixième enfant.
1101 Première vision (3 ans).
1112 Entrée au couvent du Disibodenberg (14 ans).
1136 Hildegarde devient abbesse du Disibodenberg (38 ans).
1141 Une vision lui ordonne de révéler les messages de l'Esprit, début de la rédaction du Scivias (43 ans).
1147 Validation de ses visions par le Pape et Bernard de Clairvaux (49 ans).
1148 Fondation au Rupertsberg, près de Bingen, d'un couvent féminin indépendant (50 ans).
1150 Début de la collation d'un recueil de chants 1158 Début des voyages de prédication.
1165 Fondation à Eibingen d'un second couvent exclusivement féminin.
1170 Derniers voyages de prédication (72 ans).
1174 Achèvement du Liber divinorum operum, troisième et dernier livre de visions.
1179 Mort au couvent du Rupertsberg de Bingen (81 ans).
2012 Béatification officielle par Benoît XVI
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DE BELLEVILLE À MARNE-LA-VALLÉE, UNE BANDE D'ENFANTS PART EN CROISADE POUR METTRE LE FEU À EURODISNEY. BIENVENUE AUX AVANTS-POSTES DE LA RÉVOLUTION.
Elle est née à l'Orée du bois, une cité réduite à néant par les bulldozers des médias et de la finance. Hantée par les ruines de son Eden foiré, elle a rejoint la commune solidaire à Belleville, où l'on s'organise et lutte en marge du système répressif. Elle, c'est Fi. Quarante piges à tenter de trouver de la beauté dans ce monde fatal : Fi est un chaos de fils et d'aiguilles, de coutures impossibles. Car Fi est couturière. Et Fi est en colère.
Quand son frère Mehdi s'est immolé le jour de l'inauguration d'Eurodisney - le 12 mars 1992 - elle s'est juré de comprendre son geste. Elle a entendu les rumeurs sur l'ancien parc devenu véritable camp de concentration, les horreurs qu'on raconte sur les enfants emprisonnés. Elle ne rêve que de tout brûler. Mais on fait comment quand on est coincée dans un quartier assiégé par une police républicaine hors de contrôle et que reviennent se venger les spectres d'un événement sanglant ?
Aidée par le mystérieux François Villon, ami d'enfance de Mehdi et clé des secrets du parc, Fi se lance dans l'impossible - la trouille au ventre, prête à remuer les tréfonds de cet enfer : monter une croisade d'enfants pour partir raser Eurodisney. Pour débusquer le rongeur dans sa forteresse noire, maître invisible d'une doctrine totalitaire. Dans le merveilleux d'une robe magique, les émotions pour tissus, Fi va libérer l'imagination.
Tout en douceur.
Ce roman tant attendu fait écho à Toxoplasma, confirmant le tournant résolument poétique et politique de Sabrina Calvo.
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Impossible de dénombrer les lieux, les personnages ou les idées contenus dans ces pages. On sait qu'on y croise pêle-mêle Borges, Nina Simone, Mallarmé, Kurt Schwitters ou Hildegarde von Bingen... Mais où finira la liste ? Cet ensemble de nouvelles génère spirales et aspirations, en un vortex vertigineux. Livre-objet inclassable, en invention perpétuelle, CENT VINGT rassemble toutes les manies d'un écrivain-acrobate, agile en litté- ratures historique, poétique, ou merveilleuse.
Léo Henry pourrait écrire sur tout et n'importe quoi. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait, une fois par mois, tous les mois, pendant dix ans. Et c'est le livre que vous avez sous les yeux.
Cent vingt nouvelles, dont une cinquantaine de collaborations avec d'autres artistes - photographes, peintres, musiciens, écrivains - sous forme de polar, de cauchemar, de saloon ou de site en HTML. Léo Henry brille dans l'organisation du désordre, il se donne la possibilité de déplier son style dans toutes les situations : inépuisable d'inventivité et de poésie.
Dans ce livre qui déborde sans cesse, la lecture devient elle-même une expérience du labyrinthe.
