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Epique
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En avril 2021, Emmanuel Lascoux publiait sa « nouvelle version » de L'Odyssée d'Homère (P.O.L) qui créa la surprise. Il récidive aujourd'hui avec L'Iliade, dans une nouvelle traduction du texte grec d'Homère, à partir de son travail original sur le grec ancien qu'il rythme, chante et crie depuis plusieurs années. Cette épopée se déroule pendant la guerre de Troie entre les Achéens venus de toute la Grèce et les Troyens et leurs alliés, chaque camp étant soutenu par de multiples divinités comme Athéna, Poséidon ou Apollon. La « version » de Lascoux bouleverse également notre réception de cette épopée fondatrice. « Passez votre chemin, si vous cherchez la justice, écrit Lascoux dans une prodigieuse préface rédigée comme une dramaturgie sonore du texte homérique. Ici, tout est motif à protester, à sortir de ses gonds : la vie est doublement injuste pour les hommes, à commencer par sa fin, et à remonter toutes les frustrations qui la précèdent, et simplement injuste pour les dieux, si l'on en croit leurs sempiternelles protestations, et le rappel des mauvais moments de leur éternité. Le même Apollon, là, qui punit maintenant les Achéens, qui avantage les Troyens, rappelez-vous tout ce qu'il a souffert pour les bâtir, les murs de Troie, esclave de Laomédon, le père de Priam, avec l'autre grand coléreux, Poséidon, le dieu qui secoue terre et mer de ne pas avaler la manière dont Zeus et Hadès, ses deux frères, ont fait le partage au grand Yalta de la Seconde Guerre Cosmique. »
Cette « version française » de la célèbre épopée homérique réalise l'union paradoxale du plus grand respect du texte, et de la plus grande liberté de jeu, restituant en français contemporain le « phrasé » de la langue polyphonique de l'aède. Sans jamais oublier que dans l'antiquité grecque, dès l'épopée, « la musique réglait tout, jusqu'à la politique » (Lascoux), et l'aède était « le premier polyphoniste, l'homme-orchestre ». Comme Emmanuel Lascoux aujourd'hui. -
Présentation du roman courtois Pour la première fois, un poème épique écrit en yiddish ancien est traduit en français. Cet événement, l'Antilope le doit à Arnaud Bikard, maître de conférences en culture et langue yiddish à l'Inalco (Paris) et spécialiste de littérature yiddish ancienne.
Arnaud Bikard s'est attelé avec passion à la traduction de Pariz un Vienè, un roman courtois yiddish écrit en vers, et propose avec sa traduction sous le titre Le Chevalier Paris et la Princesse Vienne, une véritable prouesse, puisqu'il respecte la forme du poème épique avec plus de six mille vers en alexandrins.
Pariz un Vienè est l'adaptation d'une grande histoire d'amour entre le chevalier Paris et la princesse Vienne, écrite en provençal et intitulée Paris et Vienne, en référence aux deux villes françaises. Plus tard, cette version provençale a été adaptée dans la plupart des langues européennes. Pour la version yiddish, Elia Levita, qui vivait en Italie, s'inspire de la version italienne.
Chacun des dix chants de ce poème épique est introduit par un prologue satirique - une innovation poétique majeure héritée de L'Arioste, un grand poète italien contemporain de Elia Levita - grâce auquel l'auteur tend un miroir à la société juive.
Son roman relate, sous une versification très fine, l'histoire d'amour entre Paris et Vienne. L'union entre Paris, fils de messire Jacques, et Vienne, fille unique de Dolphin et de Diane, est impossible. Leur passion est contrariée par le poids des contraintes sociales. Sans compter les mille et une embûches et les épisodes guerriers qui constituent autant d'intrigues dans l'intrigue.
Avec la version yiddish, Elia Levita modifie radicalement la portée du poème : ce n'est plus seulement un roman courtois, mais un texte juif imprégné d'une connaissance profonde des pratiques et des croyances juives. -
Il s'agit d'abord d'un cantique d'amour de la célèbre poétesse de Lesbos, qui composa en son temps diverses prières et chants de «noces». Mais il s'agit aussi de cent traductions choisies auxquelles ce poème a donné lieu, depuis Catulle jusqu'à nos jours en passant par Ronsard, Boileau, Lamartine, Banville, Richepin, Marguerite Yourcenar, etc.
L'extrême diversité des traductions témoigne de la sensibilité de chaque traducteur et, à travers elle, de celle de leur époque, des rapports entre un héritage culturel et ses héritiers, entre le lecteur et la littérature elle-même.
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Kokin Waka Shu : recueil de poèmes japonais d'hier et d aujourd'hui
Collectif
- Belles Lettres
- Japon
- 10 Juin 2022
- 9782251453088
Sans doute achevée vers 913, cette anthologie rassemble mille cent onze poèmes, presque tous des tanka (poèmes de 31 syllabes), représentant un siècle et demi de création poétique. Le Kokin waka shû marqua de manière définitive - et jusqu'à nos jours - la sensibilité et la perception de la nature des Japonais ; son influence sur la littérature postérieure - prose et poésie - est considérable. Il s'agit de sa première traduction intégrale en français.
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«Antres noirs du passé, porches de la durée Sans dates, sans rayons, sombre et démesurée, Cycles antérieurs à l'homme, chaos, cieux, Monde terrible et plein d'êtres mystérieux, Ô brume épouvantable ou les préadamites Apparaissent, debout dans l'ombre sans limites, Qui pourrait vous sonder, gouffres, temps inconnus ! Le penseur qui, pareil aux pauvres, va pieds nus Par respect pour Celui qu'on ne voit pas, le mage, Fouille la profondeur et l'origine et l'âge, Creuse et cherche au-delà des colosses, plus loin Que les faits dont le ciel d'à présent est témoin, Arrive en pâlissant aux choses soupçonnées, Et trouve, en soulevant des ténèbres d'années, Et des couches de jours, de mondes, de néants, Les siècles monstres morts sous les siècles géants. Et c'est ainsi que songe au fond des nuits le sage Dont un reflet d'abîme éclaire le visage.» Extrait de Et nox facta est, IX
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La lignée des fils du soleil : le raghuvamsa de kalidasa
Louis Renou
- Belles Lettres
- Serie Indienne
- 30 Mars 2022
- 9782251453033
Dans ce chef-d'oeuvre de la poésie épique sanskrite, Kalidasa raconte en 19 chants l'histoire de la dynastie mythologique des Fils du Soleil. Le poème est centré sur la figure de Rama, incarnation de Vishnu dans cette prestigieuse lignée. Les neuf premiers chants sont consacrés aux quatre prédécesseurs de Rama, de pieux rois dont les dieux mettent la vertu à l'épreuve par de subtiles malédictions et de terrifiants assauts. Dans les six chants suivants, l'auteur narre sa version du Ramayana. Il sélectionne dans la célèbre épopée de Valmiki les passages les plus propices à de somptueux développements lyriques :
La naissance miraculeuse de Rama, son union avec Sita, l'enlèvement de celle-ci par Ravana ou encore sa répudiation exigée par les sujets du royaume. Le poème évoque ensuite les descendants de Rama et s'achève par la montée sur le trône d'une reine qui assurera la régence jusqu'à la naissance de son fils.
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Touva est une république située en Russie, tout au sud de la Sibérie. Ce n'est que vers les années 1930, alors que la population touva est forcée de se rallier au communisme, que quelques collecteurs et chercheurs commencent à s'intéresser aux traditions de cette région longtemps oubliée. Outre la pratique du chant diphonique, ce sont les « épopées héroïques » - les maadyrlyg tool - qui témoignent au mieux de la singlarité de la culture touva. Bien plus que des histoires de héros transmises oralement de génération en génération, ces épopées ont une véritable fonction rituelle liées à la chasse. Par ses récits, le toolchu - le barde - est censé assurer la survie du groupe, en incitant les chasseurs à affûter leurs sens, et en adoucissant par son art la fille du Maître de la taïga qui intercédera auprès de son père pour rendre le gibier abondant.