On se prend au jeu du pistage : déplier une affiche flowchart, surprendre une voix lointaine sur un enregistrement grésillant, chercher le détail crucial dans une photo. Succession de passages entre souvenirs et rêves, personne à ce jour n'en a épuisé les galeries.
CENT VINGT compile les trésors d'un défi tenu sur dix ans, d'une écriture minutieuse et complice. -
Juin 1640 : en quittant Port-Margot, havre français perdu au milieu d'une mer espagnole, Henri Villon, capitaine du brigantin Chronos, part donner la chasse à un galion spaniard. Son but : une maravilla, une des merveilles secrètes, si rares, qui apparaissent quelquefois aux abords du nouveau monde. À bord du navire, un ballot d'échoués forme l'équipage : le bosco, dit Le Cierge, le mousse, dit La Crevette, les frères Mayenne qui font office d'égorgeurs ainsi que le maître canonnier Vent-Calme, chacun à part, tous fidèles au rêve de leur capitaine.
Mais le rêve se brise soudain quand le commodore Mendoza, la terreur des flibustiers caraïbes, envoie le Chronos par le fond.
Quelques instants avant que sombrent son destin et son navire, Henri Villon a eu le temps d'apercevoir une chose impensable, digne des plus vieilles histoires qui hantent l'âme des marins : un Léviathan de fer glissant dans l'orage, capable de cracher la foudre et d'abattre la mort.
Pour le capitaine français tombé aux mains des Espagnols, tout semble bel et bien fini. Mais dans ce nouveau monde que déchirent les cataclysmes temporels, c'est plutôt à ce moment précis que la véritable aventure commence...
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À Hoxley-sur-la-Vive, village figé dans le temps, les traditions sont scrupuleusement respectées. Trois cent soixante saints imposent à chaque jour les règles de conduite?: porter le masque d'Alice ou d'Edmund, être muet à la Sainte-Meade, disparaître totalement à la Sainte-Leander, ou dormir une journée sans pouvoir se réveiller. Comment mener l'enquête dans ces conditions?? John Nyquist espère retrouver les traces de son père dans cette contrée où les légendes sont toujours vivaces. En proie à l'hostilité des habitants, constatant disparitions soudaines et suicides suspects, le détective rassemble un à un les fils d'une trame dans laquelle il a visiblement un rôle à jouer. Après Un homme d'ombres (2020) et La Ville des histoires (2022), Jeff Noon, sorte de Lewis Carroll sous acide, se joue des codes du polar et du fantastique avec cette nouvelle aventure de son détective solitaire, rugueux et cabossé.
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L'humanite´ a su e´viter lae catastrophe et a change´ totalement san mode d'existence, notamment san rapport a` la vivante, et san organisation politique. L'E´coume est en effet respectueun de toutes, des ve´ge´tales et des animales, de lae Terre en voie de gue´rison. Cependant l'apparition de Sitive, une plane`te a` l'e´co-syste`me totalement incompre´hensible, bouleverse lae conception de notre monde, de lae science a` lae religion.
Elle s'appelle Ne´ea et san neuro-prothe`se lui permet de marcher, de penser, il s'appelle Ugo et l'aide al quotidien, elle s'appelle Paloma, est danseuse et rentre de tourne´e, il s'appelle Basile, a e´te´ e´lu gouverneur et doit ge´rer nombre de crises, y compris dans san famille...
Les habitantes de l'E´coume ne vont pas bien : est-ce les infor- mations communique´es par lae mission d'exploration de Sitive qui les inquie`tent ou la plane`te influe-t-elle vraiment sur l'esprit des humaines ?
« Fiction-panier » selon les termes d'Ursula Le Guin, pluto^t qu'histoire he´roi¨que, tout simplement an magnifique roman tendu par l'affolement progressiven des Terriennes face a` l'inconnu. C'est e´galement an expe´rience de lecture d'an langage qui aura e´te´ refac¸onne´ pour correspondre a`n socie´te´ plus juste, exempte de rapports de domination et de pre´dation. -
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Surgie d'un épisode fiévreux de Philippe Curval lors d'un séjour à l'hôpital, la saga de la famille Tronche met en scène une héroïne avant-gardiste et libre, incarnation des années 60' : Rosépine.