De par sa nature dramatique, l'épopée héroïque constitue une formidable stratégie rituelle, sorte d'imploration augurant d'un possible succès de la chasse, seul garant d'une survie possible du groupe touva.
Parmi les épopées recueillies par les chercheurs au fil du temps, Khounan-Kara est l'une des plus populaires. Longue de plusieurs milliers de vers, parsemée de formules poétiques, elle parvient à cumuler tout ce qui est susceptible d'aiguiser les sens de l'auditeur : la croissance ultra-rapide du héros ; ses exploits prématurés face à des monstres que sa naissance surnaturelle inquiète ; l'appel de l'amour à l'endroit d'une promise établie dans une lointaine contrée ; son investiture en tant que maadyr - « preux » - ponctuée par l'octroi d'un nom, de vêtements, d'armes de guerre et d'une monture aux vertus étonnantes ; sa conquête du coeur de la promise ; ses longs combats contre un rival d'une rare puissance et les pouvoirs qu'il y déploie ; sa capacité de revêtir à volonté toutes sortes d'apparences ; les épreuves à la fois traditionnelles et herculéennes (lutte, tir à l'arc, chevauchées au bout du monde, etc.) qui le conduisent à accomplir l'impossible exigé par son futur beau-père ; la correction infligée au puissant ennemi de ses parents et, pour finir, le retour sur la terre des siens où, en compagnie de sa princesse et de son clan, il va couler des jours heureux.
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Un choix de plus de cent vingt poèmes populaires et hymnes plus classiques, suivi de vingt-huit timbres et partitions. La fête révolutionnaire de 1789 s'est faite en chantant... non seulement La Carmagnole, le Ça ira et La Marseillaise, mais aussi bon nombre de «vaudevilles», de chansons «poissardes», patriotiques, parfois contre-révolutionnaires - dont cette anthologie reflète l'extraordinaire foisonnement.
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Récit fondateur de la culture iranienne, épopée mythique et historique, le Livre des Rois (Shâhnâmeh) de Ferdowsi est unique par l'ampleur des événements qu'il décrit, par la puissance de l'imaginaire qu'il convoque, et par sa grande richesse cosmogonique, religieuse, morale et politique. Copié et enluminé de façon presque ininterrompue, il donna naissance à un corpus de plusieurs milliers de manuscrits et a` certaines des plus belles miniatures de l'histoire de l'art persan. Aujourd'hui encore, ses vers immortels hantent l'âme des Iraniens et leur font revivre les pages de leur histoire ancienne.
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Chants ouraliens : Chants, poèmes et prières de trois peuples ouraliens : Mordves, Vogoules et Ostyaks
Anonymes
- Gallimard
- 8 Juin 2006
- 9782070719792
«Les savants et linguistes venus de Hongrie, de Finlande puis d'Estonie, ont parcouru au XIX? siècle les plaines de la Volga, les contreforts de l'Oural et la Sibérie occidentale, dans des conditions difficiles, souvent au péril de leur santé, pour recueillir les preuves matérielles de l'existence de leurs peuples frères : la fin du siècle précédent venait de révéler, puis de confirmer l'existence des peuples ouraliens et finno-ougriens, jusque dans les terres reculées de la Sibérie - des peuples que les anciens avaient ici et là évoqués comme des énigmes, puis oubliés aux marches des terres connues. On a découvert alors des cultures riches, complexes, portées par des hommes simples, fiers chasseurs ou modestes paysans. Ces cultures ont traversé tant bien que mal des siècles de turbulences extrêmes, entre les vagues germaniques, turkmènes et russes, reculant ici, se rebellant là, mais préservant de grands pans de ce qui fait leur saveur unique. Lamartine et Victor Hugo ont exprimé en leur temps une admiration sincère devant la puissance des chants des Caréliens et des Finnois : dans la même veine que ces chants ancestraux, issus du même creuset, ce volume des Chants ouraliens livre au lecteur un complément précieux à sa connaissance des cultures humaines originales - c'est une moisson de chants, poèmes, complaintes, incantations et mythes de la «Yougrie», comme la nommèrent d'anciens géographes, un pays qui n'a sans doute jamais existé politiquement, mais dont la noblesse passée est attestée par la qualité, la puissance et l'originalité du trésor poétique et culturel de ses peuples, les Ouraliens. Gabriel Rebourcet.