Fuyant sa famille vers Paris dès son plus jeune âge, certaine de porter en elle un destin singulier, Rosépine devient tour à tour maçonne, styliste en tricot pour les plus grandes maisons de mode. Avant de s'installer dans un village insolite de ses Cévennes natales afin de réaliser une oeuvre picturale, révolutionnaire pour son temps, qui l'amènera à la conquête de New York. Paysages magnifiques, rencontres amoureuses et sensuelles, plongée visionnaire au coeur de l'art contemporain, l'auteur s'inspire de faits et personnages issus de ses fantasmes familiaux, pour raconter une époque, dans un tourbillon des sens. Plus qu'une autofiction, une extrafiction. -
« Ça, c'est le taureau en train de violer Europe [...].
Ça, c'est l'aigle avant qu'il agresse Astérie, l'arrachant à la terre de ses griffes.
Ça, c'est Léda broyée sous un cygne. ».
Tout porterait à croire que Sirène, debout est un pied de nez fait aux Métamorphoses. Or, rien ne serait plus erroné. De son livre fétiche l'autrice tire un recueil de textes hybrides et polyphoniques où Antiquité et monde contemporain se confondent et se confrontent dans un hommage vivant et actuel au récit d'Ovide.
Les récits, renversement du point de vue des Métamorphoses au profit des personnages prédatés, s'affranchissent du regard masculin et dominant qui structure la manière dont le texte d'Ovide a été raconté, interprété et représenté.
En imaginant un choeur incarné de victimes coléreuses et combatives, racontant sans détours les oppressions subies, Nina MacLaughlin met à nu les mécanismes de la violence indissociables des problématiques de genre et de classe. De son verbe oral et farouche, sorte d'héritage d'un nature writing, elle éclaire d'une lumière nouvelle un texte fondateur de notre patrimoine mondial, et l'enrichit.
Vous connaissez tous et toutes une Daphné, une Arachné, une Écho, un Penthée. Vous les croisez tous les jours, au bureau, dans le métro, au supermarché, en soirée. Un livre décentré, cathartique et jouissif. Enfin ! -
Paideia : du grec ancien, éducation et instruction de la perfection et de l'excellence visant à former les meilleurs citoyens, à même de créer la cité idéale.
Dix petites filles dans dix stations en orbite autour de la Lune, derniers espoirs de l'humanité morte sur une Terre empoisonnée.
À l'instar d'un classique de la SF spatiale, tout commence comme une renaissance triomphante du projet humain mais au final, rien ne se passe comme prévu.
Parce que l'une d'elles rêve d'arpenter les planètes, qu'elle est le souffre-douleur des autres, et surtout parce qu'elle est moins intelligente (4,2 seulement sur l'échelle de Breuil-Rostocka alors que les autres sont 4,5 ou 4,6). Ainsi, pour se faire accepter de ses condisciples, elle relève un défi stupide et découvre ce qu'on leur cache : leur destin de futures mères de l'humanité, sur la Lune terraformée, où elles passeront toute leur existence.
« Adieu Mars et la conquête des planètes ! » On n'envoie pas une gamine enceinte dans l'espace criblé de radiations cosmiques... Alors elle voit rouge. Mais comment agir depuis sa boîte de conserve, seule au milieu du vide ? Où peut-elle aller quand la Terre irradie de poison ? Qui rallier à sa cause ? -
Léria est un continent balayé par des marées vertes, de violentes poussées végétales aussi mortelles que fécondes, rebattant sans cesse les cartes des géographes, les équilibres politiques et technologiques, transformant l'agriculture en un glanage erratique au fond des champs précaires. À l'abri derrière les cuves de bio-gression, les Lériotes se protègent de leurs assauts dans les cités-États, à la main des Symbiotes et de leur pouvoir autoritaire.