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David de Sassoun : épopée en vers
Anonymes
- Gallimard
- Connaissance De L'orient
- 25 Mai 1989
- 9782070716456
L'épopée arménienne de David de Sassoun est populaire par son origine et par sa forme, mais elle présente toutes les qualités d'une oeuvre littéraire. Harmonieux mélange de mythologie, de merveilleux, d'esprit chevaleresque, de morale sociale et de respect du prochain, alliant la chanson de geste, le drame et la satire, elle reflète toute la vie du peuple arménien. Parvenue jusqu'à nous par la tradition orale, sans doute parce qu'elle avait été méprisée par les clercs depuis le V? siècle, elle a été arbitrairement considérée comme une production des environs du X? siècle. Mais les allusions faites par des écrivains du haut Moyen Âge à des traditions qui se retrouvent dans le premier chant nous permettent de penser que cette oeuvre est beaucoup plus ancienne et que sa composition aurait duré des siècles.
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« Walt Whitman aura été en fin de compte plus prolifique comme prosateur que comme poète. Soucieux de léguer à la postérité cet important volet de sa production littéraire, il supervisera l'édition définitive de ses textes en prose en 1892, l'année même de sa disparition. Il est donc clair que pour Whitman la frontière entre prose et poésie est ténue, ce qui correspond d'ailleurs à la position qu'il revendique:« l'heure est venue ( ... ) de briser les barrières formelles érigées entre prose et poésie.» Les textes retenus ici couvrent quatre décennies de la carrière littéraire de Walt Whitman. Ils donnent la mesure d'un pan négligé et pourtant primordial de sa production : la réflexion théorique. D'une constance à toute épreuve, il associe sans relâche l'évolution démocratique de son pays au développement de la littérature américaine, au sujet de laquelle il fera preuve jusqu'à sa mort d'une férocité volontiers polémique. Les textes proposés ici (réunis de son vivant par le poète dans Recueil et par son exécuteur testamentaire à titre posthume dans Manuel d'Amérique) brossent de façon saisissante et souvent déroutante le portrait d'un penseur inflexible qui s'est donné comme mission impossible d'imposer la poésie comme pierre angulaire de l'édifice social et politique de tout un pays.
À ce titre, pour créer une littérature qui puisse se présenter comme autochtone, il restait encore aux États-Unis, débarrassés du joug britannique, à se libérer de l'idiome hérité de l'ancien pouvoir colonial.
D'où, chez Whitman, l'imbrication si intime du linguistique et du politique.
C'est l'un des enjeux les plus évidents des textes de Whitman qui, le premier, mettra en oeuvre ce que, désormais, on pourra nommer 1'« américanité ».
E.A.