Pourtant, entre ces petits points qui e´toilent Le´ria, dans les zones fauves où piratent les Liards, un peuple a pris le parti du cataclysme, faisant de la marée une épreuve, une rencontre et une aventure, sculptant son utopie au coeur de la catastrophe : la Trame n'a ni carte ni chef, et chaque trameur, chaque trameuse n'a pour seule règle que son Pas, par lequel il tisse son rythme propre dans la murmuration nomade. C'est un peuple de bricoleuses et de cueilleurs orpaillant la marée verte, récoltant dans son péril des trésors végétaux dont ils feront des fripes, de la nourriture et des équipements, ou une simple monnaie d'échange dans les allées du marché noir. C'est parmi eux que Chiffe inventera son Pas, aux côtés des forceurs et des blindeuses, des dérivants, de Lige et d'Angénor, du hueur Malok qui annonce l'arrivée des marées, et des mères-moires qui tissent dans leur caravane la longue trame racontant l'histoire de leur peuple. -
Lanvil, mégapole caribéenne, vitrine rutilante des diversités culturelles, havre pour tous les migrants du monde, est au centre de tous les regards.
À la pointe de la technologie, constellée d'écrans, la ville s'élève de plus en plus haut mais elle oublie les trames qui se tissent en son sein. Pat et sa bande de débouya vivent de magouilles et de braquages. Joe et Patson courent de galère en galère, poursuivis par les flics. Ézie et sa soeur Lonia, traductrices, infiltrent les hautes sphères des corpolitiques. Toutes et tous rêvent en secret de retrouver la terre de leurs ancêtres, le Tout-monde, enseveli quelque part sous le béton. Pour y parvenir, un seul chemin : faire tomber les murs entre l'anba et l'anwo, et renverser l'ordre établi.
Roman choral irrigué par une langue hybridée et vibrionnante, Tè mawon ouvre la voie à une science-fiction caribéenne francophone, inventive et décoloniale.
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PROMENADES DANS LA COMMUNE IMAGINAIRE DE BELLEVILLE.
Les forces de l'ordre sont aux portes du quartier, mais les habitant·e·s du quartier s'organisent. Deux membres de la Commune libre de Belleville arpentent les différents secteurs du territoire.
À travers les pérégrinations de Bri et dilem, c'est l'autonomie d'un quartier assiégé - acquise à la fois en puisant dans ses racines historiqueset en se projettant dans les pratiques alternatives d'une logistique humaine un peu folle - dont il est question. Non pas seulement une utopie mais un terrain surréaliste ancré dans un contemporain urbain aux questions bien réelles : comment nourrir une population, comment composer les amitiés, comment interroger les structures de domination liées au genre et à la classe, aussi bien dans la société qu'au sein des espaces de militance. Comment vivre au quotidien l'enfer d'un futur repressif ?
En echo au monde de Melmoth furieux de Sabrina Calvo, une plongée semi-documentaire dans un Belleville à peine réinventé, où luttes solidaires et espoirs poétiques se mêlent aux enjeux du vivant.
Après Un souvenir de Loti, Résolution et Collisions par temps calme, Maraude est la dernière addition de la collection EUTOPIA, dédiée aux nouvelles utopies : un champ des possibles positif. -
Sylas mène une vie heureuse sur son île. Il fait le métier qu'il aime, dans la maison qu'il aime, entouré des rares personnes qu'il aime. Mieux que ça?: il sait que le monde est beau, paisible, fluide grâce à Simri, l'artefact sapiens présidant au confort de l'humanité depuis 50 ans. Une super-IA, en gros, dont le déploiement global a porté l'humanité vers un avenir serein. Sylas partage sa vie entre son travail d'analyste système au service de Simri et sa passion pour la conception de bateaux. Oui, le monde est beau et va bien, vraiment, pour tous. Mais Calie, la soeur de Sylas, veut quitter ce monde. Demander à quitter le giron protecteur de Simri, qui veille au bien-être de tous, c'est rare, mais possible. Simri accorde aux personnes qui le désirent le droit de se soustraire à son attention. Mais Sylas ne s'attendait pas à ce que cela arrive à sa soeur, et cela lui est douloureux. S'il espère la faire changer d'avis, il sait que leurs trajectoires respectives ne peuvent aboutir qu'à une collision. Une collision par temps calme dans un ciel sans nuages.
Collisions par temps calme raconte les déchirements entre un frère et une soeur n'ayant pas le même point de vue sur le monde. L'un s'en satisfait, l'autre n'y trouve pas sa place. Tour de force métaphysique et littéraire, alternant les deux points de vue de façon originale, le dernier livre de Stéphane Beauverger est la chronique d'une utopie qui a réussi, acceptant ceux qui n'en veulent pas. Écho de ce que pourrait être notre monde s'il avait pris une voie différente.
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Il ne s'appelle pas ; il est cet anonyme, cet étranger habitant à la marge des villes avec sa tante Libby et son oncle Darren :
Un garçon sur le point de devenir adulte et confronté à un choix qui décidera de son avenir. Doit-il croire au pied de la lettre les récits d'apparence fantasques de son grandpère, emplis de conseils absurdes relatifs au quotidien des loups-garous, ou bien grandir comme n'importe quel enfant humain et rejeter cette prétendue « anormalité » qui le condamnerait à vivre en rebut ? Ce n'est pas comme s'il n'endurait pas déjà cette existence de marginal, de paria.
Car comment bien s'intégrer à la société lorsque l'on déménage tous les deux mois dans une nouvelle bourgade du sud des États-Unis, que l'on loge dans des voitures ou des roulottes insalubres, que l'on se nourrit au petit bonheur la chance ? Être ou ne pas être loup-garou, quelle différence, après tout ?
Avec drôlerie, avec une tendresse sauvage, Stephen Graham Jones nous invite à accompagner ce garçon sur la route de son identité. Une route cabossée, pleine de cahots et de méandres sinistres, mais ponctuée d'instants de félicité qui brillent dans la nuit environnante. On ressort de cette lecture tout ébouriffé, avec des envies de hurler à la lune et de courir dans les bois, une saveur à la fois douce et puissante sur la langue.
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Apocalypse blanche (la sirène sous la cime)
Jacques Amblard
- La volte
- Imaginaire
- 20 Octobre 2022
- 9782370492043
Années 2050. La Terre, en pleine extase sismique, rate in extremis son but pur, son rêve métaphysique : l'extermination de l'espèce humaine. Conséquence des cataclysmes, outre onze milliards de morts, des monts, au Chili, en Alaska, ont grandi. L'un d'eux, dit-on, atteindrait 16 000 mètres d'altitude.
Ce « Strato-McKinley » défie les Chamoniards encore en vie. Naît l'alpinisme « zen » ou « stratosphérique ». C'est là que j'interviens, mon vieux aussi, taiseux, nudiste - inventeur de l'alpinu - et bientôt disparu. En vingt ans j'échoue six fois au mont suprême. Pire, on m'implique dans le massacre de 87 zigues au camp de base. Et pire encore, à mon septième assaut du Strato (ce monstre glacé dont la Pensée me hante), cette fois j'ai un fil à la patte imposé par notre louche gouvernement mondial. Interdiction d'échouer, sous peine de mort - quand menace l'Apocalypse Snow finale.
Et le vieux - le plus grand alpiniste connu - qui ne reparaît toujours pas ? Je me rappelle au moins son enseignement :
« La vérité est le contraire de ce qu'on pense ».
Ce roman inaugure un nouveau genre, celui de l'alpinisme d'anticipation, avec une langue qui joue du vocabulaire de la haute montagne, de la varappe et de la glisse, et qui plonge dans les sensations d'ivresse, d'idéal des cimes, là où surgit un sublime ultime.
Un roman dingue. -
Dans la lignée des recueils Faites demi-tour dès que possible (nouvelles régionales), ou Ceux qui nous veulent du bien (avec la Ligue des Droits de l'Homme sur les nouvelles technologies), La Volte s'associe avec La Cité du design. Dans le cadre de la biennale du Design en mars 2017, une curation a été confiée à Alain Damasio et Norbert Merjagnan, ainsi que le collectif de SF Zanzibar, sur l'avenir du travail.
Des courts textes et des sons réalisés pour la biennale par Phaune radio sont rassemblés en un CD inséré dans le livre.