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Ce livre, Melancholia, inaugure une nouvelle collection chez Tinbad : « Tinbad-fiction ». Cela permet d'y mettre tous les textes qui sont inclassables : pas du roman, pas de la poésie (surtout pas ! tant le genre est cucul la praline) ;
Mais une prose entre les deux : ce qu'on appelait dans les années 70 du « texte ». Ce qui n'empêche pas ces textes de raconter une ou des histoires, comme dans le théâtre épique ancien, comme ici : « Deux jeunes gens sont confrontés à la guerre. Le soldat est fauché par une rafale dans un oued sec en Algérie ; dans l'ultime seconde de sa vie, il «parle» à sa fiancée restée en France. Celle-ci pressent un drame, elle écrit une lettre improbable à son amant : reproches et pleurs succèdent aux évocations du passé. À la sécheresse du bled algérien s'oppose la pluie dévastant le camping où réside la jeune femme en métropole. Elle devient eau dans toutes les eaux et ainsi «absorbe» son amant. La couleur violette de ses vêtements, d'un vêtement intime en particulier, symbolise sa solitude, ses rêves, sa melancholia.
Deux versions (plus une) s'exposent pour un théâtre pluriel. »
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Philosopher avec la littérature : Exercices de philosophie littéraire
Pierre Macherey
- Hermann
- 11 Avril 2013
- 9782705686833
« Philosopher avec la littérature, formule qui représente le mieux l'esprit de ma démarche actuelle, ce n'est surtout pas philosopher sur la littérature, en cherchant à plaquer sur elle des catégories préfabriquées qui en dénaturent le libre jeu en le canalisant, en en rabotant les aspérités à coups d'abstractions convenues en vue de le ramener dans l'ordre du bien connu. Ce n'est pas non plus chercher les bribes de philosophie susceptibles d'être extraites des oeuvres de littérature où elles subsisteraient au titre d'éléments rapportés. Mais c'est faire ce que j'avais proposé d'appeler, et je maintiens cette proposition, des exercices de philosophie littéraire : c'est-à-dire, sans prétendre élucider leur sens final, car de sens final, justement, elles n'en ont pas, aborder la lecture d'oeuvres dites, en partie par convention, de littérature en essayant de dégager de cette lecture une incitation à faire de la philosophie autrement, d'une manière qui ne se substitue pas à celle que pratiquent ordinairement les philosophes, qui sont eux-mêmes des écrivains d'un type singulier, mais qui l'accompagne, sans la compléter, en lui offrant de nouvelles orientations, de nouvelles manières de poser les problèmes traditionnels de la philosophie, à défaut de pouvoir en esquisser les solutions, pour autant que les problèmes soulevés par la philosophie soient destinés à être résolus. »
Cette réédition de l'essai de Pierre Macherey, paru en 1990 sous le titre À quoi pense la littérature ?, est l'occasion pour son auteur d'une mise au point. Dans sa Préface, il revient sur son parcours intellectuel et caractérise l'évolution de sa conception du rapport entre littérature et philosophie. -
Dans la plupart des récits qui composent l'oeuvre de Patrick Chamoiseau, la scène est la même : un narrateur étonnamment discret se met à l'écoute d'un autre, nettement plus âgé que lui, à qui il cède la parole. Jean-Louis Cornille y reconnaît la posture du fils.
Fils spirituel, Patrick Chamoiseau l'aura été de Glissant et des autres auteurs qui composent sa « sentimenthèque », sans oublier les vieux conteurs de l'île dont la voix se meurt. Fils de ses propres oeuvres, il est aussi lié à beaucoup d'autres paroles. De cet enchevêtrement d'innombrables citations se dégage pourtant une voix propre et souveraine. -
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La Josephina ; l'épopée de Saint Joseph
Iribarren Iribarren
- Belles Lettres
- Bibliotheque Scolastique
- 6 Décembre 2019
- 9782251450315
La Josephina est un poème de près de 3000 hexamètres composé par Jean Gerson, chancelier de l'Université de Paris, entre 1414 et 1417. Rédigée pour l'essentiel au concile de Constance, l'épopée narre l'histoire de la Sainte Famille depuis l'Annonciation jusqu'à la mort de Joseph dans le but de promouvoir le culte du mariage virginal de Joseph et Marie comme exemple de l'union mystique du Christ et de son Église.
Puisant pour l'essentiel dans le texte biblique, le poème comporte aussi de nombreuses réminiscences classiques qui insèrent l'oeuvre dans le contexte du débat franco-italien de la fin du XIVe siècle sur la valeur de la littérature profane. Véritable somme théologique, ses incises savantes nous livrent en outre des précieux renseignements sur la pensée doctrinale de Gerson. Première jamais faite de la Josephina, la présente traduction est richement annotée et comporte un commentaire approfondi où se lisent en filigrane les débats doctrinaux, littéraires et politiques d'une époque troublée, dans laquelle Gerson fut un acteur de premier plan.
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Ce livre, qui sort en même temps que Melancholia de Philippe Thireau, et d'ailleurs postfacé par celui-ci, alors que Gilbert Bourson préface, de façon croisée, Melancholia, ne peut pas rentrer dans notre nouvelle collection « fiction » dans le sens où il part d'un fait mythique :
L'Odyssée d'Ulysse à travers la Méditerranée et une terrible crise conjugale ; aussi nous l'avons classé dans le genre « chant », genre épique s'il en est.
« J'ai toujours été frappé par la charge érotique de l'Iliade. La bataille des mots entraîne souvent celle des images de nos joutes amoureuses. Le couple traverse cette guerre des sexes dont on nous parle souvent et que l'écriture met à jour. Elle ouvre le champ où les corps se rencontrent nus dans la scansion, dans le rythme du désir, s'infligeant la blessure de l'attente que vienne à son terme la petite mort. Mêlant les trois temps de la mythologie grecque (Aiôn, Chronos et Kairos), la joute érotique s'arme chair à chair, se fonçant dans la baie l'une l'autre, l'arme étant en même temps l'arme et le bouclier, le Kairos touffu et le sexe d'Aphrodite. » (Gilbert Bourson).
Philippe Thireau (potsfacier) : « Ce texte fulgurant, viol de tous les instants connus, vus, passés, à venir est construit dans le lit du Scamandre, dieu-fleuve, métaphore, ce peut-il, de la couche d'Hélène de Troie qu'Achille aurait saillie ? »
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Poème sur Louis le Pieux et épîtres au Roi Pépin
Ermold Le Noir
- Belles Lettres
- Classiques De L'humanisme
- 1 Janvier 1964
- 9782251340180
Le Poème en l'honneur de Louis le Pieux est une oeuvre où abondent des renseignements sur les personnages et leur rôles, sur les événements, les lieux, les moeurs, les dates. On ne sait rien des sources d'Ermold le Noir et il est impossible de dire de quelle façon il les a traitées, même s'il est certain qu'il a utilisé un livre d'annales comme support de son panégyrique. Ermold essaie d'y écrire en poète et chronique les actions les plus brillantes de Louis, en insufflant çà et là un souffle épique.
Les Épîtres à Pépin, rédigées en vers, présentent quant à elles un intérêt différent. Plus riches de renseignements sur l'auteur, elle jettent un jour assez curieux sur la place qu'il occupait avant son exil à la cour du roi comme poète et conseiller, sur les causes probables de son exil, sur le régime qui lui était appliqué dans sa prison, sur les intrigues auxquelles prêtait son nom dans l'entourage de son protecteur. Elles illustrent également un événement important du IXe siècle : l'installation de la poésie dans la vie des cours et la floraison des oeuvres de l'esprit parmi celles de la force.
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Le Livre enflammé : Fictions et poétique de l'autodafé
Nicolas Valazza
- Hermann
- Fictions Pensantes
- 25 Septembre 2024
- 9791037039408
Qu'est-ce que brûler un livre dans un livre ? Comme le montre la destruction de la bibliothèque de Don Quichotte, au début du roman de Cervantes, la fiction de l'autodafé est un paradoxe. La suppression fictive des romans de chevalerie y donne en effet naissance à une autre oeuvre, à une nouvelle quête pour le chevalier errant, se situant à l'origine du roman moderne. En examinant le thème de l'autodafé dans les oeuvres de Victor Hugo, d'Émile Zola, d'Arthur Rimbaud et des poètes d'avant-garde du début du xxe siècle, cet ouvrage en explore la dimension poétique, génératrice d'écriture. Le feu serait, en ce sens, moins un agent de destruction qu'un vecteur de création littéraire.