Illustration de chaque nouvelle par un objet design représenté à la Biennale.
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À l'origine fut un manuscrit du Xe siècle. Apocryphe, peut-être pas.
À l'origine furent huit femmes, chacune venue d'un lointain horizon, unies dans une grotte au coeur de la forêt.Ensemble, elles racontent ou taisent leur vie de recluses, leur destinée loin du monde et pourtant si proche de lui. Elles parlent mille langues en une seule, mêlant leur âme en un poème morcelé que l'autrice ensuite cimente d'or et de miel. Et de cette tresse de mots naîtra l'apocalypse.
Dans ses cahiers, l'autrice a minutieusement recousu l'histoire de cette constellation féministe, désormais sanctuaire que le temps s'est chargé d'éroder. Mais son enquête se dilue avec sa mémoire. Les souvenirs se troublent : n'est-ce pas elle, cette entité manquante, la neuvième femme ayant appartenu à ce clan d'illuminées radieuses ? A-t-elle réellement écrit ces fragments aux côtés de ses soeurs d'antan ?
Il subsiste de leurs existences des traces indicibles que seule l'écriture parvient à faire rejaillir. Parmi les odeurs d'écorces et les accents d'anciens parlers, c'est à l'aube de l'an mil qu'irradient le vécu de ces femmes et leur puissance épiphanique.
Aux antipodes du roman historique ou du roman de fantasy, Agrapharenoue avec les sources de la matière médiévale tout en proposant une expérience historique à la fois plus immersive - donc familière - grâce à son processus narratif ; et plus étrangère - donc plus exotique - grâce à son parti-pris langagier radical.
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Qu'est-ce qu'une spline ? C'est une fonction mathématique qui permet d'approcher des distances, elle est aussi utilisée en statistique en tant qu'outil de prospective, qui procède par interpolation. Et c'est par des interpolations topographiques que luvan fait surgir comme par magie des scènes, un passé enfoui ou un futur inventé, à partir d'un bâtiment mystérieux ou familier, en vue d'en extraire l'essence même. Forant ainsi chaque détail faisant histoire, l'autrice pousse à son extrême la poétique de la ruine pour invoquer le monde malgré nous, aux confins de l'utopie.
Ce clin d'oeil au spleen, malicieuse résonance littéraire, annonce 29 textes entremêlant tous les genres, de la fiction à la non-fiction, jusqu'à nous faire ressentir une reconfiguration étonnante de notre regard. -
Le dehors de toute chose
Alain Damasio, Benjamin Mayet
- La volte
- Imaginaire
- 11 Mai 2016
- 9782370490162
2084. Orwell est loin désormais. Le totalitarisme a pris les traits bonhommes de la social-démocratie. Laquelle ? La nôtre.
Souriez, vous êtes gérés ! Le citoyen ne s'opprime plus : il se fabrique. À la pâte à norme, au confort, au consensus. Copie qu'on forme, tout simplement.
«Se libérer, ne croyez surtout pas que c'est être soi-même. C'est s'inventer comme autre que soi. Autres forces : flux, fluides, flammes. Autres formes : métamorphoses. Déchirez la gangue qui scande «vous êtes ceci», «vous êtes cela», «vous êtes.». Ne soyez rien : devenez sans cesse. L'intériorité est un piège. L'individu ? une camisole. Soyez toujours pour vous-même votre dehors. Le dehors de toute chose. » Demande sécuritaire, autocensure, surveillance citoyenne élargie, gestion subtile des flux humains, la société de contrôle repérée par Deleuze et Foucault s'inscrit désormais dans nos vies.
Le premier roman, La zone du dehors, d'Alain Damasio est paru en 1997 chez Cylibris, puis repris en mars 2007 à La Volte. La version Folio a dépassé les 60 000 ventes, tandis que La Horde du Contrevent les 150 000 exemplaires.
Le souffle épique et la philosophie en actes, ce roman à longue portée politique va au-delà des seuls adeptes de la science- fiction pour toucher tous ceux qui n'acceptent pas que leur liberté soit bradée sur le marché du confort et de la sécurité.