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Il est difficile d'envisager une oeuvre plus éclatée, plus ouverte, plus disparate, dans son contenu comme dans son expression, que Les Cantos d'Ezra Pound ; et pourtant cet ensemble est considéré comme le recueil poétique le plus important du XXe siècle. Rédigés entre 1915 et 1966, les poèmes qui le composent chantent l'épopée de « la tribu humaine », tout en acclimatant l'objectivisme et le concrétisme en poésie. Pour aider le lecteur français à s'orienter dans cette oeuvre immense, Jonathan Pollock replace Les Cantos dans le mouvement vorticiste. À la veille de la première guerre mondiale, cette avant-garde londonienne avait fait du tourbillon, ou Vortex, le principe central de son esthétique. De fait, si la réunion de tous les canti en un seul volume peut donner l'illusion d'une construction unifiée, en réalité aucune armature structurelle ne fait tenir Les Cantos : ils se maintiennent eux-mêmes à travers la dispersion de leurs éléments, à la manière d'un cyclone, en détruisant toute l'histoire de la poésie sur leur passage...
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Et si le secret de Madame Bovary se dissimulait derrière un simple calembour, une burlesque histoire de veau ? Le soupçon circule secrètement depuis une quarantaine d'années dans la critique, mais Alain Vaillant mène jusqu'à ses ultimes développements une enquête qui touche à la métaphysique insciente de Flaubert et qui révèle la vraie signification de son célèbre « comique qui ne fait pas rire ».
L'étude du rire flaubertien s'accompagne d'une méditation historique sur la passion du romantisme pour le comique ; esquissant par-delà le XIXe siècle une anthropologie générale du rire, elle convoque les plus grandes autorités intellectuelles, d'Aristote à Freud, mais trouve son meilleur emblème dans la « blague supérieure » de l'ermite de Croisset.
Entre les lignes, on y lira enfin un manuel pratique d'herméneutique littéraire, qui prend joyeusement à rebrousse-poil les gloses sérieuses des « pédagogues tristes » pour dresser l'éloge iconoclaste mais réfléchi de l'art du rire. -
Des articles rédigés pour l'Encyclopédie aux conseils adressés à Catherine II, en passant par les digressions, les anecdotes, les fables, les contes et les images soigneusement choisies, comme celle de Polyphème mangeant les compagnons d'Ulysse, Diderot a multiplié les modes d'intervention politique. On peut même considérer que sa pensée politique s'est élaborée dans et par ces formes, et qu'elle est indissociable d'une réflexion sur les conditions concrètes de la communication. Par conséquent, le reproche qui lui a souvent été adressé de ne pas avoir laissé de traité comparable au Contrat social de Rousseau repose sur un profond malentendu. A-t-on cherché à comprendre sa conception du rapport entre discours et société ? C'est précisément l'objet du présent volume, qui, en explorant à la fois la poétique de Diderot et ses thèses sur l'histoire des sociétés, la vie de la cité et le pouvoir légitime, exhibe la richesse d'une pensée politique non dogmatique.
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« Antinoüs fut le compagnon d'Ulysse.
Il ne connut pas l'île de Calypso, la nymphe aux beaux cheveux, qui souhaitait faire d'Ulysse son époux, non plus que Circé, la magicienne, fille du Soleil. Mais, il débarqua avec l'homme aux mille tours au pays des Lotophages, nommés ainsi car ils se nourrissaient de la fleur de Lotos. »
Marie Ferranti et Alain Di Meglio réinventent les mythes et explorent les marges de l'Odyssée. Entre conte et poème, ils bâtissent une miniature tragique, où se mêlent les voix d'autres amoureux d'Homère.